De plus en plus d'adultes dans la force de l'âge se lancent dans une aventure académique. Reconversion, valorisation des acquis ou crise de la quarantaine?
etudiants.ch décrypte la tendance.
La population estudiantine de 40 ans et plus qui écume les campus universitaires se caractérise par sa diversité. Le profil le plus fascinant est sans doute celui de l'auditeur libre qui suit des cours... pour le plaisir! Pas de devoirs ou d'examens pour lui, contrairement aux étudiants seniors «traditionnels», lesquels appartiennent à deux catégories distinctes: d'une part ceux qui entreprennent un deuxième cycle d'études et de l'autre ceux qui débutent des études.
Les spécialisations universitaires ont la cote; en témoigne la floraison de formations continues soutenues financièrement par les employeurs. Cet essor prend sa source dans les évolutions technologiques et économiques de la société, mais aussi dans l'évolution des mentalités et des modes de vie. Le marché du travail actuel exige toujours plus de flexibilité et un sens aigu de l'adaptation, expliquant en partie le retour des quadragénaires sur les bancs de l'uni.
Le désir de réorientation compose un autre motif de choix. L'épanouissement personnel dans le travail est devenu un droit et une revendication. Le changement des mentalités ainsi que la réévaluation du statut de la femme conduisent également de nombreuses ex-mères au foyer à se lancer dans des études une fois leurs enfants suffisamment autonomes.
L'insatisfaction personnelle est ainsi l'un des premiers facteurs qui poussent les quadragénaires à reprendre des études. La possibilité de revendiquer de meilleures conditions salariales grâce à l'obtention de diplômes en est un autre.
S'il est marié, qui plus est avec une famille à charge, l'étudiant dans la force de l'âge doit faire preuve d'un sens organisationnel décuplé et disposer de ressources financières suffisantes. Adieu l'insouciance de la jeunesse!
Heureusement, les universités acceptent en général des aménagements du cursus sur demande spéciale (dédoublement sur 6 ans au lieu de 3 pour un bachelor). A l'image des Lettres, certaines facultés proposent en outre des aménagements des horaires de cours permettant de jongler avec une vie de famille ou un travail. Les spécialisations prévoient également de plus en plus l'exercice d'une activité professionnelle en marge du cursus.
Le financement compose donc l'obstacle le plus coriace. Bien que les étudiants dans la quarantaine soient éligibles aux bourses ou prêts d'Etat au même titre que les autres, le revenu du ménage s'avère souvent trop élevé pour donner accès à ces aides. Les offices d'orientation des différents cantons proposent cependant des listes de bourses privées qui peuvent composer des alternatives intéressantes. Il n'en demeure pas moins que la plupart des étudiants seniors sont tenus de recourir au soutien financier de leur conjoint ou d'exercer une activité en parallèle.
La socialisation compose un autre écueil inhérent à la reprise tardive des études. Un abîme se creuse entre le parent tenu de s'occuper de ses enfants après les cours et le jeune étudiant qui s'empresse de rejoindre le bar le plus proche. L'étudiant quadragénaire peut aussi rencontrer des difficultés à adopter un rythme de travail universitaire, ou encore à se faire traiter comme un apprenant au détriment de sa longue expérience professionnelle. La situation s'avère particulièrement épineuse lors de stages. Plusieurs étudiants témoignent de la difficulté à recevoir des ordres et conseils de la part de jeunes loups fraîchement diplômés.
Force est de constater que la reprise tardive des études s'accompagne de son lot de contraintes. Mais qu'il s'agisse d'une quête identitaire, d'un souci d'érudition ou d'un choix dicté par le contexte professionnel, cette démarche a le mérite d'élargir un champ des possibles qui a tendance à se réduire dangereusement une fois franchi le cap de la quarantaine...
Une étude réalisée en mars 2010 par l'Office Fédéral de la Statistique (OFS) recensait l'ensemble des effectifs estudiantins du degré tertiaire selon les classes d'âge.
Les effectifs universitaires s'élevaient à 126'940 étudiants pour l'année académique 2009-2010, avec un âge moyen situé à 25,9 ans.
Cette population comptait toutefois 6'819 étudiants âgés de 40 ans et plus (5'051 entre 40 et 49 ans, 1'342 entre 50 et 59 ans et 426 entre 60 ans et plus).
Sur ces 5'051 étudiants quadragénaires, 4'101 (soit plus de 80%) étaient inscrits dans le domaine des sciences humaines et sociales.
L'étude de l'OFS recensait pour la même période 69'676 étudiants inscrits dans les hautes écoles spécialisées, avec un âge moyen de 26,9 ans.
5'931 étudiants étaient au moins quadragénaires (4'846 entre 40 et 49 ans, 1'049 entre 50 et 59 ans et 36 entre 60 ans et plus).
Les domaines privilégiés par cette population étaient clairement l'économie et les services (1'839) et la formation des enseignants (1'622).