La HES-SO célèbre cette année ses 15 ans d’existence. L’occasion de revenir sur l’histoire passée et future de l’institution de formation en compagnie de son président Marc-André Berclaz, qui quittera ses fonctions le 1er juillet pour prendre la direction du nouveau Pôle EPFL Valais Wallis.
Quelles sont les grandes évolutions qu’a connu la HES-SO ces quinze dernières années?
L’école a littéralement explosé en terme d’inscriptions. Depuis sa création, le nombre de jeunes fréquentant l’institution a quadruplé. Nous sommes ainsi passé de 4’200 étudiants en 1998, année de création de la HES-SO, à 19 000 en 2013.
Un autre changement est lié à la mise en œuvre des accords de Bologne. Ce processus a conduit à l’uniformisation des diplômes de niveau Bachelor et Master. Enfin, l’immense chantier de la convention intercantonale entre les sept cantons copropriétaires de la haute école touche à sa fin. L’accord signé par tous les cantons partenaires assure un développement conjoint et homogène des 27 établissements de formation formant la HES-SO.
Justement, 27 écoles sur un aussi petit territoire que constitue la Suisse romande n’est-ce pas trop? À l’avenir ne faudra-t-il pas concentrer tous ces campus?
Il est vrai que cela peut paraître trop. Mais nous avons déjà effectué beaucoup de regroupements: fusions de filières et réunion de différentes disciplines sur un seul site. Par exemple, au niveau Master, nous avons regroupé nos forces en instituant des diplômes transdisciplinaires, l’idée étant que plusieurs Bachelors différents permettent d’effectuer un seul et même Master.
Actuellement, les diplômés HES de niveau Bachelor ont déjà accès aux postes de cadres, quelle plus-value apporte un Master HES au niveau du marché du travail?
En instaurant le Master nous n’avons pas voulu dévaluer le Bachelor sur le marché du travail. Pour toutes les disciplines à l’exception de la musique et des arts, un Bachelor est un titre très professionnalisant qui permet d’accéder à différents postes clé. Le Master assure un approfondissement des connaissances. Il développe les qualités de management et ouvre les portes à la recherche scientifique. Ce diplôme de second cycle répond, d’ailleurs, à un besoin des étudiants. Après quelques années de pratique professionnelle, environ 15% des jeunes, titulaires d’un Bachelor, s’engagent, en effet, dans un Master.
Quels sont les défis auxquels va être confrontée la HES-SO ces prochaines années?
La convention intercantonale permet un développement stratégique commun. Elle nous permettra de mieux nous positionner au niveau international. Cela est très important car, actuellement, la concurrence entre hautes écoles se joue sur le plan mondial.
Depuis le premier janvier, la HES-SO fait partie du même département fédéral que les universités (ndlr: le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche). De ce regroupement est né le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), organe de pilotage commun des HES et universités. Un autre défi concerne le positionnement de la HES-SO au sein du paysage national. Nos hautes écoles doivent créer des ponts avec le monde universitaire tout en maintenant leur spécificité, qui allie formation théorique et recherche appliquée. Il ne faut pas qu’elles se transforment en «sous-universités».
D'autres challenges à relever?
Oui, il conviendra d’assurer la relève académique. La HES-SO va devoir engager de nouveaux professeurs, au bénéfice d’un diplôme universitaire de niveau doctoral complété par une expérience professionnelle en entreprise de plusieurs années. Trouver des personnes issues à la fois du monde académique et entrepreneurial n’est pas si aisé. Il s’agira de développer des conditions cadre favorisant la relève spécifique dont nous avons besoin.
Il faudra, enfin, maintenir la qualité de nos infrastructures. Aujourd’hui, nous bénéficions d’un équipement «dernier cri» de très haut niveau. Dans un avenir plus lointain, il s’agira de conserver cette technologie de pointe en modernisant nos campus. Cela est très important, d’autant plus que le nombre de nos étudiants est en constante augmentation.
La Haute École spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) compte 19 000 étudiants répartis sur 27 sites différents. Présente dans sept cantons (Berne, Jura, Neuchâtel, Genève, Vaud, Fribourg et Valais), la HES-SO se décline en six domaines: Design et Arts visuels, Economie et Services, Ingénierie et Architecture, Musique et Arts de la scène, Santé et travail social. Pas moins de 44 filières d’études de niveau Bachelor contre 17 menant au diplôme de Master sont proposées. La HES-SO a, également, mis sur pied 200 formations continues. Les diplômes de Bachelor et Master délivrés sont reconnus sur le plan européen.