Le constat est clair. L’infrastructure manque en Suisse. Qu’il s’agisse de n’importe quel sport, les aménagements pour ceux ou celles qui souhaitent pousser leur entraînement sont quasi inexistants. Les fédérations et les institutions officielles manquent de moyens pour soutenir les sportifs.
«I l n’y a pas d’argent pour ce sport» lance Sébastien Pahud, co-directeur du Lausanne-Sports Athlétisme, «nous sommes tous bénévoles, et même si la ville
nous met des locaux à disposition, les infrastructures manquent». Que dire après ceci, si ce n’est que les athlètes doivent payer leurs équipements et les déplacements pour les stages et les compétitions, et leurs études. Les clubs de foot financent leurs jeunes, en vue d’éventuels futurs échanges. Mais à part quelques défraiements, l’athlète doit tout gérer seul. «Une saison coûte trente mille francs à Pierre Lavanchy, demi-finaliste au Championnat du Monde en 2005 et étudiant en Sciences des Sports, il doit trouver des sponsors personnels» ajoute Sébastien Pahud. Et surgit la difficulté de trouver lesdits sponsors en ces temps de crise, connaissant le manque de visibilité des sportifs en Suisse.
L’athlète, entre ses cours, ses dossiers à rendre, ses examens, ses entraînements, ses stages et ses compétitions, n’aura, il est clair, plus de temps pour lui.
Grâce à une bonne organisation, il pourra concilier les deux, mais devra y sacrifier sa vie sociale. Si en terme sportif les moyens manquent, il en est de même en terme scolaire. «Ici ou ailleurs, il n’y a pas, à ma connaissance, d’aménagement en tant que tel pour un sportif de haut niveau» nous dit Sébastien Varrin,
conseiller aux études de l’Université de Neuchâtel. «Il est possible de faire son bachelor en cinq ans au lieu de trois, ainsi que de déplacer un examen avec une excuse valable. Mais il en est de même pour tout autre étudiant» précise-t-il. Suivre un cursus universitaire et s’entraîner vingt heures, ou plus, par semaine semble faisable. Mais suivre une filière où les heures de cours sont plus nombreuses ou nécessite une plus grande charge de travail - comme par exemple celle de médecine, qui demande un grand investissement personnel - frise l’impossible.
Il ne nous reste qu’à souhaiter bonne chance à nos courageux étudiants sportifs. Qu’ils puissent compter sur leurs parents pour les soutenir, au vu du peu de soutien financier accessible. A leurs engagements sportifs de ne pas être trop stricts, au vu du manque de souplesse de nos hautes écoles. Et à eux d’avoir un mental d’acier et une motivation sans bornes pour gérer leurs deux carrières de front, et ceci avec un encadrement minimum.
Comment le champion suisse du 400 m 4 nages concilie-t-il 25 heures desport hebdomadaire avec ses études? Tout est dans l’organisation car je ne bénéfice d‘aucun aménagement particulier. Je me lève à 5h20 pour nager. Ensuite, les cours la journée et un autre entraînement le soir. |
As-tu dû renoncer à des événements sportifs?
Je m’organise. J’ai de bonnes expériences à la Faculté de Géographie où un examen a été déplacé, ce qui m’a permis de partir en Afrique du Sud en stage.
Si tu pouvais, tu ne ferais que nager?
Et que ferais-je à 30 ans? Au vu de l’inexistence de synergie entre l’uni et le sport, je dois aménager mes entraînements en fonction des cours. Si je n’étudiais pas, je pourrais ne pas être en piscine à 6 heures du matin! C’est frustrant de penser que les résultats pourraient être différents dans d’autres conditions.
Comment fais-tu pour payer tes études et ton sport?
J’ai la chance d’avoir mes parents qui m’aident. Sinon, il existe le Projet Olympique qui soutient les nageurs neuchâtelois et qui les rétribue à la performance. Il met aussi à disposition des massages et propose un bilan nutritionnel ou de santé. C’est bénéfique car il offre un encadrement poussé.