A tout juste 20 ans, Emilie Perroud, a réussi à se faire un nom dans le paysage littéraire. L’écrivaine compte à son actif trois romans dont le petit dernier, «Le Gardien des rêves», vient de paraître aux éditions Sitelle. Son genre de prédilection? L’Heroic Fantasy. Rencontre avec cette étudiante en droit, un brin rêveuse, mais les pieds sur terre.
La plume, une vocation? Quand et pourquoi as-tu décidé d’écrire?
Je ne crois pas avoir «décidé» d’écrire. J’ai commencé très jeune à rédiger de brefs textes et des poèmes. L’écriture réunissait mon plaisir du langage et la liberté de l’imagination. Sans même penser créer un jour un livre, j’ai continué à écrire, jusqu’à ce que cette activité prenne une ampleur différente avec mon premier roman, «L’Île oubliée», que j’ai publié lorsque j’avais treize ans.
Entre tes études de droit et ta passion pour le sport, comment trouves-tu le temps d’écrire?
J’ai des intérêts très variés et pouvoir m’y adonner est essentiel pour nourrir l’imagination qu’exige l’écriture. Concilier mes différentes passions n’est néanmoins pas aisé: je dispose de peu de temps pour écrire, bien que j’essaie d’avoir la discipline de le faire régulièrement.
Selon toi, existe-t-il un moment propice à l’écriture?
J’écris le plus souvent le soir ou la nuit, car les heures calmes me permettent de me concentrer tout entière sur ce que je crée. J’aime ces moments où les autres dorment et où il me semble qu’un monde s’éveille pour moi sous ma plume.
Quels sont tes petits rituels d’écriture?
Écouter de la musique lorsque j’écris me permet de m’abstraire plus facilement de ce qui m’entoure. J’ai longtemps rédigé uniquement à la main, dans de petits carnets. J’écris aujourd’hui également sur l’ordinateur, mais j’aime encore avoir une feuille de brouillon où je peux noter les idées avant qu’elles ne m’échappent.
Connais-tu l’angoisse de la page blanche. Si oui, quelles sont tes astuces pour y remédier?
L’écriture est avant tout pour moi un plaisir, c’est pourquoi je ne la pratique en principe que lorsque j’en ai envie. Dans ces conditions, je ne souffre en principe pas tellement de l’angoisse de la page blanche! Je crois qu’une activité créatrice comme l’écriture nécessite de ne pas se forcer et qu’il faut accepter que certains soirs on ne rédige que quelques lignes.
D’où tires-tu ta source d’inspiration?
Au travers de mes romans, je cristallise beaucoup de choses qui m’interpellent: des idées rencontrées dans les livres ou les films qui me plaisent, des gens croisés au travers de l’une ou l’autre de mes activités, les valeurs qui me tiennent à cœur.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées par un jeune écrivain?
Le marché de l’édition est restreint en Suisse romande, surtout pour des romans de «Fantasy» tels que les miens. Il y a également une certaine méfiance envers les «très jeunes» auteurs. Se tourner vers la France n’est pas aisé non plus, car les grands éditeurs de l’Hexagone reçoivent énormément de manuscrits et en publient très peu. Réussir à être publié est donc un parcours semé d’embûches pour un écrivain encore inconnu. C’est pourquoi j’ai choisi de publier moi-même mes romans, ce qui n’a cependant été possible que grâce au soutien de mes proches et surtout de mes parents. Tous les jeunes auteurs n’ont pas la chance d’avoir un entourage si présent.
As-tu un projet de livre? Si oui, peux-tu nous en dire plus?
Je rédige actuellement une nouvelle histoire. Elle diffère de ce que j’ai écrit jusque-là, puisqu’elle se situe plutôt dans le domaine du roman d’anticipation que dans celui de la «Fantasy». Ce sera un texte plus travaillé que ceux publiés précédemment, moins instinctif. J’ai la chance d’avoir commencé à écrire très jeune et de pouvoir partager avec des lecteurs mes évolutions en tant qu’écrivaine.
As-tu envie de faire de l’écriture ton métier? Pourquoi?
Je ne souhaite pas vivre de l’écriture, parce que cela implique une obligation d’écrire qui contrarierait la liberté que cette activité m’apporte. De plus, je pense sincèrement être incapable d’écrire sans l’ouverture d’esprit que m’apporte une vie professionnelle différente: les histoires que je crée naissent comme des fleurs sauvages, d’un mélange naturel de ce que je vis, j’entends, je rêve. Je ne pourrais pas en faire le jardin policé, prêt à s’épanouir sur commande, qu’exige le métier d’écrivain.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui veut se lancer dans l’écriture?
Je lui conseillerais d’écrire comme il en a envie, de ne pas se décourager s’il ne va pas au bout d’un récit ou si son style ne lui paraît pas abouti. Je crois que l’écriture doit être avant tout une passion et un plaisir et que c’est en la pratiquant que l’on progresse. J’apprends encore moi-même quel auteur je souhaite être et comment le devenir.
MB