Vos étudiants sont les enfa nts de l'ère numérique. Comment votre institution appréhende-t-elle cette génération montante? Le numérique est bien entendu intégré à la très grande majorité de nos enseignements et de nos procédures administratives, et les plateformes d'enseignement sont utilisées par la quasi-totalité des étudiants. Dans un paysage en évolution constante, nous nous efforçons de rester en phase avec les nouvelles pratiques; cela n'est pas toujours simple dans une institution riche de la grande variété des domaines qui y sont enseignés. Si l'impact du numérique est sans doute différent pour les sciences exactes et les sciences historiques, par exemple, les étudiants de toutes les disciplines appartiennent à la même génération! |
Mais je souhaite aussi insister sur le fait que l'Université de Genève reste très attachée à la valeur de l'interaction directe, présentielle (il est amusant de constater qu'on trouve ce mot dans le Wiktionnaire, pas dans le Robert...); elle est indispensable pour développer le savoir-être.
Avec un marché de plus en plus concurrentiel, le projet des étudiants est professionnel avant d'être culturel et on assiste à un effritement de leur identité d'intellectuel. Partagez-vous cette affirmation?
Je ne pense pas qu'on puisse décrire un projet qui résume l'ensemble de nos 15'000 étudiants... Il y a la place dans notre institution pour des étudiants aux projets très différents. C'est à la fois une des grandes richesses, et l'un des grands défis, d'une université polyvalente comme la nôtre que de pouvoir proposer des formations à même de satisfaire un large spectre d'objectifs et d'ambitions. Il faut aussi souligner le caractère très international de l'Université de Genève, où se retrouvent des étudiants et des enseignants de plus de 140 nationalités. Dans ce contexte d'une grande diversité, l'une de nos responsabilités est de mettre en valeur les dimensions culturelles, sociétales, de toutes les formations. Ainsi, nous accordons beaucoup d'importance à l'interdisciplinarité, qui est indispensable pour appréhender, dans toute leur complexité, les enjeux auxquels nos étudiants seront confrontés dans leur carrière. Nous souhaitons donc les aider à développer aussi bien des compétences professionnelles que des valeurs humanistes.
Dès votre entrée en fonction, vous militiez pour le développement d'un véritable espace universitaire de la Suisse romande, d'une entité commune. Qu'en est-il aujourd'hui?
La collaboration entre les Hautes Ecoles Universitaires de Suisse romande est une réalité qui se vérifie quotidiennement. Programmes d'enseignement communs, infrastructures de recherche développées en partenariat, projets de recherche impliquant des équipes de plusieurs de nos institutions, cet espace est en constant développement. Une manifestation éclatante de cette vitalité est l'attribution, en 2010, de trois nouveaux Pôles de recherche nationaux - en biochimie, en neurosciences et en sciences sociales - aux Universités de Genève, de Lausanne, et à l'EPFL, dans différentes configurations de collaboration; je suis particulièrement heureux que notre institution soit partenaire dans chacun de ces cas. A noter aussi des synergies de plus en plus fortes avec les Hautes Ecoles Spécialisées. En résumé, l'espace universitaire romand est riche d'un réseau d'interactions qui, sans être pour autant ancré dans une entité commune, est toujours plus dense.