Suite de la série dédiée à la Haute école Spécialisée de Suisse occidentale. Dans cet épisode avec Joseph Coquoz découvre l'un des 7 domaines, le travail social. |
Pourriez-vous nous faire une courte description du domaine travail social?
Nous avons pris une grande option à partir de 2006, avec le système de Bologne, à partir du moment où nous avons décidé de passer de 3 filières à 1 seule filière. Ceci a eu bien entendu des conséquences assez importantes ! Car d'une organisation à 3 filières où 3 métiers étaient représentés, nous sommes passés à 1 seule filière. Les 3 métiers sont devenus 3 orientations.
Les étudiants peuvent donc choisir entre les options éducation sociale, animation socio-culturelle ou service social. Concrètement, le volume des cours communs reste présent en début de cursus, puis les étudiants se spécialisent de plus en plus.
Le deuxième grand changement est que les écoles doivent maintenant pouvoir proposer aux étudiants toutes les filières, alors qu'avant on pouvait trouver des écoles ou seulement une filière était présente. Les programmes doivent donc être pensés dans une logique d'harmonisation, en définissant des modules communs, avec des objectifs semblables. L'étudiant qui termine sa première année doit avoir les mêmes connaissances, qu'il se trouve à Fribourg ou à Lausanne.
Ce changement offre un plus aux travailleurs sociaux. Effectivement, dans le travail social, l'usure professionnelle peut être très importante. C'est donc très intéressant d'avoir des diplômes qui portent le titre travail social, même si l'orientation est spécifiée, qui permettent ensuite aux personnes de bouger plus facilement et d'avoir un parcours professionnel plus varié entre les différents secteurs.
Si nous adoptons une approche par orientation, quelles sont les spécificités?
En 2000 la HES-SO avait lancé un travail comparatif sur les 3 professions. Le but était d'établir des référentiels métiers pour chaque profession. Les résultats ont été très clairs: les qualités et les compétences requises pour chacun de ces métiers sont très semblables. On pouvait d'ailleurs bien se l'imaginer ! C'est certain cependant qu'il y a aussi des spécificités. Par exemple, un assistant social doit être un bon connaisseur du droit et il doit avoir une très grande rigueur dans les procédures et la gestion des dossiers. D'un autre côté, un animateur est beaucoup plus dans le créatif, il est proche de la vie. De son côté, l'éducateur, dans son identité professionnelle, veut toujours apporter du changement chez autrui. Le champ professionnel est tellement vaste et tellement varié! Il y a réellement une immense palette de domaines où les travailleurs sociaux sont demandés (ressources humaines, sécurité au travail, ...).
De plus, je fais le pari que d'ici quelques années, avec le système de Bologne, les étudiants vont faire un bachelor en travail social, puis ils feront un master en économie ou en droit. Ces personnes- là auront un profil réellement intéressant et sans doute très demandé ! Je me réjouis de voir quels seront les effets de ces nouveautés.
Quel est le profil de vos étudiants?
Maturité économique, maturité professionnelle, école supérieure de commerce, des universitaires, beaucoup d'étrangers (qui vivent ici)… Le profil des étudiants est très varié ! La plupart de ces personnes n'ont pas eu u parcours scolaire en ligne droite. D'ailleurs, nombre de nos étudiants ont déjà un certain âge.
Nous avons aussi environ 30% de nos étudiants qui suivent une formation dans le domaine travail social en travaillant, ils cherchent à faire une reconversion professionnelle.
Comment gérez-vous l'organisation par site?
Nous avons 4 écoles (Genève, Fribourg, Sierre, Lausanne), et nous cultivons les différences entre ces écoles. Toutefois, la conception du programme permet aux étudiants de circuler entre ces écoles, car le programme bachelor comprend 3 étapes. La première année, qui se termine par un semestre de stage ; nous avons ensuite un semestre d'orientation ; finalement dans la 3ème étape nous proposons des offres de cours coordonnées entre les sites. Pendant la 3ème année, 60% des étudiants vont suivre des cours dans une autre école. C'est une très bonne chose ! Car cela donne la possibilité aux étudiants de découvrir de nouveaux sites, de nouveaux enseignants, de nouvelles bibliothèques. En plus, il s'agit d'un moment où ils réfléchissent à leur mémoire et donc cela favorise fortement la cohésion entre les écoles. Ces offres sont centrées sur des champs spécifiques (handicap, addiction, …). Les étudiants seront de cette manière bien plus pointus dans ce domaine. Cela permet de donner une teinte à leur diplôme.
Quelles sont les conditions d'admission pour les différentes filières?
Les conditions d'admission sont les mêmes pour toutes les filières. C'est un processus qui est long : les étudiants doivent avoir fait 6 mois de stage professionnel, fournir un dossier sur leur parcours ainsi que sur leurs motivations, puis finalement passer un entretien. Une fois que l'étudiant est admis, il peut alors s'inscrire dans l'école de son choix, pour autant qu'il y ait encore de la place.
La mobilité entre votre domaine et les universités est-elle forte?
Dans nos écoles nous avons beaucoup de candidats porteurs de maturités qui se sont inscrits à l'université et, en même temps, qui ont entrepris une procédure HES. En effet, entre les candidats qui ouvrent des dossiers et ceux qui arrivent au terme, nous avons une déperdition de 30% (en gros). Ce sont soit des gens dont on n'entend plus parler, soit des gens qui ont finalement choisi de faire autre chose. Car entre le moment où la personne ouvre son dossier et le moment où elle est admise, on peut avoir parfois de 2 à 3 ans.
D'un autre côté, nous avons aussi des personnes qui ont commencé l'uni mais qui trouvent cela trop théorique et qui viennent alors chez nous.
Nous pouvons dire qu'il y a une porosité assez forte entre l'uni et le domaine du travail social ; en partie car les filières sciences humaines dans les universités ne sont pas des filières professionnalisantes.
D'un autre côté, il y a beaucoup d'étudiants qui, au moment d'arriver au terme de leurs études, aimeraient les poursuivre. Pour l'instant, étant donné que ce n'est pas possible en HES, ils se dirigent tout naturellement vers l'université. Mais avec les nouveaux programmes master, qui seront accessibles dès 2008, nous allons sûrement voir ce phénomène diminuer.
La mobilité avec l'étranger se fait surtout autour des stages. Au niveau des programmes d'enseignement ce n'est pas facile d'avoir des échanges car ils sont pensés totalement différemment entre les pays qui nous entourent. De plus, il y a très peu de facultés universitaires qui proposent des structures semblables aux nôtres.