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Pas un étudiant très asssidu

Entretien avec Alain Morisod

Au détour d'une interview accordée au téléphone depuis son hôtel montréalais, Alain Morisod revient sur sa vie estudiantine et les prémices de son exceptionnelle carrière musicale.

Alain Morisod, quelle formation avez-vous suivie?
J'ai suivi mes études à l'Institut Florimont de 1958 à 1968 et passé mon bac en France en mai 68 dans une ambiance un peu rock'n roll. Ensuite, l'idée de la presse écrite me trottait dans la tête, mais ma mère a tellement « bringué » que j'ai finalement opté pour des études de droit à l'Université de Genève. Etudes que je n'ai d'ailleurs jamais terminées. En parallèle, j'ai étudié la musique au Conservatoire de Genève et au Conservatoire Populaire.

Comment avez-vous financé votre vie estudiantine?
Je faisais énormément de musique en parallèle à mes études, notamment avec ma petite formation d'orchestre. De plus, l'occasion s'est présentée d'accompagner des artistes comme Arlette Zola, Henri Dès ou encore Fernand Raynaud. J'ai aussi fait mes premières télés à l'époque. Sans être moi-même un professionnel, j'étais déjà très affairé dans le milieu professionnel et gagnais suffisamment bien ma vie.

 

Etiez-vous dilapidateur ou économe?
Toujours très actif, je n'ai jamais été confronté à de réelles difficultés financières. Je n'avais pas des goûts de luxe, mais pas une âme d'économe pour autant. Plutôt cigale que fourmi, j'ai toujours été assez généreux avec les autres ainsi qu'avec moi-même. Quoi qu'il en soit, on commence forcément avec le temps à penser un peu plus à la dernière ligne droite.


Mener de front études de droit, conservatoire et carrière artistique naissante, était-ce conciliable?
La musique a toujours pris la plus grande place. C'est pour elle que j'avais le plus d'affinités et le plus de potentiel. Je fréquentais quand même l'uni, mais il s'agissait avant tout de voir les amis et d'obtenir les validations nécessaires.

Votre premier disque, en 1971, a rencontré un énorme succès… Aux oubliettes les études de droit?
En sortant ce premier disque, j'espérais en écouler 1000 et au final c'est plusieurs millions d'exemplaires qui ont été vendus. Honnêtement, l'uni n'était pas une période de rêve pour moi et e n'étais pas un étudiant très assidu. J'ai donc vite oublié les études pour monter ma propre société.

Après plus de 30 ans d'une riche carrière artistique, considérez-vous que vos études  vous ont apporté quelque chose?
Comme on dit, la culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié. Même si le droit n'était pas ma passion, j'ai conservé de cette étape un certain état d'esprit, une certaine rigueur dans la manière de lire les contrats. Et comme je le dis toujours, dans show-business il y a business, et pas que le côté artistique. Il faut donc savoir être concret et concis. J'aime avoir des chiffres. n'étais pas un étudiant très assidu. J'ai donc vite oublié les études pour monter ma propre société.

Vous vous consacrez beaucoup à la découverte de nouveaux talents… Que conseilleriez-vous à un jeune artiste partagé entre la poursuite de ses études et l'aventure artistique?
De mon temps, faire de la musique était considéré comme un métier de crève-la-faim et cela faisait peur aux parents. aujourd'hui c'est l'inverse, le rapport au métier a changé. Mais il ne faut pas oublier que si cela fonctionne, il s'agit d'un véritable miracle. Il est donc important de garder les pieds sur terre, d'avoir une bonne assise. Ce n'est pas toi qui choisis ce métier, c'est lui qui te choisit. Et la réussite repose sur des bases très subjectives. Au départ, je ne pense donc pas qu'un jeune artiste doive trancher et tout abandonner pour sa carrière. Il y a d'ailleurs plein d'exemples de gens qui ont très bien su concilier leurs études et leur vie artistique...