etudiants.ch a fait un petit tour d'horizon des HES en compagnie du sous-directeur de l'OFFT pour parler de Bologne, de l'emploi et du résultat des votations du 21 mai.
Beaucoup d'entreprises avouent manquer d'infor- mations quant aux modifications des cursus des hautes écoles suisses. N'est-ce pas un vrai danger pour les premiers étudiants qui sortent en ce moment de leurs études? Ce manque de transparence entre les hautes écoles et le monde professionnel vous inquiète-t-il? En ce qui concerne les HES, qui sont sous la responsabilité de l'OFFT, une grande importance est accordée à l'observation du monde du travail. Les modifications des cursus sont donc apportées en fonction des besoins de l'économie. On renforce ainsi un des points forts des HES qui est leur orientation vers la pratique. Le but des changements est donc plutôt de favoriser les jeunes diplômé-e-s. Ainsi, nous ne voyons pas, pour les HES, de manque de transparence. |
Quels sont actuellement les moyens de dialogue entre les hautes écoles et le monde professionnel?
Le dialogue entre entreprises et HES constitue une des conditions de succès du système. Il est donc constant. A titre d'exemple, on peut citer la recherche appliquée, qui occupe une place de choix dans les HES. Les collaborations avec des entreprises sont nombreuses et permettent à nos étudiants – qui sont déjà, dans la plupart des cas, au bénéfice d'une expérience professionnelle – de rester en contact avec la pratique. D'autre part, la conception de nouvelles filières ou les adaptations de celles-ci sont toujours élaborées en fonction des besoins du marché du travail.
La Suisse est-elle moins bien lotie que ses voisins à ce sujet?
Au contraire. Le dialogue constant qui a été instauré entre les HES et l'économie est exemplaire. Il illustre la qualité de notre système de formation professionnelle, qui consiste en un véritable partenariat entre Confédération, cantons et organisations du monde du travail.
Et dans ce domaine, quelles sont les conséquences des votations du 21 mai?
La politique de formation va de pair avec la politique économique: la croissance n'est possible que si la formation est optimale. Les nouveaux articles constitutionnels sur l'éducation nous permettront de conserver et de renforcer l'attrait du pôle de savoir qu'est la Suisse. Avec la loi sur la formation professionnelle (LFPr), celle-ci dispose d'une base moderne, axée sur les exigences du monde du travail. Le principe de flexibilité – qui a fortement inspiré la rédaction de la LFPr – se manifeste également dans les nouveaux articles constitutionnels sur l'éducation par une très grande attention apportée à la mobilité. Quant aux HES, elles seront régies par l'article sur les hautes écoles. Elles pourront ainsi développer des stratégies novatrices pour se positionner de manière optimale, notamment au carrefour de la science et de l'économie. Néanmoins, il importe de conserver le profil caractéristique des différentes hautes écoles malgré le principe de l'équivalence au sein du réseau des hautes écoles!
Les jeunes diplômés suisses sont-ils une denrée recherchée dans les autres pays? Quels sont les atouts que notre pays peut faire valoir pour les «retenir»?
L'ensemble du système éducatif suisse jouit d'une excellente renommée internationale et le Suisse a la réputation d'être un bon travailleur. D'autre part, nos hautes écoles sont fréquentées par de nombreux étudiants étrangers. Ceci démontre qu'un diplôme acquis en Suisse ouvre de nombreuses portes. Notre pays offre d'excellentes conditions de vie et celles du travail sont elles aussi parmi les meilleures en comparaison internationale. Par ailleurs, notre taux de chômage est parmi les plus bas des pays qui nous entourent, de sorte que l'«exode des cerveaux» n'atteint en aucun cas des proportions inquiétantes.
Selon vous, quelle est la valeur du Bachelor aux yeux des employeurs? Un étudiant qui veut intégrer au plus vite le monde du travail fait-il un bon choix en se satisfaisant de ce premier papier, et en dédaignant le Master?
Seul l'avenir nous dira l'accueil que les employeurs réserveront au Bachelor. Mais il est certain que le niveau de qualifications qu'il sanctionne correspond à des profils recherchés par les employeurs, et surtout pour les HES, dont les formations sont proches des demandes du marché. Dans tous les cas, le Bachelor permet, après trois ans seulement, d'obtenir un premier diplôme et laisse le choix à qui l'a décroché d'entrer dans le monde du travail ou de poursuivre par un master.
Pour se démarquer clairement des hautes écoles spécialisées (plus orientées vers la pratique), les universités éliminent de plus en plus les stages et les expériences professionnelles de leurs cursus, au profit des séminaires et des travaux de recherche. Ne court-on pas le risque de se retrouver dans 5 ans avec des étudiants bardés de diplômes, et n'étant pas «attractifs» pour un employeur, car n'ayant absolument aucune expérience professionnelle?
