Le concept Solange la frange résulte d'un véritable melting-pot d'influences. Peux-tu nous éclairer?
Oui, c'est vrai que Tristan vient du hip hop et de la funk, tandis que Luca et moi provenons plutôt du monde du rock, ce qui a donné l'impulsion d'un mélange unique en son genre.
Avec ton groupe, tu as déjà écumé quelques uns des plus grands festivals d'Europe. Pourtant, le paysage musical suisse est réputé peu viable et mal valorisé. Comment vous y êtes-vous pris?
La Suisse n'avait pas forcément auparavant l'étiquette «découverte et nouveauté», mais cela a bien changé depuis et beaucoup d'étrangers s'intéressent maintenant davantage à ce que s'y produit. La qualité des groupes n'est désormais plus à prouver outre frontière. Avec Tristan et Luca, il est vrai qu'à nos débuts on a effectué énormément de déplacements à nos frais afin de se faire remarquer. La Fondation CMA (Fondation romande pour la chanson et les musiques actuelle) et Swiss Music Export, nous ont beaucoup soutenu. Ainsi, on a pu faire des concerts qu'on n'aurait jamais pu réaliser seul. Les moyens suisses restent cependant trop faibles surtout pour pouvoir s'exporter dans le monde entier! C'est un handicap réel.
Tu es jeune diplômée de l'Ecole d'Arts Appliqués de Vevey. Que recommanderais-tu aux étudiants qui projettent un avenir professionnel dans le domaine artistique?
Je leur recommanderais d'avoir du courage et beaucoup de volonté. Il faut accepter de vivre très pauvre longtemps. Car en effet, cela te prend un temps énorme à créer sans être rémunérée, et si tu as un job alimentaire, tu perds du temps sur la création. C'est un cercle vicieux très dur à gérer mais en même temps c'est un choix de vie très gratifiant si tu réussis. En Suisse, on mériterait comme en France ou en Belgique un statut qui nous permette d'être payés lorsqu'on produit. Ici les artistes sont malheureusement déconsidérés, c'est une honte! On est déjà assez révolté parce qu'on travaille comme des fous et on se retrouve inéluctablement pauvre à cause du système qui ne suit pas. Il est utopique de rêver d'une carrière de musicien pro en Suisse.