Fiona Herrmann jongle avec les tournures de phrases comme avec la vie. L’étudiante en droit à l’Université de Neuchâtel répond à nos questions d’un ton posé mais jovial. Avec toujours en toile de fond, cette sorte de timidité propre à l’écrivain révélé par un concours littéraire. En nous parlant, la jeune femme nous en dit plus sur son écrit, «Le Fil de Moïra», qui a remporté le premier prix de la compétition de nouvelles organisée par nos soins. De la genèse de l’œuvre à sa conception, retour sur une aventure littéraire riche en rebondissements.
Comment as-tu eu l’idée d’écrire une telle histoire ? Où as-tu trouvé ta source d’inspiration?
Tout est parti du thème du concours, «Le Jour où tout a basculé». Je me suis alors posée la question: «qu’est-ce qui dans une vie nous bouleverse et chamboule tout autour de nous?». J’ai d’abord pensé à une histoire autour d’une femme qui tombe enceinte et perd son enfant. Puis, j’ai remarqué que le personnage féminin mis en scène pouvait cacher une face plus sombre. Ça s’est imposé à moi. Et l’idée m’est venue de dissimuler la maladie sous couvert de quelque chose de plus positif, un enfant. Par là, je voulais surprendre les gens, leur faire comprendre que tout n’est pas comme il y paraît, que la vie peut basculer d’un instant à l’autre, vers le bonheur ou le malheur. Il y a une ambivalence entre la vie et la mort, la naissance et le décès, la fortune et l’infortune. D’où mon titre, «Le Fil de Moïra», qui rappelle le fil du destin (ndlr: Moïra renvoie à la roue de la fortune et au destin en grec ancien).
Justement, comment expliquer un tel revirement?
Je ne sais pas. Moi-même, je ne me l’explique pas. L’histoire s’est imposée à moi. Les mots ont jailli seuls. Et, en quelques minutes, Moïra était là.
De façon plus générale, je puise mon inspiration de mon vécu. Ici, tout est parti du questionnement intérieur sur les événements extérieurs qui viennent parasiter une vie sans problème. Par le passé, ma tante a souffert d’une leucémie. Elle avait alors des enfants en bas âge. Fort heureusement, maintenant, ma parente est tirée d’affaire. Mais on ne sort jamais vraiment indemne d’une telle épreuve. C’est ce que je voulais montrer à travers la relation fusionnelle entre la porteuse et sa maladie.
Prends-tu souvent la plume ? As-tu déjà écrit d’autres nouvelles?
Oui, je suis passionnée d’écriture et de lecture depuis toute petite. Il y a trois ans, une de mes nouvelles a été publiée par les éditions de la FNAC. Actuellement, entre mon stage d’avocate et mon travail de mémoire, j’ai malheureusement moins de temps à consacrer à la littérature. Mais dès que j’ai une minute de temps libre, j’aime coucher mes impressions sur papier. L’écriture constitue une pause bienvenue dans mes activités de juriste et d’étudiante plutôt sérieuses. C’est ma bulle d’oxygène. Et puis, j’aime bien écrire autre chose que du droit.
Selon toi, existe-t-il des lieux propices à l’écriture?
Personnellement, je n’ai pas d’endroit précis où je me plais à coucher mes états d’âme sur papier. Du moment que j’ai mon ordinateur et ma musique sur les oreilles je peux écrire n’importe où.
Comment concilies-tu ton activité littéraire avec tes études et ton stage?
Difficilement, j’ai dû faire une croix sur certains loisirs, le sport notamment. Et puis, je vois moins ma famille. Mais toutes ces activités s’enrichissent mutuellement et m’apportent énormément donc je ne regrette rien.
Quels sont tes projets?
Pour l’instant, la priorité est de terminer mes études. Et à plus long terme de devenir avocate. Mais je ne compte pas délaisser ma passion pour l’écriture pour autant. Si je ne pouvais qu’écrire, je ne ferais que cela. Malheureusement, en Suisse, il est dur de vivre uniquement de sa plume. Publier pourquoi pas? Mais pas dans l’immédiat.