Comme chaque matin je cours plonger dans le lit de mes parents. Les draps encore tièdes m'entourent, se collent à ma peau et, petit à petit, yeux fermés, je m'ensevelis dans la retraite.
Mon nez enfoncé dans l'oreiller de papa…et voilà, le debut de mon rituel. Je raffole du parfum de mon père; cette odeur pénétrante d'un homme qui a dormi, sué, enfin aimé la nuit tout entière me bouleverse depuis que je suis gamine. Et je me demande où les odeurs peuvent-elles nous amener???
En transe, je frotte mes pieds contre le matelas, et m'abandonne aux ébats de mon corps, mes pensées flottent, ainsi je demeure en extase. Soudain, je sens quelque chose au fond du lit, je descends à s recherche. Entre mes mains je découvre une jolie petite nuisette… je n'aurais jamais imaginé que ma mère avait des choses pareilles!!! Je me précipite au-devant du miroir, en me débarrassant de mon pyjama. Dans la glace l'image me fait penser aux vieux magazines que le père de Brigitte, ma meilleure copine et confidente, gardait sous clef dans sa cachette, dont l'interdiction n'était qu'un appel à combler nos envies d'aller toujours au-delà des limites.
Envahie par une drôle de sensation, mélange de pudeur et de libido, je me mets dans cet insistant tissu. ...et c'est là que tous les rouges de la planète viennent teinter mon visage. Telle la réincarnation de Marilyn Monroe, je me livre à mes désirs d'ado, en imitant le grand mythe sexuel de notre ère. Je pose devant la caméra imaginaire, en me rendant compte que mes formes ne sont pas loin du canon féminin; la délicatesse de traits de mon corps, la douceur de ma peau et la taille de mes seins me font en définitive comprendre pourquoi mes copains d'école me regardaient de moins au moins droit dans les yeux.
Prise dans mes délires, je me rappelle d'un ancien rêve, où je me voyais encerclée par une centaine d'hommes aux regards avides, dans un endroit sombre. Je sentais leur admiration ce qui me provoquait l'impression de toute-puissance et de gaieté extrême. Je me jetais dans la foule lascive pour danser avec chacun d'entre eux, et à mon grand plaisir, ils se battaient pour m'avoir. Au réveil, je m'interrogeais sur la provenance de ce rêve bizarre. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais mon entre-jambe complètement trempé. Maintenant je réalise que cela a été ma première approche de l'empire des sens.
A l'extérieur, j'entends quelqu'un hurler mon nom… Mince, j'ai oublié Brigitte!!! Nous devons organiser notre anniversaire, dans sept jours nous fêtons nos quinze ans.