Directeur du Service des sports de l’UNIL et de l’EPFL depuis 1991 et directeur technique du LUC Volleyball, cet amoureux du sport a pour mission de former et d’enseigner le sport à la communauté universitaire.
Georges-André Carrel, constatez-vous une évolution du rapport au sport dans notre société?
Avec l’émergence de nouvelles disciplines liées aux attentes de la génération «fun» appelée également génération «glisse», on s’est dirigé dans les années «80» vers une activité sportive plus centrée sur l’individu et vécue de manière plus individuelle. Roller, snowboard, indoor cycling, escalade en salle, tai ji quan, vò-vietnam, ragga, pilates, danses tropicales font partie de ces nouvelles disciplines à succès. Le sport est vécu dans la recherche d’un meilleur équilibre de vie, d’une approche centrée sur la santé et le plaisir.
Les campus ont considérablement développé leurs infrastructures sportives. Cela découle-t-il d’une forte demande des étudiants?
Oui, le Centre sportif enregistre 330’000 entrées par année, ce qui signifie que 55% environ d’étudiantes et d’étudiants ont une pratique sportive régulière. Il a fallu trouver de nouveaux espaces de mouvement pour répondre à cette demande. Et comme les salles omnisports sont très occupées, les deux Hautes Ecoles ont donné leur accord à la construction d’un nouveau Centre de Sport et de Santé. La création d’un terrain en gazon synthétique, bénéficiant d’un éclairage, permet une utilisation plus intensive des activités extérieures, en particulier le football.
Pensez-vous que la population estudiantine consacre suffisamment de temps aux pratiques sportives?
Généralement oui puisque l’étudiant «sportif» vient deux à trois fois par semaine au Centre sportif. Il faut maintenant attirer les sédentaires qui sont hélas en augmentation. On privilégie aujourd’hui plus l’activité physique et le mouvement que le sport proprement dit.
Est-il aujourd’hui possible pour les étudiants destinés à une carrière sportive de concilier adéquatement sport de compétition et études?
C’est le parcours du combattant. Cela dépend du sport pratiqué et du type d’études. D’un individu à l’autre, cela change beaucoup.
A votre sens, les valeurs du sport trouvent-elles un écho dans les valeurs académiques?
Mais de quel sport parle-t-on? Le sport universitaire cherche à créer un environnement sain et sûr afin que l’activité physique puisse être vécue dans le plaisir, la passion, l’équilibre, le partage et le respect. Même nos Lausanne Université Clubs (LUC) qui proposent une pratique sportive plus orientée vers la compétition tiennent à ces valeurs. Donner un rôle au corps dans la formation de la personne devrait trouver un écho favorable dans le monde académique.
Quels sont les prochains défis du monde académique en matière de sport?
Le sport universitaire se dirige vers une pratique «intelligente» de l’activité physique, c’est-à-dire plus individualisée, adaptée, réfléchie, contrôlée et progressive. Le nouveau Centre sport et santé doit répondre à cette attente. Du côté académique, le développement de l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne (ISSUL) démontre bien l’importance que nos Autorités Universitaires accordent à une large réflexion sur le phénomène «Sport».