Dans notre monde rempli d’incertitudes, on ressent de plus en plus le besoin d’évaluer, de hiérarchiser, de classer… Bref, de savoir. Alors on fait des rankings. C’est notamment le cas des universités. Mais à toujours chercher mieux, attention à ne pas perdre de vue son véritable but personnel. Après tout, plus cher et plus prestigieux ne rime pas toujours avec mieux. Au contraire, les conséquences peuvent être plus lourdes qu’on le pense. Aperçu.
Ce modèle d’universités d’élite vient des Etats-Unis. Là-bas, les meilleures hautes écoles font partie de la IVY LEAGUE. Cette dernière regroupe les universités privées du nord-est du pays: Brown, Columbia, Cornell, Dartmouth College, Harvard, Princeton et Yale. Ce sont les plus anciennes institutions universitaires nationales et elles comptent parmi les plus prestigieuses au monde. Ces établissements se distinguent par leur excellence académique, leur sélectivité au niveau des admissions ainsi que par leur élitisme social.
Le système éducatif américain propose différentes écoles: les Community Colleges (filières courtes à caractère professionnalisant), les universités publiques et privées. Ces dernières sont plus chères. Elles sont financées par les frais de scolarité, les collectes de fonds privés, le soutien d’institutions et des partenariats, contrairement aux établissements publics qui bénéficient d’un soutien étatique et national.
Etudier dans une université publique aux Etats-Unis n’est donc finalement pas si onéreux. De plus, il existe des bourses et des prêts pour la formation. L’idée qu’on se fait du système éducatif supérieur américain est liée aux universités privées.
En Grande-Bretagne, le même modèle existe. Le Russel Group est composé des vingt meilleures universités du pays. Celles-ci sont très fortement axées sur la recherche scientifique. Cambridge et Oxford, les deux institutions en tête, forment presque toutes les élites politiques et intellectuelles du pays. Elles appliquent aussi le système le plus sélectif. Mais l’admission se fait selon le principe méritocratique plutôt que financier. Les frais de scolarité élevés ne sont toutefois pas à la portée de tous. En outre, le modèle d’aide au financement en vigueur se base essentiellement sur des prêts.
Comme les USA et l’Angleterre, l’Allemagne s’est récemment laissée séduire, avec son «initiative d’excellence». En effet, elle peut désormais concentrer ses finances sur certains établissements prioritaires afin de leur donner la possibilité de s’améliorer et d’attirer les meilleurs étudiants à l’échelle internationale.
Dans le monde académique, la concurrence est rude et chacun veut s’approprier les têtes pensantes de demain. Toutefois, au vu de la notoriété que ces universités allemandes privilégiées sont en train de gagner, elles risquent aussi de devenir plus sélectives… Le danger n’est-il pas alors de créer une formation à deux vitesses?
En Suisse, la manière de considérer les études est bien différente. En effet, avec une participation financière moindre, les universités ouvrent leurs portes à tout titulaire d’une maturité fédérale. De plus, les tarifs appliqués aux étudiants étrangers sont semblables à ceux des autochtones dans la plupart des établissements et varient de quelques centaines de francs dans les autres. Ils ne sont toutefois jamais plus élevés qu’une fois et demie le prix normal.
Quant au niveau de formation, pour ceux qui ne disposent pas d’une maturité, de nombreuses passerelles existent dans notre système éducatif particulièrement perméable. Aucune sélection n’est donc effectuée, ni d’un point de vue méritocratique, ni financier. Peu de contraintes pour entrer à l’université, ce qui a pour conséquence, des problèmes de surpopulation estudiantine et autres difficultés.
Un étudiant américain qui souhaite, pour booster sa carrière, effectuer un MBA (Master of Business Administration) dans une université prestigieuse doit débourser environ 140'000 dollars. Une somme pharaonique que «monsieur tout le monde» ne peut pas se permettre. Celui qui doit le financer lui-même peut évidemment obtenir un prêt mais cela signifie entrer sur le marché du travail avec des dettes. Un lourd poids à porter dans le futur. En effet, le jeune professionnel devra alors rembourser (intérêts compris) environ 1600 dollars par mois pendant dix ans.
70 % des Américains obtiennent une bourse d’études mais ceux-ci ne sont pas épargnés par l’endettement pour suivre leur cursus. La dette moyenne des Américains terminant leur formation est de 25'000 dollars.
Il y a quelques années encore beaucoup étaient d’accord de miser sur les études car ils obtenaient un retour rapide sur investissement. Ils trouvaient, en effet, par la suite un emploi bien payé. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui. Les frais d’études aux USA ayant doublé au cours des dix dernières années et le marché du travail s’étant fragilisé, ils n’osent plus faire ce choix-là.
En 2011, plus de la moitié des diplômés n’avaient pas d’emploi ou travaillaient dans un secteur sans lien avec leur domaine d’études. Que peuvent donc espérer ces étudiants qui sortent endettés mais dont les perspectives d’emploi sont, de surcroît, faibles? C’est un cercle vicieux.
Les possibilités d’éducation ne devraient pourtant pas être un luxe. Il semble donc que, pour les étudiants suisses qui désirent expérimenter une université d’élite, la meilleure solution reste l’échange. En partant un ou deux semestres, le jeune continue à payer les taxes de l’établissement dans lequel il est enregistré et demeure donc dispensé des frais d’écolage de l’institution d’accueil.
Le diplôme obtenu sera par contre délivré par l’université dans laquelle l’étudiant est inscrit. Un séjour dans une école à l’étranger fait toutefois toujours briller le CV.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le statut glorieux des universités prestigieuses. Déjà, leur histoire. La plupart d’entre elles possèdent une longue tradition d’enseignement. Ces institutions de formation bénéficient aussi de beaucoup de moyens financiers leur permettant d’investir dans le développement et la recherche. Cette dernière y est donc très importante et représente souvent une bien plus grande part que le secteur de l’enseignement.
Pour ces établissements, c’est évidemment avantageux de bénéficier d’un statut de prestige. Subventions, fonds divers et renommée (qui attire chercheurs, professeurs et étudiants) sont le sésame d’un tel prestige.
Les rankings des universités prennent en compte la qualité de l’enseignement aussi bien que la recherche. D’après le classement du Times Higher Education World University Rankings (2011), le California Institute of Technology gagne la palme du meilleur établissement de formation. Sur le plan national, on retrouve l’EPFZ en 15e position, l’EPFL en 46e. Suivent l’Université de Zürich (61e) de Bâle (111e) et de Berne (112e). Au niveau des hautes écoles romandes, figurent, notamment, l’Université de Lausanne (116e) et de Genève (130e)