Moritz Leuenberger

transports, communication & formation: découvre les réponses du Président de la Confédération

Malgré un agenda très chargé - année présidentielle et actualité obligent - Moritz Leuenberger a accordé un précieux moment à etudiants.ch. Depuis son élection au Conseil fédéral (septembre 1995), il est en charge du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC): c'est sur ces thèmes que nous avons souhaiter le questionner.

Dans l'un de vos discours, vous affirmez «que la politique des transports fait partie de notre politique de société». A l'heure actuelle, la mobilité fait aussi partie de la politique de formation. Pensez-vous que les moyens de transport mis à disposition des étudiants peuvent être améliorés en terme d'offre et surtout de coûts?
Les infrastructures des transports nous permettent de garantir la cohésion entre les régions et les citoyens. En Suisse, nous avons une offre de transports publics exceptionnelle. Pensez à la mise en oeuvre de rail 2000. Un nouveau pas important vient d'être franchi avec le fonds d'infrastructure, que le parlement vient d'accepter. Il permettra de financer de nouveaux projets importants comme le M2 à Lausanne ou la liaison Cornavin-Annemasse à Genève. Toute notre politique des transports est en outre orientée vers le transfert de la route au rail pour des motifs environnementaux. Il est clair cependant que cette politique coûte quelque chose à la Confédération. Les entreprises de transports doivent de leur côté attirer les clients par des politiques de prix adéquates. Je suis persuadé qu'elles sont conscientes de l'importance de la clientèle estudiantine.

Depuis plusieurs années, le débat sur l'enseignement de la deuxième langue nationale revient régulièrement à la une des médias. De plus en plus de formations dans les hautes écoles sont dispensées en anglais - la maîtrise de cette langue est une condition sine qua non auprès de plus en plus d'employeurs. Pensez-vous que ce débat peut nuire à la qualité de la formation en Suisse?
L'apprentissage des langues est essentiel. C'est par la langue que l'on peut entrer dans la culture, le mode d pensée d'une communauté différente de la sienne. Notre pays est constitué de diverses cultures. Si nous voulons maintenir la cohésion et le dialogue, alors on ne peut pas renoncer à l'apprentissage des langues nationales. Ceci ne veut pas dire que d'autres langues ne peuvent pas être apprises. Je suis pour cet apprentissage, le plus tôt possible, mais pas au détriment des langues nationales.

Notre pays figure parmi les nations les plus en avance en terme d'accès aux nouvelles technologies de l'information. La Confédération a-t-elle des projets pour permettre lui de se maintenir dans le peloton de tête ? y en a-t-il au niveau des hautes écoles ?
Nous venons d'inscrire la connexion à haut débit à l'internet dans le service public. Avec cette mesure, nous voulons assurer l'accès aux nouvelles technologies tant dans les périphéries que dans les centres. En garantissant l'infrastructure de base, nous permettons à toutes les régions et à tous les secteurs de profiter de ces technologies.
Cela vaut bien sûr pour la formation et pas seulement pour les hautes écoles. Ceci doit être complété par les mesures d'encouragement à la formation que prodiguent les cantons et bien sûr la Confédération.

A travers notre maîtrise des technologies de l'information, notre pays peut-il contribuer à la diminution de la fracture avec les pays en voie de développement?
Notre pays s'y engage fortement. Il s'agit d'une question internationale. C'est pourquoi la Suisse a co-organisé le sommet mondial sur la société de l'information qui s'est tenu à Genève et Tunis. Nous avons mis notre savoir et nos experts à disposition de la Communauté internationale afin de faire avancer cette question. Nous sommes cependant au début d'un processus et nous devrons continuer dans ce sens. L'accès à ces technologies est cependant essentiel au développement d'un pays, notamment dans le domaine de la formation.

Contrairement à ses voisins européens, la Suisse n'a pas son ministre de l'éducation/de la formation. A votre avis la création d'un tel département est-elle une nécessité à l'heure actuelle?
Il faut réunir la recherche et la formation sous un même toit, c'est un consensus ! Comme vous le savez, le Conseil fédéral m'a chargé de faire une proposition dans ce sens. Je pourrai donc dire sous quelle forme cette réunion doit avoir lieu lorsque nous aurons terminé nos travaux et que le Conseil fédéral aura pris sa décision.

En guise de conclusion, quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes qui recommencent ces jours leurs cours?
Ne pensez pas seulement à votre future profession, à votre salaire, à votre carrière mais profitez de vos études! N'hésitez pas à suivre des cours dans d'autres matières et remettez toujours tout en question. Continuez à aiguiser ainsi votre esprit critique !

Biographie express du Président de la Confédération
Moritz Leuenberger est né le 21 septembre 1946 à Bienne. Il étudie le droit à Zurich, puis devient avocat indépendant jusqu'en 1991. De 1972 à 1980, il est président du Parti socialiste de la Ville de Zurich ainsi que membre du parlement municipal de 1974 à 1983. En 1979, il est élu au Conseil national. Entre 1991 et 1995, il est nommé conseiller d'Etat du canton de Zurich. Depuis son élection au Conseil fédéral le 27 septembre 1995, il dirige le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC). Après avoir été une première fois président de la Confédération en 2001, il assume à nouveau cette  fonction jusqu'à la fin de cette année. La politique de transfert du trafic, pour laquelle il a été nommé en 2001 docteur honoris causa de l'Université d'Udine, représente un des axes prioritaires de sa politique. Il a su imposer un des objectifs de cette politique, à savoir le transfert sur le rail du trafic lourd en transit, dans l'accord sur les transports terrestres avec l'UE et dans plusieurs votations populaires. Quant à la redevance sur les poids lourds, elle contribue aujourd'hui au financement des tunnels ferroviaires de base du Gothard et du Lötschberg.