Depuis quelques années, les rankings universitaires se multiplient et s'inscrivent dans le processus d'internationalisation de l'éducation et de la formation. Alors que de nombreux pays créent des classements nationaux, c'est surtout la publication des rankings internationaux qui retient l'attention des médias et des milieux scientifiques.
L'établissement de ces classements internationaux est récent. A ce jour, les deux principaux sont le Shanghai ranking, publié par l'Université de Jiao Tong depuis 2003 (voir encart), et le Times Higher Education Supplement (THES), publié depuis 2004. En marge de ces deux indicateurs, de nombreux autres ont vu le jour.
Ces outils sont mis à la disposition du public et des chercheurs pour évaluer la qualité de l'offre académique. Ils sont également pris en compte par les sponsors. Ils assurent une certaine transparence des milieux universitaires où sont investis chaque année des milliards par les Etats comme par les particuliers. Cette démarche s'inscrit également dans la tendance actuelle à capitaliser le savoir - dans la lignée du processus de Bologne - en mettant en concurrence les différentes universités, pour le meilleur comme pour le pire.
On distingue deux types de classement. Les teaching rankings évaluent la qualité de l'enseignement et s'adressent aux étudiants alors que les recherches ranking s'adressent aux spécialistes travaillant en milieu universitaire et aux agences de financement pour la recherche. Les différences entre classements portent sur la définition du concept de qualité, les critères et méthodes de mesure ainsi que sur le format de présentation des résultats, souvent sous forme de league tables. On constate ainsi des écarts considérables entre le Shanghai ranking, fondé sur des données objectives et concernant uniquement le domaine de la recherche et le THES qui prend en compte la qualité de la recherche mais aussi son impact, la qualité de l'enseignement, l'appréciation des employeurs mondiaux et le caractère international du personnel et des étudiants.
Ces résultats, fluctuant d'un classement à l'autre, sont fréquemment dénoncés comme ne rendant pas compte de la réalité. Les rankings n'évaluent souvent que l'ensemble des performances d'une université sans se concentrer sur un domaine (par exemple la chimie) ou un champ d'activité (par exemple la recherche). La note est globale et non pas spécifique. Or, une université peut s'avérer très performante dans un domaine ou dans un champ d'activité en particulier. Des notes plus spécialisées (par discipline ou département) permettraient de donner une image plus fidèle des établissements.
De plus, les classements ne tiennent généralement pas compte des buts et spécificités de chaque établissement, ni du cadre institutionnel, politique et culturel dans lesquels ils s'inscrivent et qui varient fortement d'une région à l'autre.
Enfin, la définition de la qualité et les façons de la mesurer sont choisies par l'organisme effectuant le classement, intégrant souvent des données subjectives dont l'évaluation demeure opaque. Les principaux générateurs de ces classements sont les autorités de tutelle de l'éducation, les établissements d'enseignement et les médias. Ces derniers (comme le TH ES) publient des classements dans un but avant tout commercial et se doivent d'être attractifs en proposant des rankings tranchés pour attirer les lecteurs.
Le classement 2010 de Shanghai - basé sur la pondération de 6 indicateurs liés à la recherche - révèle comme d'accoutumée une nette domination des institutions américaines. Sur les 20 premières places, 17 sont occupées par les Etats-Unis. Harvard est en tête pour la 8e année consécutive. Dans le camp helvétique, le meilleur classement revient à l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), 23e, suivie par l'Université de Zurich, 51e, et l'Université de Bâle,
86e. L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et l'Université de Genève se classent entre le 101e et le 150e rang. Les universités de Berne et Lausanne complètent la représentation suisse au sein du top 500. Le classement se décline également par disciplines scientifiques. A noter entre autres la 5e place de l'EPFZ dans le domaine de la chimie.
Le Top 200 du Times Higher Education Supplement (THES) - qui se base sur des données bibliométriques et des mesures de réputation auprès des pairs et des employeurs - marque également l'hégémonie des Américains, Harvard occupant à nouveau la tête. 5 institutions suisses y sont classées: l'EPFZ (15e), l'EPfl(48e) et les universités de Zurich (90e), Bâle (95e), Genève (118e) et Lausanne (136e).
Si ces rankings confèrent un fort impact en terme d'image, ils essuient pourtant de nombreuses critiques portant sur leur légitimité et leur méthodologie. On leur reproche d'idéaliser le système anglo-saxon, de favoriser les sciences exactes au détriment des sciences humaines et de s'appuyer sur des critères subjectifs. On ne saurait donc évaluer les systèmes universitaires à l'aune de ces seuls classements. En atteste ce constat issu du rapport sur l'éducation en Suisse 2010 et qu'aucun ranking ne reflète: plus de 50% des étudiants suisses fréquentent une haute école figurant dans le top 200 du classement de Shanghai, alors que cette proportion est de 20% à peine aux Etats-Unis.
Le classement académique des universités mondiales, dit le classement de Shanghai, est né en 2003 à la demande du président de l'Université Jiao Tong. L'objectif premier visait à permettre une comparaison entre les universités chinoises et les meilleures universités mondiales, de façon à proposer des opportunités d'échanges optimales à ses étudiants. Le projet initial, très modeste, rencontra pourtant un retentissement international.
Critères d 'évaluation Dans la version actuelle, le choix des indicateurs et leur pondération mettent l'accent sur la recherche en mesurant essentiellement la qualité du personnel et l'output de la recherche. Les six critères de notation sont:
Depuis 2006, le Shanghai ranking propose également des classements par disciplines scientifiques.