1) Stimule ta créativité. Il est facile de se laisser ensevelir sous le confortable flot des plaintes à propos de la longueur des travaux à rendre. Toi, tu seras plus inventif ! Plus attentif ! Tu iras chercher les erreurs d’impression dans les examens, les fautes d’orthographe sur les slides, bref, tu rendras honneur à toutes les personnes acariâtres qui font l’effort de trouver tous les jours de nouvelles raisons de se lamenter.
2) Relâche la pression et laisse sortir ta part obscure. Est-ce que le Capitaine Crochet, Cruella d’Enfer ou même Dark Vador se sont retenus, eux ? Non, pas du tout ! Et c’est cela qui en a fait les héros favoris des enfants. Tu seras tellement soulagé de ne plus avoir tous ces sentiments négatifs sur le cœur et de plutôt les propager autour de toi.
3) Aide ton professeur à s’améliorer. Si tu n’es pas là pour lui faire remarquer à quel point son débit de parole est lent et ennuyeux, qui le fera ? Probablement personne. Pour améliorer la vie de tout un auditoire, tu te dois donc de te trouver sur son chemin, par le hasard le plus total, et de crier à tue-tête « Mais qu’est-ce que c’était fatiguant ! A-t-il l’ambition de devenir baby-sitter professionnel ? Parce qu’il endormirait n’importe qui ! ». Un jour, on t’en remerciera.
4) Entretiens une saine compétition entre élèves. Ce n’est pas parce que tu étudies dans une section où il y a assez de places pour tout le monde que tu dois t’en satisfaire. Le départ d’une petite dizaine de personnes ne peut pas faire de mal... Et s’ils restent après tes critiques, cela te fera enfin des adversaires de taille, auxquels se mesurer.
5) Apprends à être plus honnête. Depuis notre petite enfance, nos parents nous l’ont dit et répété : il ne faut pas mentir. Respecter ce conseil est probablement la moindre des choses. C’est pourquoi, au moment où ton voisin d’amphi te demandera ce que tu penses de son dernier travail de philosophie, tu lui répondras, très franchement, que tu estimes ta petite sœur de dix ans capable d’avoir une réflexion plus construite que la sienne.
6) Rends hommage au travail des autres professeurs. Comme l’a très bien dit Michel (de Northgate, pas Sardou) « il suffit d’une pomme pourrie pour gâter tout le tas. » Évidemment, les autres enseignants ne peuvent pas faire des remontrances à leur collègue, même si la réputation du département, de l’université, voire de la ville toute entière en pâtît gravement ! Il est donc de ton devoir de t’en charger.
7) Dissimuler tes propres fautes. Certes, cela peut sembler égoïste, mesquin ou même avilissant, mais… Tout le monde fait des erreurs. Et justement, tu viens d’en faire une belle sur le powerpoint de la présentation orale que vous devez donner ce matin.
Pas de panique, tu peux sans autre aller glisser à ton responsable de séminaire que ton co-équipier n’est pas tout à fait au point et que tu viens de remarquer, qu’après en avoir corrigé une multitude, tu as laissé passer une faute pourtant évidente. Il sera probablement touché par ton investissement. Dans le cas où il n’aurait pas l’air convaincu, n’hésite pas à le surcharger d’autres informations sur l’incompétence certaine et irréfutable de ton condisciple.
8) Reste dans les annales. De grandes figures historiques ont été admirées pour leurs diatribes. Tout le monde les aime et respecte, de Nietzsche qui critiquait le christianisme, en passant par Napoléon et Lincoln qui blâmaient leurs opposants, jusqu’à Christina Cordula qui s’occupe encore aujourd’hui d’horribles fautes de goût vestimentaire.
9) Renforce tes liens avec les autres étudiants. C’est un fait qui a été prouvé à de nombreuses reprises et que tu as peut-être eu l’occasion de constater par toi-même : critiquer en compagnie de personnes qui ont le même avis que toi te fera te sentir nettement plus relié à eux que si vous parliez d’un évènement qui vous a plu, ou d’un plat que vous avez apprécié. C’est une astuce toute simple pour se faire facilement des amis !
10) Imiter tes chroniqueurs télés et stars préférées. Je vais te demander : qu’est-ce qui marche dans les médias en ce moment ? Réponse : les plateaux de chroniques, que nous pourrions renommer « plateaux de critiques » et les émissions faussement réalistes relatant la vie de personnes rassemblées en un endroit et qui n’ont absolument rien d’autre à faire que de se juger les uns les autres.
Il y a peu de chance que tu puisses un jour intégrer « Les Marseillais», « Les Chtis » ou «Secret Story », mais ne désespères pas ! Grâce à ces dix conseils, tu n’auras aucun mal à convaincre l’équipe de transporter le concept de l’émission dans ton université.