Né en 1967, Pierre-Marie Glauser obtient sa licence en Sciences économiques à l’Université de Saint-Gall en 1992. Deux ans plus tard, il est licencié en droit dans cette même université avant de recevoir son doctorat en droit à l’Université de Genève en 2005. Avocat à l’Etude Oberson depuis 1998, il y devient associé en 2003. Aujourd’hui également professeur de droit fiscal à la faculté des HEC de l’Université de Lausanne, il a reçu le Prix Latsis en 2006 pour sa thèse dans le domaine de l’imposition des sociétés («Apports et impôt sur le bénéfice - le Principe de déterminance dans le contexte des apports et autres contributions de tiers»). |
Ce prix offert par la Fondation Latsis Internationale récompense chaque année des travaux scientifiques d’intérêt majeur.
Pierre-Marie Glauser, que représente pour vous l’obtention de ce prix?
Le fait de recevoir un prix scientifique de cette qualité est une immense satisfaction. Cette reconnaissance de votre travail vous conforte quant à la pertinence et à la qualité de votre recherche. C’est une grande motivation, encore plus psychologique que financière, bien sûr.
Quel en a été l’impact concret en ce qui concerne vos métiers de professeur et d’avocat?
A l’université, il faut bien distinguer l’enseignement et la recherche, bien qu’ils soient très proches. Honnêtement, je n’ai pas l’impression que cela ait eu un impact sur mon enseignement. Je ne suis pas sûr que les étudiants soient au courant et je ne crois pas qu’ils se sentent directement concernés. Ils sont plus inquiets de savoir comment se passeront les examens (rires).
En matière de recherche, c’est un encouragement qui certainement vous confère la reconnaissance de vos pairs et peut les inciter à vous solliciter pour des commissions d’experts ou des projets de recherche. Mais il est très difficile de savoir dans quelle mesure l’obtention de ce prix explique mes activités de recherche actuelles.
Nous parlons d’un prix scientifique éminent, il est assez rare qu’un prix comme celui-ci récompense un travail de droit...
Effectivement, c’est quelque chose qui, pour moi, est très important. A HEC, les gens entreprennent des recherches plus traditionnellement scientifiques basées sur des méthodes quantitatives. La question qui se pose souvent dans ces facultés est de savoir ce qu’est la recherche et si l’on peut dire que les juristes font de la recherche. Dans les disciplines scientifiques classiques telles la médecine ou la chimie, par exemple, la qualité de vos recherches est évaluée avant tout sur la base des revues dans lesquelles vous publiez. Les juristes, eux, publient dans les revues de droit, le plus souvent nationales, ils ne sont donc pas soumis à cette logique de classement. La recherche en droit nécessite toutefois une rigueur scientifique: il faut effectuer un examen méthodologique de la doctrine, citer ses sources, valider ses hypothèses par des références à l’interprétation des lois (jurisprudence et doctrine), etc. Dans ce contexte, une récompense comme le prix Latsis apporte une véritable reconnaissance scientifique à vos recherches qui met en évidence vis-à-vis des autres confrères universitaires le fait qu’il existe une recherche académique en droit.
Pensez-vous que cela va encourager des étudiants à se lancer dans la recherche en droit fiscal?
Les gens qui se lancent dans la recherche sont de futurs doctorants attirés par une carrière académique en droit fiscal. Sans aucun doute, le fait que de telles récompenses soient accordées dans ces domaines encourage les chercheurs, mais le meilleur moyen de les motiver dans cette voie est de leur proposer des professeurs stimulants qui sauront être des exemples pour eux. Ce prix va dans ce sens.
Et en ce qui concerne le financement de ces recherches?
En droit, le financement de la recherche est un problème moins important que dans d’autres branches scientifiques car nous avons besoin de moins d’infrastructures. Mais le financement externe est déjà une réalité, notamment pour financer des assistants: le Fond national suisse de la recherche scientifique finance parfois des projets en droit en engageant des assistants, tout comme d’autres institutions, comme par exemple la fondation Ernest Boninchi, à Genève.