Si le sportif dope son corps, pourquoi l'étudiant ne ferait-il pas de même avec son cerveau? Selon l'Observatoire de la vie étudiante, 1 étudiant sur 5 aurait recours à un médicament pour améliorer ses performances intellectuelles à l'approche des examens. Dans les ¾ des cas, cette consommation se ferait sans ordonnance. Petit tour de table des substances consommées et de leurs risques.
Certains aliments sont réputés pour améliorer les performances intellectuelles. Poisson, miel et vin rouge (un verre par jour sinon l'effet s'inverse) sont censés bonifier la mémoire, alors que la lavande et la mélisse soulagent les anxiétés légères. Pourquoi ne pas, en priorité, privilégier ces produits?
D'autres substances sont naturellement présentes dans l'organisme. Pourquoi crois-tu qu'il est conseillé de pratiquer un sport pendant les périodes de révisions? Lors d'une activité physique intense, l'organisme produit des endomorphines, composés chimiques qui procurent un état de bien-être. Le sport aide aussi à se concentrer car il est accompagné d'une élévation du taux d'adrénaline qui provoque un état de vigilance accrue.
Comme tout étudiant en mal d'énergie, tu en viens ensuite aux substances moins naturelles, pas forcément nocives pour autant. Qui ne prend pas un café à 16h, quand il s'agit de tenir le coup encore plusieurs heures? Par «psychostimulants simples», il faut entendre des produits comme la caféine, la nicotine, les vitamines, qui s'opposent aux psychostimulants plus violents. Mais si ces produits stimulent la concentration, ils ne décuplent pas pour autant les performances intellectuelles. Tu travailleras plus longtemps, mais pas forcément mieux. Les effets secondaires sont négligeables, mais pas inexistants, et tu en as sûrement déjà fait l'expérience. Un bon café stimule, mais 2 litres par jour peuvent provoquer des palpitations ou des nausées qui accroissent l'état de stress. |
Par opposition aux tasses de café des distributeurs glauques de ton université, voici les pilules magiques: des psychostimulants durs, tels que la cocaïne ou les amphétamines, des anxiolytiques, des bêta-bloquants. Les descriptions qui suivent ont pour but de présenter ces médicaments, mais renseigne-toi avant de consommer quoi que ce soit.
On peut consommer des médicaments pour deux raisons: gérer son angoisse ou améliorer ses capacités. Les bêta-bloquants font partie de la première catégorie, car ils permettent de dominer le stress en ralentissant le rythme cardiaque. Comme ils augmentent les risques d'accident cardiaque ou de convulsions, ils sont fortement déconseillés hors encadrement médical. Les anxiolytiques atténuent également l'angoisse mais doivent impérativement être prescrits par un médecin car ils peuvent provoquer une dépendance, des troubles nerveux, voire des troubles de la mémoire. Enfin, près de 10% des étudiants américains consommeraient régulièrement des dérivés de l'opium (Métro Montréal 25.11.2009). Dans la seconde catégorie se trouvent les amphétamines et la cocaïne, qui stimulent la vigilance. L'effet recherché est une diminution de la fatigue et une augmentation de la concentration. En réalité, la fatigue n'est que masquée et attend l'étudiant à la sortie de son trip. Les risques sont nombreux, de la dilatation des pupilles à l'overdose, en passant par l'augmentation des fréquences respiratoires et cardiaques, l'hypertension, la dépression et les troubles de l'érection. Sans compter qu'une fragilité préexistante peut entraîner infarctus, dissection aortique ou AVC. C'est un peu la roulette russe.
Le psychologue australien Vince Cakic s'est interrogé sur la nécessité d'un test anti-dopage chez les étudiants (Journal of medical ethics 2009). Mais comment évaluer le dopage? Si ton échantillon d'urine révèle que tu as bu 10 litres de thé vert pour te tenir éveillé, est-ce du dopage? Et comment sanctionner la consommation de produits dont l'efficacité n'a, souvent, pas été démontrée? Enfin c'est une question éthique et sociale qui se pose. Faire passer des tests ferait des dopés des tricheurs et les stigmatiserait, au lieu de s'interroger sur les causes réelles qui poussent tant d'étudiants à avoir recours à un soutien chimique.