Il y a quelques années encore, le tableau noir régnait en maître sur les salles de classe. Le rétroprojecteur et après lui le beamer ont bien tenté leur chance, mais il faut admettre qu'aucun d'eux ne peut concurrencer la simplicité et la fiabilité à toute épreuve d'un objet déjà utilisé sous l'Empire Romain. Car si la projection de transparents et de présentations de type Power-Point présentent des atouts séduisants, elles n'offrent pas la fonction essentielle du tableau noir: l'écriture effaçable en un clin d'oeil.
Mais depuis quelques années, des petits nouveaux sont apparus sur le marché. On les appelle Uniboard, Smartboard ou encore Activboard, et on les regroupe habituellement sous les termes de Tableaux Blancs Interactifs (TBI). Ils ont toutes les fonctions d'un tableau noir classique, mais permettent également des innovations intéressantes. Qu'ils se présentent sous la forme de grands écrans tactiles ou en utilisant la vidéoprojection, la plupart de ces tableaux d'un nouveau genre fonctionnent de la même manière: le professeur écrit ou manipule des objets en touchant directement l'écran, il peut également projeter des vidéos, du son, et enregistrer les manipulations réalisées pour un usage ultérieur ou une diffusion sur internet.
Le système Uniboard, utilisé notamment à l'Université de Lausanne (UNIL) dans une vingtaine d'auditoires est légèrement différent, puisque, s'il utilise bien la vidéoprojection, il se base avant tout sur une tablette tactile dont seul le professeur a l'usage, et dont les images sont ensuite projetées sur un mur blanc; cette solution, peu coûteuse, a pour avantage de rendre les informations écrites par le professeur plus lisibles dans les auditoires géants, tout en ayant pour inconvénient une moins grande convivialité, puisque seul le professeur peut écrire sur l'écran.
Le tableau noir a-t-il pour autant dit son dernier mot? Pas vraiment, car en réalité les changements apportés par les TBI sont assez peu perceptibles, ce que confirme Catherine El-Bez, ingénieure en pédagogie à l'UNIL, pour qui une révolution majeure pourrait intervenir avec les améliorations de tels systèmes et notamment la possibilité pour le professeur d'éditer facilement un podcast «avoir accès à des parties du cours problématiques, des points sur lesquels les étudiants ont toujours des problèmes, il s'agirait là d'une vraie révolution». Science fiction? Pas du tout, répond Catherine El-Bez: «nous attendions la nouvelle version d'Uniboard [mieux compatible avec les podcast] ce semestre». De plus, tant que la plupart des salles ne seront pas équipées
et que des problèmes techniques subsisteront, les professeurs ne seront pas particulièrement incités à utiliser Uniboard, précise l'ingénieure en pédagogie. Le tableau noir n'est donc pas (encore) à inscrire sur la liste des espèces en voie de disparition, «d'autant que certains ont déjà de la peine à utiliser Moodle...» observe Catherine El-Bez.
Le problème se pose donc sous l'angle de la volonté des professeurs, parfois peu enclins à la modernité, mais aussi de la politique conduite par l'Université, dont Jacques Lanares, vicerecteur à l'UNIL esquisse les traits: «la tendance est plutôt d'équiper les salles, sans pour autant enlever les tableaux», dont l'usage devrait, cependant, devenir de plus en plus rare.