« Je profite à nouveau de l’air libre, ce sont des sensations très fortes, intenses mêmes ». Cette fine brise qui lui caresse le visage, l’ex étudiant de l’université d’Évry, Cyprien Verseux, ne l’avait pas ressentie depuis un an. Engagé par la Nasa au même titre que cinq autres scientifiques, le jeune homme de 26 ans a achevé ce dimanche la mission HI-SEAS IV. Un programme qui simulait une exploration de la planète Mars. Après 365 jours d’isolement dans un gigantesque dôme sur une île d’Hawaï (Etats-Unis), Cyprien revient sur son expérience.
C’est très simple, je suis originaire de la région parisienne et l’université d’Évry était la seule à proposer le master qui m’intéressait, un Master 2 en Biologie Systémique et Synthétique.
Après mon master, c’est là-bas que j’ai fait mon stage de fin d’étude, c’était en 2013. Puis, dans le cadre de mon doctorat codirigé par l’université de Rome et la Nasa, j’ai pris connaissance de cette mission. J’ai passé les tests et ma candidature a été retenue.
Le plus dur était sans doute de ne jamais voir l’extérieur. Lorsque l’on sortait, jamais à plus de deux kilomètres, nous portions une combinaison spatiale. Ensuite, nous étions à l’isolement total. Nous n’avions pas de téléphone. Notre seul lien avec l’extérieur était les mails. Pour recréer les conditions d’une mission sur Mars, ils mettaient vingt minutes à partir ou à nous arriver. Enfin, il a fallu faire face à une certaine monotonie : je voyais toujours les mêmes espaces, toujours les mêmes cinq personnes.
Nous étions limités à deux douches de 30 secondes par semaine. Des douches à l’eau froide. Cette eau était d’ailleurs récupérée pour nettoyer le sol. Quant aux repas, c’était du jambon déshydraté et des aliments en poudre comme des œufs, du jus d’orange ou des légumes.
Nous nous concentrions sur nos recherches. Sinon, pour me divertir, je faisais une heure de sport par jour et je jouais du ukulélé. C’est un instrument très pratique pour aller sur Mars, il est petit et compact.
Ma mission consistait à voir s’il était possible d’utiliser ce qu’il y a sur Mars pour nourrir des cyanobactéries qui, à leur tour, pourront nourrir ce que l’on veut faire pousser. Des salades par exemple. Et c’est possible !
Cette semaine, l’emploi du temps est encore assez chargé, nous débriefons la mission avec la Nasa. Ensuite, je vais me reposer un peu du côté d’Honolulu. Je vais visiter, faire des randonnées, plonger, nager… Puis je vais revenir un peu en France pour voir ma famille et mes amis et je repartirai en Italie pour la suite de mon doctorat.
(Source Le Parisien)