Bizutage sur le campus

rite de passage obligatoire pour devenir étudiant: le bizutage, légende urbaine ou réalité tragique? enquête exclusive

A peine un mois après la nouvelle d'un bizutage atrocement mutilant dans l'armée russe, etudiants.ch est allé enquêter pour savoir si le bizutage (amusant ou carrément dégradant) a bel et bien déserté les campus, voire même ne fait plus partie des rumeurs hantant notre inconscient estudiantin.

Le petit doute qui court qui court
Quelques jours viennent déjà de s'écouler sur le campus pour toi, petit étudiant de première année, et personne ne t'a encore demandé de balancer des oeufs pourris sur les vendeuses de la cafet', personne encore ne t'a forcé (en signe de bienvenue) à te mettre un lange entre les jambes et à défiler dans les rues tard le soir après les cours. Et toi, étudiant expérimenté, qui lis ces lignes, tu dois bien rire en te demandant bien de quoi on parle, là. Que les uns se rassurent, le bizutage semble définitivement être un rite de passage, qui n'est plus qu'un petit souvenir humiliant abandonné bien au fond d'un tiroir à souvenirs, celui de la cousine Chantal qui a fait médecine à Marseille en 1982.

Merci aux films hollywoodiens
Tu te rappelles sans doute de ces bons films d'ados américains qui font penser que notre monde est comme le leur, et que forcément ici aussi tu devras braver les pires humiliations (sexuelles) pour prouver que tu es un homme, un vrai (ou une femme, ça marche aussi) afin de faire partie des élus et entrer dans le cercle très fermé de la société d'étudiants Alpha ou Beta sans laquelle tu ne serais rien. Il semble que le phénomène ne s'étende cependant pas qu'aux States, puisqu'en Belgique, par exemple, le bizutage (et pas des moindres) semble bien ne pas être une blague, pouvant parfois amener chez la victime des séquelles psychologiques graves. Pour faire dans l'ironie grasse, disons que là-bas, le bizutage est aux études ce que les moules-frites sont aux restos.

Et la Suisse alors?
Les campus Suisses semblent désertés de toute violence de ce genre, et tout étudiant interrogé à ce sujet de dire: «Hein quoi?? ». Pas de bizutage à la fac de médecine, pas d'humiliations gratuites, mais de simples beuveries conviviales, où si tu vomis tu seras le seul responsable ! Les associations d'étudiants pratiquent souvent ce qu'on appelle «le charriage», sorte de petite épreuve rigolote lors de laquelle les nouveaux membres doivent par exemple acheter des objets (des bouteilles) et jouer des petits sketchs, de quoi simplement pimenter la vie universitaire ! Si tu te dis «Et moi alors?», il ne te reste plus qu'à adhérer à une société d'étudiants, ou si tu veux vivre (puis faire vivre) quelque chose qui ressemble à un vrai bizutage en bonne et due forme, il ne te reste plus qu'à t'inscrire à l'HES-SO de Lausanne, dans laquelle le bizutage des étudiants en physiothérapie existe bel et bien. Ce genre de bizutage fait office de journée d'intégration, il permet de se faire des amis et de recycler le « pipi-caca » de notre enfance, parce que même si on vise un diplôme universitaire, qu'est-ce qu'on aime rester immature, ça fait du bien (sauf pour le bizuté, mais qu'il se rassure, un jour il sera à son tour le « gentil » bourreau plein d'imagination).

Et alors c'est tout?
On peut dire que le bizutage n'est pas un mythe, mais plutôt que les étudiants s'en fichent un peu parce qu'ils ont trouvé un autre moyen de s'amuser, d'assouvir leurs désirs sadomaso et leurs frustrations. Tout ce qui porte atteinte à l'intégrité est interdit, ça n'a pourtant pas l'air de faire peur à certains qui pas loin de chez nous, derrière la barrière du rösti-graben se prennent pour le roi Arthur. Cette histoire n'est pas une légende et elle est bien de celle à nous faire froid jusqu'en bas du dos. Des sociétés d'étudiants très fermées pratiquent dans la plus grande intimité le combat à l'épée, petit jeu qui ne s'arrête que lorsque le sang se met à couler. Pas de quoi avoir peur de faire des études, le bizutage surprise et à l'encontre de la volonté semble, lui, bien mort.