Konrad Osterwalder, le recteur de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, reçoit etudiants.ch dans ses bureaux. Morceaux choisis d'une belle discussion
Comment se porte votre école?
L'ETH va très bien. Elle surfe sur une vague de succès qui a encore été amplifiée par les festivités de son 150ème anniversaire. En se plaçant régulièrement dans les premiers des différents rankings, notre renommée internationale nous permet d'engager des professeurs de grande qualité et ainsi de garantir une excellente formation. A ce jour, nous accueillons des étudiants de plus de 50 nationalités différentes.
Quelle est la position stratégique de l'ETH par rapport aux autres universités suisses?
Nous sommes une université technique et de sciences physiques et naturelles. Avec l'EPFL, nous occupons un rôle spécial dans le paysage universitaire et les comparaisons sont difficiles. Une grande différence réside probablement par le rayonnement international et par l'internationalité de notre établissement. Nous sommes en concurrence avec de nombreuses universités étrangères telles que le MIT, UC Berkeley ou Standford par exemple, notamment dans le cadre de l'embauche des meilleurs chercheurs. Et cet aspect est fondamental dans cette guerre des talents. Et dans un futur proche, nous n'allons pas seulement démarcher les meilleurs chercheurs, mais aussi les meilleurs étudiants.
Et quelles sont vos forces et vos faiblesses?
Lors du recrutement de nos professeurs, nous pouvons faire valoir un environnement de recherche de niveau international ainsi qu'une infrastructure de pointe: équipement, informatique, locaux, tout ce qu'il faut pour créer des unités de recherche performantes. En plus d'être performants dans leurs domaines respectifs, nos chercheurs s'avèrent de bons enseignants. Ils attirent ainsi les meilleurs étudiants. Ce qui explique aussi que plus de 50% de nos doctorants sont étrangers ! Une proportion que nous souhaitons également atteindre pour nos masters. L'emplacement de notre école au coeur de la ville de Zürich doit aussi être prise en compte. Dans les rankings mondiaux, elle est souvent citée parmi les meilleures villes. Un des points faibles est que l'ETH ne dispose pas de véritable campus comme les universités américaines. Un tel concept ne verra probablement jamais le jour, car notre établissement est partagé sur 2 sites (Rämistrasse & Hönggerberg). Nous avons cependant une fondation pour les habitations des étudiants ainsi qu'une commission pour l'habitat. Nous travaillons actuellement sur le projet de la Science City qui nous rapprochera du concept Campus.
Et à terme, quels sont vos projets?
La réforme de Bologne est encore un très grand projet qui a modifié notre enseignement de façon considérable. Nous avons remodelé toutes nos filières et dans un futur proche de nouvelles filières verront le jour. Le processusde Bologne est un exercice important qui nécessite une grandevolonté de coopération et une ouverture de la part des professeurs ainsi que des étudiants. Notre prochain challenge s'appelle «ETH 2020», une grande réflexion pour donner des objectifs clairs à l'ETH. Mais pour le moment, nous n'en sommes qu'au premier stade et il est prématuré de vouloir en dire plus. Comme nous l'avons déjà mentionné, nous planifions d'édifier une «ScienceCity» avec une infrastructure interactive: Imaging Center, Information Science Building, Life Science plateforme. Quant à la City Infrastructure: il est prévu de construire un complexe d'habitation pour 1000 étudiants, avec un centre sportif, un centre d'apprentissage et de rencontre avec le public, ainsi que des Corporate Embassies.
Quelle est votre opinion face à l'importance de plus en plus grande du privé dans le financement de l'enseignement?
Outre la recherche, l'enseignement reste la préoccupation principale. En comparant ces deux domaines, nous pouvons constater que dans l'enseignement, les collaborations avec l'économie restent plutôt modestes, mais, dans un futur proche, elles vont nettement augmenter. Ceci est évidemment lié à la nature de l'enseignement: elle ne peut pas dépendre des fluctuations de l'économie et doit pouvoir fonctionner à long terme. La formation continue par contre, est beaucoup plus ciblée et permet de nombreux contacts avec l'économie, comme par exemple durant les études de Bachelor et Master comme : stages dans l'industrie, encadrement externe pour les travaux de Bachelor et Master et le programme d'échange Unitech (qui est financé par l'industrie). Il y aura dans le futur certes une participation de plus en plus intense de la part de l'économie, surtout en ce qui concerne l'enseignement et les bourses d'études. Cela nous oblige à entretenir de bonnes connexions et à établir des stratégies de marketing vis-à-vis du secteur privé.
On trouve de plus en plus d'offres d'études approfondies: est-ce que l'on peut s'attendre à ce que cette situation implique une plus grande collaboration avec les établissements environnants?
En ce qui concerne la formation continue, l'ETH travaille déjà depuis longtemps avec les autres écoles. Il estévident que cette collaboration va augmenter dans le futur. Les initiatives pour une collaboration viennent souvent des filières spécialisées.
Les HES justement, parlons-en. Quelles collaborations entretenezvous avec les HES voisines ? Des projets de collaboration sont-ils à l'ordre du jour?
Il y a une longue tradition animée de collaboration entre les professeurs, par exemple dans l'encadrement de travaux de diplôme; de nombreux comités de réflexions regroupent les Hautes Ecoles et les Hautes Ecoles spécialisées. Nous accueillons aussi sous conditions des étudiants de HES dans certains programmes Master. Nous avons mis sur pied de nombreux contrats de collaboration avec la HES. Parmi ceux-ci, le meilleur exemple reste celui de la formation des enseignants. Avec la Haute école pédagogique et l'Université de Zürich, nous avons monté un institut commun.
Mais alors, peut-on s'attendre à ce que certaines filières changent de mains entre l'ETH et les HES?
Tout dépend de l'évolution des domaines scientifiques. En comparaison avec notre école, les HES ont nettement moins de moyens pour faire de la recherche. Certains domaines ont été repris par les Hautes Ecoles spécialisées. Que des filières entières soient reprises par les HES est plutôt improbable.
Qu'avez-vous à dire aux étudiants qui n'ont pas choisi votre établissement? |