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Vincent Kucholl

L'humoriste qui monte

Le Lausannois en a fait du chemin depuis la fin de ses études. Celui qui a foulé les sols de l’Université de Lausanne et suivi un cursus en sciences politiques cartonne tous les matins à 7h50 sur Couleur 3 avec son compère Vincent Veillon. Rencontre avec un trublion qui est monté sur les planches durant tout l’été.

Vous avez étudié les sciences politiques à l'Université de Lausanne, quels souvenirs vous reste-t-il de cette période?

Je me rappelle de certains cours emblématiques comme l'histoire suisse contemporaine et la sociologie politique, de certains profs marquants comme Sébastien Guex et François Masnata. Les foires du jeudi soir et les réveils difficiles le vendredi matin, la cafétéria, les cours de méthodologie en sciences sociales soporifiques et les rencontres que j'ai faites, des amis dont je suis encore proche aujourd'hui et avec qui je bosse.

Qu'est ce qui vous a fait basculer dans la comédie et l'humour?

Déjà petit, cela me trottait dans la tête mais je n'osais pas me lancer. Dans ma classe, il y avait un mec qui faisait du théâtre depuis deux ou trois ans. Je me suis dit: «mince, si je commence aujourd'hui, c'est comme si je débutais un sport, je vais être nul comparé à lui». Un jour, j'ai franchi le pas et j'ai suivi des cours de théâtre puis une école de trois ans, de 2001 à 2004, à Genève. J'ai toujours aimé faire plein de choses différentes. Réduire ses perspectives à une seule activité ne me fait pas envie. Les expériences se nourrissent mutuellement. Le spectacle que Vincent et moi avons monté, c'est la rencontre de ce que nous faisons à la radio et de ce que je fais dans le domaine éditorial car je m'occupe aussi d'une collection de bouquins.

Dans vos chroniques matinales, vous vous mettez dans la peau de nombreux personnages aux accents improbables. D’où vient votre inspiration?

De la vie mais surtout de l'armée, même si je ne suis pas militariste. C'est le seul endroit où, pendant 4 mois, tu te retrouves avec 150 types, du flic jurassien au boucher valaisan en passant par le graphiste neuchâtelois. Il y a une variété importante d'individus provenant de différentes origines géographiques et socioprofessionnelles. Anthropologiquement, c'est génial! C'est une micro société complètement schizophrène et absurde. A vivre, c'est un peu chiant mais c'est assez drôle.

Pourquoi avoir décidé de porter «120 secondes» sur les planches?

C'est un projet qui mûrit depuis un peu plus d'une année. L'envie est là depuis longtemps mais l'idée de parler de la Suisse et de pomper dans les bouquins illustrés par Mix & Remix  est venue sur les pistes de ski, dans la file d'un télésiège. Vincent m'a dit: «il y a tes livres qui existent, pourquoi on essaierait pas de lier leur contenu à l'univers de la chronique?» Ensuite nous avons réfléchi sur le texte, planché sur l'agencement du spectacle etc. C'est un gros projet et une chouette aventure.

Qu'est-ce que l'on retrouve dans le spectacle?

Cela prend la forme d'une Keynote, comme en faisait Steve Jobs pour présenter un nouveau produit Apple. Dans notre cas, ce produit est la Suisse. On explore tout ce qui constitue le pays,  en partant de sa géographie, son histoire, ses institutions, son économie et sa culture avec un écran géant sur lequel sont  projetées des images. Nous avons tourné des vidéos dans lesquelles des personnages interviendront. Ces derniers sont également présents en live, sur scène. Comme dans la chronique, le fond du propos se veut sérieux, mais il y a de nombreux accidents.

Parmi tous les  personnages que vous interprétez, quel est celui que vous aimez le plus?

J'aime bien le Jurassien Gilles Surchat car il est faible, fragile et touchant. Certaines personnes sont venues me dire qu'en regardant son portrait sur le DVD qu'on a sorti, ils ont eu les larmes aux yeux. On en rit mais on a envie de le prendre un peu dans ses bras.

Quel souvenir d'enfant gardez-vous?

Lorsque j’avais 9 ans, je me suis rendu un week-end chez mon arrière-grand-mère qui avait 89 ans. Nous avons regardé tous les deux «Un roi à New York» de Charlie Chaplin qui n'est pas son meilleur film. Je me rappelle qu'elle avait tellement ri, aux larmes, que j'avais eu peur qu'elle décède. Le lendemain, je me souviens m'être dit «en fait, si elle était vraiment décédée, ce n'aurait pas été trop grave car c'est cool de mourir de rire.»


Souvenirs, souvenirs!

1er job d'été: Caissier au supermarché de la Placette d'Yverdon. C'était payé 14 francs de l'heure.
   
1ères vacances sans les parents: En Irlande. En m’y rendant, j’ai eu la chance de pouvoir visiter le cockpit de l’avion. J’ai, tout de même, été déçu que les hôtesses ne soient pas les mêmes au retour qu'à l'aller.

1er logement: Le ventre de ma maman. Après, j'ai pas mal déménagé!

1ère voiture: Une Ford Escort à 850 dollars qui consommait un litre d'huile au 100 kilomètres

1er amour: Magali, en deuxième enfantine. Je me souviens du numéro de téléphone de la maison où elle habitait.


Bio express

Vincent Kucholl est né en 1975. Après des études en sciences politiques, il se passionne pour la scène et s’inscrit l’école de théâtre Serge Martin de Genève. Son diplôme en poche, il brûle les planches notamment dans la pièce, «Festen», où il interprète le rôle principal durant deux ans. Puis, le Vaudois fait carrière dans l’univers audio-visuel. En 2000, il intègre la RTS oeuvrant comme chroniqueur dans l’émission «Mise au Point».
Mais c’est sur les ondes radio que l’homme de scène va gagner ses lettres de noblesse grâce à sa chronique satirique «120 secondes» suivie, chaque matin, par des milliers d’auditeurs. Il est, également, l’auteur de deux courts-métrages, «Le cri du sapin» et «Ça va déjà mieux» diffusés récemment sur Canal +.