«J’ai 32 ans. J’ai foiré mes études quand j’étais au collège et étais assez dégoûté du monde scolaire.» Le tableau est campé. Loïc Boujol ne s’embarrasse guère de circonvolutions. Pas le genre de la maison. En dernière année de Bachelor en travail social à Genève, Loïc est un étudiant atypique. Il faut dire que ce féru de musique n’a jamais aimé le conformisme. «Explosion de caca», ça vous dit quelque chose? Franc-parler, énergie, «déconnade» à volonté, c’est ce qui a fait le succès du groupe le plus déjanté de Suisse romande, sa véritable marque de fabrique. Aujourd’hui, les ados devenus trentenaires reprennent du service pour le plus grand plaisir d’un public nostalgique. Gentiment provoquant, délicieusement régressif, un brin anarchiste, Loïc a conservé intact son potentiel de révolte. Amateur de second degré, il n’est pas avare de coups de gueule. L’institution scolaire en prend forcément pour son grade. La pique sociale n’est jamais loin, contre un système jugé par trop sclérosant.
Mais avec les premiers cheveux gris l’âge de raison a fini par venir. Le Genevois est bien résolu à finir son master dans le domaine social qu’il affectionne. Adepte du mystère, loic-b - le nom de son projet musical en solo - a toujours été attiré par les boîteux, les «cabossés» de la vie, les «fêlés» qu’on dit si heureux. Durant ses stages probatoires, il a ainsi côtoyé des êtres en rupture, confinés entre les quatre murs d’établissements sociaux. Son souvenir le plus marquant : l’encadrement de douze adolescents pendant deux mois et demi sur un bateau à voile, en pleine mer des Antilles. Mille sabords! Loïc ne se départira pas de si tôt de son costume de flibustier, et c’est tant mieux!