L’Université de Lausanne oeuvre afin de respecter l’environnement et ses usagers. «Le «développement durable», explique Benoît Frund, responsable d’Unibat (service des bâtiments et travaux) et de l’Agenda 21 de l’Unil, ce n’est pas seulement nous attacher à réduire notre impact sur l’environnement. Nous intégrons la problématique dans l’ensemble des champs d’action de l’institution, soit au niveau de l’enseignement, de la recherche et de l’administration du campus». En effet, le développement durable concerne une large palette de domaines.
Les démarches concernant le campus sont regroupées sous le label Campus Plus qui a été lancé à l’automne 2008. Sous ce sigle, les usagers sont encouragés à adopter des gestes simples pour diminuer l’impact environnemental de l’Unil.
L’énergie, avec la mobilité, est la première source de gaz à effet de serre d’une institution comme l’Unil. «La première chose que nous faisons, c’est de suivre de manière très rigoureuse l’ensemble des indicateurs énergétiques. Ainsi, nous sommes par exemple en mesure d’évaluer l’impact de nos actions sur les consommations.»
Pour ce qui est de l’énergie thermique, tout le refroidissement du campus est produit grâce à l’eau du lac, ce qui permet d’épargner chaque année, par rapport à un système classique à l’électricité, environ 600 tonnes de CO2. Des régulations de débit d’air et des sondes CO2 sont mises en place dans les grands locaux pour pouvoir contrôler au mieux les volumes, que ce soit pour le refroidissement ou le chauffage. Des capteurs solaires thermiques sont installés sur certains bâtiments. Toute l’eau chaude sanitaire du grand restaurant de l’Unithèque est produite de cette manière.
Les centrales de chauffe (au gaz et au fuel) sont interconnectées pour pouvoir maîtriser les rendements énergétiques. Dans les années à venir, des investissements lourds devront être faits pour remplacer ces installations par des pompes à chaleur ou d’autres systèmes utilisant des énergies renouvelables.
Quant à l’électricité, beaucoup d’efforts ont été fournis afin de freiner la hausse de la consommation. Entre 2008 et 2009, grâce à une action de sensibilisation aux économies d’énergie et au passage à des sources lumineuses économiques un peu partout, il y a eu une très légère baisse de la quantité d’électricité consommée. Toutefois, la croissance du nombre d’usagers sur le campus annihile malheureusement les gains en efficacité. Par ailleurs, depuis 2009, tout le courant électrique est d’origine renouvelable.
Benoît Frund ajoute que «le nouveau bâtiment que l’Etat de Vaud est en train de construire à la place de l’usine Leu, le projet Geopolis, sera un bâtiment MINERGIE-ECO. Il s’agit d’une des normes les plus ambitieuses pour les édifices publics.» Le bâtiment qui remplacera l’ancienne usine de meubles accueillera la faculté des sciences sociales et de la Terre. Les constructions MINERGIE-ECO répondent aux exigences élevées d’une construction prenant en compte la qualité de vie et le respect de l’environnement.
Les espaces verts sont entretenus selon des méthodes douces. Les prairies sont pour la plupart laissées en jachère, fleuries et broutées par les moutons qui sont de véritables tondeuses écologiques.
Le groupe des aménagements extérieurs récolte environ 150 tonnes de déchets dans les parcs et promenades; il en évacue 37, mais le reste est broyé sur place pour en faire des engrais, compost, matériaux de revêtement de chemins, etc.
La forêt est gérée selon les principes FSC qui garantissent une gestion écologique. Avec la collaboration des biologistes de l’Université, le groupe des aménagements extérieurs développe des traitements phytosanitaires écologiques. Plus aucun produit chimique n’est utilisé, l’Unil fabriquant son propre compost qui est directement étendu sur les surfaces. Grâce à tout cela, l’Unil dispose du label «Parc Naturel» délivré par la Fondation Nature et Economie.
«Le développement durable, rajoute Benoît Frund, c’est aussi tous les aspects sociaux et de santé. L’UNIL dispose d’une vaste palette de services pour les étudiants et les collaborateurs: aide pour trouver un logement, gestion des conflits, suivi psychologique, vaccination, don du sang, etc. Il y a une vraie politique d’égalité des chances, avec un bureau qui ne s’occupe que de cela. Nous travaillons à améliorer les accès, à tous les niveaux, pour les personnes en situation de handicap.»
Qui plus est, des recherches sont menées dans le domaine du développement durable: biogéoscience, fondements et mise en oeuvre de la durabilité, droit de l’environnement, social responsability, écologie industrielle ou encore urbanisme durable.
D’après une enquête interne menée chaque année, le M1 et les transports publics amènent plus de 70% des usagers à l’UNIL.
En 2009, pour la première fois les automobilistes ont passé en dessous de la barre des 20%. Avec la politique d’attribution des macarons de parking tenant compte du gain de temps de trajet par rapport aux transports publics, beaucoup d’étudiants habitant en ville de Lausanne ne peuvent pas obtenir une place de parc.
En matière de mobilité professionnelle, l’objectif consiste à diminuer le parc de véhicules et à le remplacer par les véhicules Mobility disponibles sur le campus. Concernant les véhicules agricoles utilisés pour les aménagements extérieurs, la plupart sont dorénavant des véhicules électriques.
Et l’UNIL d’innover également au coeur de son campus. «Nous sommes fiers d’avoir lancé au mois d’août dernier, en collaboration avec l’EPFL et Lausanne Roule, le premier système de vélos libre service de Suisse. L’UNIL dispose de trois stations, ce qui permet aux usagers de traverser le campus à vélo, ou de se rendre à Ouchy et à Morges. Sur les 18’000 emprunts effectués en 2009 dans le réseau Lausanne-Morges, 13’000 ont eu lieu sur le campus des Hautes-Ecoles!», s’enchante Benoît Frund.
Les collaborateurs d’Unibat trient 680 tonnes de déchets par année, sous la forme d’environ 25 types de matériaux différents. En 2009, plus de 55% de ces
déchets ont été recyclés: papier/ cartons, verre, fer, alu, PET, capsules de café, lavures de cuisine, cartouches de toner, matériel électronique, etc. Ils sont déposés par tous les usagers du campus dans les poubelles spécifiques disposées un peu partout. Dans chaque bâtiment se trouve un centre au sous-sol où les déchets sont rassemblés et triés.
La démarche d’Unibat consiste ensuite à contrôler le traitement et le recyclage jusqu’au bout de la filière. Avec différents partenaires, le service suit le cheminement de tous les matériaux pour qu’ils soient effectivement recyclés.
Par exemple, tous les déchets de nourriture (46 tonnes en 2009) sont confiés à la Ferme des Saugealles au-dessus de Lausanne, qui les transforme en biogaz pour produire de l’électricité pour environ 80 foyers de la région. Les vieux ordinateurs sont apportés dans des ateliers protégés où ils sont démontés pour récupérer les différents métaux. «Dans une perspective de développement durable, rappelle Benoît Frund, trier ses déchets c’est bien, en diminuer la production c’est mieux.»