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Joël Dicker, en toute modestie

«Mon succès? Rendez-vous dans vingt ans pour en parler!»

670 pages, autant dire un véritable pavé! À l’heure du zapping, rien ne prédestinait le dernier roman du Genevois Joël Dicker, «La vérité sur l’affaire Harry Quebert», à gravir les échelons du box office littéraire. Et pourtant prisé des lecteurs – plus de 600’000 exemplaires vendus – et encensé par la critique parisienne - Grand prix du roman de l’Académie française et prix Goncourt des lycéens -, le thriller à la sauce américaine a créé un véritable buzz autour de lui. Rencontre avec son auteur qui, malgré son succès, a su garder les pieds sur terre.

L’écriture, une vocation? Quand et pourquoi avez-vous décidé de prendre la plume?

L’écriture s’est imposée à moi peu à peu. Ce n’est pas une décision que j’ai prise du jour au lendemain. C’est une envie qui est devenue une passion, puis une nécessité au quotidien.

Selon vous, existe-t-il un moment propice à l’écriture?

Un moment de vie? Je n’en sais rien. Un moment dans la journée, en ce qui me concerne, le plus tôt possible le matin.

Quels sont vos petits rituels d’écriture?

Je mets toujours de la musique pour m’isoler et je place des images devant moi. Des illustrations qui n’ont d’ailleurs pas de lien avec mon sujet. Elles sont là pour m’inspirer. Ce sont des images qui m’évoquent quelque chose. Une fois que ce cadre est en place, je peux me plonger dans mon activité littéraire.

«La Vérité sur l’affaire Harry Quebert», s’ouvre sur l’angoisse de la page blanche. Avez-vous déjà subi ce sentiment? Si oui, comment avez-vous fait pour y remédier?

La peur de ne pas savoir quoi écrire? Oui, souvent. Tout le temps, même. Le sentiment que tout a déjà été dit  et écrit. L’impression que rien n’est bon. Mais peu à peu l’écriture prend le dessus. Il y a quelque chose de l’ordre de la pulsion, je crois.

D’où provient votre passion pour les Etats-Unis?

C’est un pays que je connais bien pour l’avoir beaucoup sillonné. À travers «La Vérité sur l’affaire Harry Quebert», j’ai voulu mettre à profit mes connaissances sur cette contrée (ndlr: l’action du roman se déroule dans le New Hampshire aux USA).

Se faire un nom dans le paysage littéraire, est-ce si difficile? Quelles sont les principales difficultés rencontrées par un jeune écrivain suisse?

De plus en plus de livres paraissent pour de moins en moins de lecteurs. Il n’est pas évident de trouver un éditeur et des lecteurs. Mais, ces difficultés sont valables pour les écrivains de toutes nationalités, les Suisses ne sont pas plus touchés que les autres.

Comment gérez-vous votre succès actuel?

Bien. J’ai travaillé très dur pour y arriver et je réalise à présent que tout est encore à faire. Le succès est très éphémère. Rendez-vous dans vingt ans pour savoir si j’ai su correctement le gérer! (Rires)

Quels conseils donneriez-vous à un étudiant désireux de se lancer dans la carrière littéraire?

Ayez un bon plan de secours (rires)! Plus sérieusement, vivre uniquement de l’écriture n’est pas si facile que cela.

Des projets de roman? Si oui, pouvez-vous nous en dire plus?

Je commence un nouveau projet. Mais pour le moment c'est trop vague pour en parler. En fait, je crois que tant qu'un livre n'est pas terminé, il vaut mieux ne pas l’évoquer.


Bio express

Issu d’une famille franco-russe, Joël Dicker est né à Genève le 16 juin 1985. Il effectue sa scolarité dans la cité du bout du lac avant d’entreprendre des études au Cours Florent de Paris. Mais après plusieurs mois de formation, le jeune homme jette l’éponge pour étudier le droit à l’Université de Genève. Son diplôme en poche, il se lance dans l’écriture. Outre «La Vérité sur l’affaire Harry Quebert», l’écrivain compte deux autres ouvrages à son actif: «Le Tigre» et «Les derniers jours de nos pères».