Un grand café, et la journée d’Emma Fuller démarre sur les chapeaux de roue. Dès le matin, c’est la danse qui donne le tempo. Plus qu’une passion, l’art noble est une philosophie de vie pour la jeune femme de 21 ans, étudiante à la Haute-Ecole d’Art et de Design de Genève. Danse et architecture, deux univers qui n’ont rien d’hermétique, mais qui au contraire s’enrichissent l’un l’autre. «J’amène mes connaissances du corps et du mouvement à mes projets architecturaux et mon rationnel architectural à ma danse.» Deux disciplines rigoureuses habitées d’une même quête: développer un langage, façonner une identité. Où quand l’art rejoint l’essentiel, précieux adjuvant à l’accomplissement humain.
La danse, c’est un formidable laboratoire de créativité pour la Genevoise avide d’exploration au quotidien qui compte sur son école pour exprimer sa voix architecturale. «J’aime les architectes qui cherchent à créer un mouvement différent dans l’espace, ceux qui questionnent et inventent de nouvelles façons de s’asseoir, de circuler, de vivre». Autrement dit ceux qui adoptent un ton personnel, peu soucieux du conformisme et de la bienséance.
Avec l’enthousiasme de ses vingt ans tout juste passés, l’artiste en herbe se lance corps et âme dans un projet qui lui tient à coeur: fédérer les petites compagnies de danse du bout du lac. «Le fait d’avoir un seul bâtiment phare créerait un environnement créatif et de partage pour tous les amateurs de danse.» Dans cette optique, chaque expérience nouvelle est une pierre à l’édifice. Emma la perfectionniste n’a donc pas hésité longtemps avant de traverser l’Atlantique pour un semestre d’échange Erasmus à la Rhode Island School of Design. L’objectif: s’imprégner d’une démarche conceptuelle inédite dans l’un des plus prestigieux instituts artistiques des USA. Avec cette fille-là, la Genève culturelle n’a pas fini de changer, on tient le pari.