Styliste et responsable du service culturel Migros Vaud, Nicole Mottet est mère de trois enfants. En 2011, à l'approche de la cinquantaine, elle décide de reprendre des études à l’université en gestion culturelle.
Qu'est-ce qui vous a motivée à retourner sur les bancs d’école?
L'envie de quitter le job que j'occupais. Le besoin de «valider» mes connaissances par une formation officielle et d’enrichir, aux moyens de notions théoriques, mon savoir empirique et intuitif acquis avec l'expérience.
Comment s'est déroulée votre première journée de cours?
Le premier jour, chacun observe son voisin en se posant les questions suivantes: quel est son parcours, quel âge a-t-il, qu'est-ce qu'il fait ici? Mais ces interrogations sont vite balayées. Petit à petit, la classe a appris à se connaître et l’ambiance est très vite devenue conviviale.
Globalement, j’ai eu beaucoup de plaisir à me retrouver sur les bancs d'école. Je savais que je le faisais pour moi, sans finalité connue. J’ai éprouvé un sentiment de curiosité mélangé à de la crainte: je me demandais sans cesse si j’en étais vraiment capable.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées lorsqu'on reprend des études sur le tard?
J’ai connu des difficultés d’organisation. Entre les cours, le travail universitaire à effectuer d'une semaine à l'autre, les lectures, mon activité professionnelle, ma famille et mes loisirs, j’avais un rythme de vie à 100 à l’heure!
J’ai aussi rencontré des problèmes de mémorisation et de concentration: l'âge et le manque de pratique ne favorisent pas ces compétences. Enfin, la plus grande difficulté a été de trouver du temps pour rédiger le travail de fin d'études (entre 60 et 70 pages). Tant que les cours sont planifiés, on est obligé de s'en tenir à notre organisation. Une fois que les cours sont terminés, on est enfin un peu moins stressé, et, du coup, il est difficile de trouver des plages pour la rédaction du mémoire. D'autant plus qu'il s'agit d'un travail de réflexion, que je ne pouvais pas, en ce qui me concerne, caser à coup d'une heure par-ci, un moment par-là, entre deux autres activités.
L'intégration avec des étudiants plus jeunes s'est-elle faite aisément? N'avez-vous pas ressenti un décalage intergénérationnel?
J'étais la plus âgée du cours, mais je ne l'ai pas du tout ressenti comme une gêne (25 ans de différence avec les plus jeunes). Il faut dire que, comme il s’agit d’une formation post-grade, tous les étudiants étaient déjà au bénéfice d’une première formation et d’une expérience du terrain. Ils étaient donc plus âgés que les jeunes qui commencent l’université.
Comment avez-vous appréhendé les contacts avec les professeurs? Etaient-ils aisés?
Certains professeurs sont distants. Il n’est donc pas facile de les aborder. Mais la plupart sont très sympathiques et enthousiastes. Comme nous étions tous des professionnels de la culture, les enseignants étaient plutôt ouverts et intéressés par nos expériences respectives.
Habitant Martigny (VS), Nicole Mottet a déjà revêtu les plus grands. A son palmarès, la styliste compte le patineur, Stéphane Lambiel. C’est dans son habit de lumière, une armure représentant le roi Arthur, que le sportif remporte la coupe du monde de patinage en 2005. Crée en moins de trois semaines grâce aux doigts expertes de la Valaisanne, l’étoffe a fait fureur et pas qu’auprès des têtes couronnées. Nombreuses sont les clientes de son atelier de couture qui apprécient d’être vêtues comme des princesses. En matière de costumes, Nicole Mottet n’est pas à son premier coup d’essai puisqu’elle est tombée dans la marmite à l’âge de 20 ans déjà. A la base de sa passion pour les tissus? Un séjour à Paris et une rencontre avec un créateur de vêtements russe pour le théâtre.