Francesca, 51 ans, officie aujourd'hui en qualité de psychologue / psychothérapeute dans son propre cabinet à Lausanne. Mère de deux garçons (23 et 27 ans), elle s'est réorientée vers sa passion il y a de cela une dizaine d'années. Deux ans de gymnase du soir, quatre ans d'études de premier cycle, deux ans de deuxième cycle et six ans de spécialisation... C'est le parcours du combattant qui lui a permis d'exercer enfin le métier de ses rêves. Rencontre. Francesca, quelle était votre formation de base? Pourquoi avoir choisi de se réorienter? |
Déjà en tant qu'employée de commerce, j'aimais l'aspect relationnel et entretenais des relations privilégiées avec mes clients. La psychologie est devenue une passion en suivant des cours dans une institution de formation continue, puis à l'université en tant qu'auditrice libre. Cette petite graine s'est transformée en fleur lorsque je me suis inscrite comme étudiante régulière.
Les démarches d'inscription ont-elles été difficiles?
Non, tout s'est passé dans la continuité. J'ai commencé le gymnase du soir et le reste a suivi, malgré une conseillère aux études qui avait tenté de me décourager. Je savais que je voulais devenir psychothérapeute et ne me suis pas posé de questions.
Comment avez-vous géré votre temps et l'aspect financier?
J'ai eu la chance d'être soutenue par mon mari, financièrement mais aussi dans l'éducation des enfants. Etre maman et étudiante était un challenge. J'ai pu dédoubler le premier cycle d'études grâce à une demande spéciale. Malgré cet aménagement, je faisais mes « devoirs » entre 5 heures et 7 heures du matin.
Avez-vous constaté un fossé générationnel avec les autres étudiants?
Je me suis sentie intégrée, même s'il y avait évidemment des sujets que je n'abordais pas avec eux. J'essayais de séparer l'étudiante de la maman que je laissais à la maison.
Etait-ce laborieux de composer avec le rythme et le fonctionnement universitaires?
Tout s'est bien passé, même si je dois avouer que se mettre à lire régulièrement des textes académiques n'était au départ pas facile.
Le regard des autres vous a-t-il posé problème?
J'ai toujours été discrète, c'était mon jardin secret. Mon mari et mes enfants m'ont beaucoup soutenue. Pour les autres, je n'ai jamais insisté. Je faisais ces études pour moi.
Qu'est-ce qui a été le plus contraignant?
Les périodes d'examens. Il fallait anticiper pour minimiser les perturbations sur ma vie familiale. De manière générale, reprendre des études demande aussi des sacrifices. J'ai dû mettre de côté ma vie sociale.
Avez-vous pensé tout arrêter en cours de route?
Jamais, j'étais et suis toujours comblée! Je savais ce que je voulais faire.
Votre âge a-t-il représenté un avantage ou un inconvénient?
Je n'ai pas ressenti mon âge comme un obstacle. Par contre, j'ai pu puiser dans mon expérience de femme, d'épouse et de mère pour la pratique. Je pense que mes patients et moi le ressentons et que cela apporte une dimension autre que la simple théorie.
Votre meilleur souvenir d'étudiante?
La philosophie, une grande découverte! Ces études m'ont ouverte un monde. Je poursuis encore aujourd'hui des formations continues. Avec les études, il y a toujours cette possibilité d'évoluer.
Et le pire cauchemar?
Les statistiques!