Nous sommes convaincus qu'un des points forts des HES est leur ancrage dans la réalité professionnelle. Pour ce qui est des universitaires, les employeurs savent que leur formation est théorique et qu'un certain temps d'adaptation à la pratique est nécessaire. Mais le bagage théorique acquis peut être indispensable à l'exercice de la fonction.
En d'autres termes, cette distinction entre les HES et les UNI ne se fait-elle pas au détriment des universitaires?
Nous ne voyons pas de problème à ce que les deux types de hautes écoles soient clairement démarqués. Au contraire, car ils répondent tous les deux aux attentes de profils différents. Il est par contre important que les jeunes soient conscients des vocations différentes de ces établissements lorsqu'ils choisissent où ils souhaitent suivre leurs études. D'autre part, cette comparaison n'a de sens que pour quelques filières, car la plupart sont spécifiques aux universités (et/ou EPF) ou aux HES.
Quelle est votre opinion sur la façon dont les hautes écoles préparent leurs étudiants à l'insertion dans le monde professionnel? Ne faudrait-il pas ajouter quelques cours (ou tout du moins quelques séances d'informations) pour préparer les étudiants à ce qui les attend (de la rédaction du CV à la première visite dans un office régional de placement...)?
De nombreuses structures cantonales sont à la disposition des étudiant-e-s pour les aider dans ces démarches. Nous pensons notamment à l'orientation scolaire et professionnelle. Et n'oublions pas que ces personnes sont des adultes!
Comment l'OFFT imagine-t-il l'environnement de l'insertion professionnelle des jeunes diplômés suisses dans 5 ans? Dans 10 ans?
L'insertion des jeunes diplômé-e-s suisses dépendra évidemment en premier lieu de la conjoncture économique. L'autre facteur étant la qualité de la formation, nous jugeons que celleci - déjà d'excellent niveau aujourd'hui - sera encore améliorée avec les nouveaux articles constitutionnels soumis au peuple suisse le 21 mai.
La réforme de Bologne vise à accentuer la mobilité internationale des étudiants par l'équivalence des diplômes. Selon vous, si cette volonté est suivie par les étudiants, quel impact auront ces changements sur le marché de l'emploi?
Le marché de l'emploi s'internationalisera. Des étrangers viendront travailler en Suisse et des Suisses iront travailler à l'étranger. Mais nous n'attendons pas d'importantes migrations. Il ne faut pas perdre de vue que les formations sont adaptées au marché du travail local.
Existe-t-il encore une distinction entre le salaire d'un jeune diplômé et le salaire d'un(e) jeune diplômé(e) des hautes écoles?
Les dernières données de l'Office fédéral de la statistique indiquent que l'égalité salariale n'est pas encore réalisée. Mais on ne dispose pas de données par âge et il est fort probable que les différences s'estompent pour les jeunes diplômé-e-s. De son côté, l'OFFT est actif en matière de promotion de l'égalité et partie prenante de nombreux projets dans ce sens. L'égalité est en outre un thème très présent dans les HES.
L'OFFT (Office fédéral de la formation professionnelle) est le centre de compétence de la Confédération pour les questions liées à la formation professionnelle, aux hautes écoles spécialisées et à l'innovation. Sa mission consiste à garantir la capacité d'innovation de l'économie suisse et à l'accroître et rendre la Suisse toujours plus attrayante pour la main d'oeuvre qualifiée et les investisseurs.
L'OFFT a de nombreux «clients»: 200'000 apprentis; 14'000 diplômés de la formation professionnelle supérieure par année; 38'000 étudiants inscrits dans les HES; plus de 1'000 entreprises qui déposent chaque année près de 700 demandes auprès de l'agence pour la promotion de l'innovation (KTI/CTI) et enfin, plus de 500 enseignants en formation ou en formation continue à l'Institut suisse de pédagogie pour la formation professionnelle (ISPFP).
L'OFFT s'emploie également à consolider les HES et assure leur intégration dans le paysage des hautes écoles. Aujourd'hui, plus de 60 anciennes écoles supérieures des domaines de la technique, de l'économie et des arts sont regroupées en HES. Leur mise en place a été parachevée par l'autorisation de durée indéterminée que leur a accordée le Conseil fédéral à fin 2003.
La réforme du système des HES se poursuit. A l'instar de la formation professionnelle, les domaines de la santé, du social et des arts vont y être intégrés. Depuis l'hiver 2005, la réforme de Bologne est mise en oeuvre avec l'instauration d'un système d'études en deux cycles. La révision partielle de la loi sur les hautes écoles spécialisées, qui tient compte de ces évolutions, est entrée en vigueur en octobre 2005. Elle permet aux HES de prendre un bon départ sur la voie du «Paysage des hautes écoles 2008».