Année sabbatique, réorientation, case chômage, nos parcours de vie sont moins linéaires que par le passé. À l’heure où les trajectoires en zigzag se multiplient, comment valoriser un parcours atypique? Éléments de réponse en compagnie de Xavier Vasseur, conseiller en réinsertion professionnelle.
Les parcours en zigzag constituent-ils un atout pour intégrer le marché de l’emploi ?
Oui, si l’on sait tirer profit des compétences développées au cours des différentes expériences vécues. Prenons l’exemple d’un jeune qui changerait de filière d’études au cours de sa formation. Cela n’a rien de problématique en soi. Il convient alors de bien expliquer les motifs de sa réorientation. Lors d’un entretien d’embauche, l’étudiant pourra être amené à justifier ce changement de cap. Il devra alors mettre l’accent sur l’apport de cette réorientation sur le plan des compétences acquises.
Et une fois diplômé, multiplier les stages et les emplois de courte durée est-ce bien vu des recruteurs?
Directement après l’obtention du diplôme, effectuer différents stages ou emplois n’entrave en rien la vie professionnelle future, au contraire. Se chercher après l’université demeure tout à fait normal. Par contre, passé un délai de deux ans, multiplier les expériences professionnelles peut s’avérer contreproductif, les recruteurs ayant tendance à considérer les individus qui changent fréquemment de travail comme des girouettes.
Pourtant accumuler les expériences professionnelles permet d’acquérir de nouvelles compétences…
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Mais malheureusement, nous vivons dans une société qui valorise plus la spécialisation que la multiplicité des aptitudes et des profils. En règle générale, tout se joue entre 30 et 40 ans. Si l’on n’est pas cadre dans cette tranche d’âge, il y a peu de chance de le devenir un jour. Et, les parcours sinueux ne permettent souvent pas d’atteindre ce niveau hiérarchique en raison de changements fréquents d’emploi.
De plus en plus de jeunes diplômés passent par la case chômage, comment valoriser une telle expérience ?
Il est préférable de mentionner les activités réalisées durant cette période (stages, formations continues, diplômes de langues...) plutôt que d’écrire le mot « chômage » sur le CV. Lors de l’entretien d’embauche, il convient de ne pas passer sous silence cette phase. D’autant plus qu’à l’heure actuelle, il n’y a plus aucune raison d’avoir honte d’être sans emploi. Une personne sur quatre passera par là au moins une fois dans sa vie en Suisse.
Et comment valoriser un trou sur un CV ?
Rien ne sert de mentir en enjolivant la réalité. Mieux vaut combler «ce trou» à son avantage en y indiquant les expériences vécues et compétences développées. On n’est jamais inactif durant ces périodes donc autant les mettre en avant sur un CV, au lieu de tenter de les masquer. Rien n’est grave en soi, pas même une année sabbatique passée à la maison, si l’on sait en tirer profit.
Un dernier conseil à faire passer aux étudiants ?
Pour intégrer le monde professionnel, le réseau (famille, amis, professeurs, anciens patrons…) joue un rôle prépondérant. 80% des postes s’obtiennent par ce biais. Il convient donc de l’alimenter dès le début de ses études.
Les parcours de vie atypiques, Xavier Vasseur les connaît bien pour avoir lui-même une trajectoire professionnelle hors norme. Après une maturité scientifique, il suit une formation aux Beaux-Arts. Puis se lance dans une licence en sciences politiques à l’Université de Lausanne. À la fin de ses études, il obtient un poste à responsabilité chez Philip Morris avant de devenir chasseur de tête. Sur le plan professionnel, ce touche-à-tout a multiplié les casquettes : danseur, figurant pour le cinéma, graphiste, directeur artistique... Il est actuellement conseiller en réinsertion professionnelle et médiateur culturel au théâtre de Vidy.