Dans notre société de l'immédiateté, accéder rapidement au marché du travail est-il devenu le principal enjeu des étudiants? On évoque beaucoup l'arrivée de la «génération Y», plus impatiente et individualiste, baignant dans la technologie. Le ressentez-vous chez vos étudiants? |
Le bain dans la technologie n'est effectivement pas garant de l'autonomie, le fait de disposer de réponses immédiates et en ligne n'apporte pas forcément un surcroit de curiosité ou le goût de l'effort. Cependant, les évolutions intervenues ces 20 dernières années changent la relation classique entre le professeur et l'élève. L'étudiant est appelé à participer à la construction de son propre savoir, particulièrement dans des filières de formation orientées vers l'application comme celles des HES. Même si les attentes se font plus immédiates, la qualité de la relation entre nos professeurs et nos étudiants demeure garante de la qualité de nos diplômés.
En poste depuis près d'une décennie, quelles sont les évolutions qui vous ont marqué?
Les Hautes Ecoles spécialisées ont vécu 10 années de changement, de réformes et de croissance. C'est bien l'élargissement continuel du champ d'action rendu complexe par la réforme de Bologne qui m'ont marqué mais de manière tout à fait positive et motivante. Loin de la routine, la direction d'une haute école s'apparente encore au développement d'une entreprise dotée, bien sûr, de contraintes particulières. D'un autre côté, les contraintes administratives liées à la gouvernance croisée des HES par les cantons et la Confédération, les pressions poussant au regroupement de nos hautes écoles dans les régions ou à la fermeture de filières considérées comme sous-critiques ni figureront pas parmi mes souvenirs préférés. Enfin, avoir le privilège de diriger une institution qui compte aujourd'hui plus de 15'500 étudiants, malgré les difficultés du quotidien, demeure une expérience extraordinaire.