D'une façon maladroite, elle arrête le réveil qui sonnait sans cesse depuis un certain moment. Il faisait si froid à l'extérieur qu'elle n'a pas pu résister à la tentation de la tiédeur des draps, et s'est vite endormie.
Quelques minutes plus tard, d'un saut elle est hors du lit, se dirige vers son sac et, avec angoisse, fouille son agenda. En effet, ce matin elle a un examen. Immédiatement, elle se met en route, alors qu'elle avait décidé de fuir les cours ce matin.
Pas le temps pour prendre une douche, ni même pour un petit café. Elle s'habille, brosse ses dents et part. A bout de souffle, elle arrive au quai numéro un, le train était déjà en gare, mais le panneau affichait un retard de quinze minutes.
Elle attache ses longs cheveux blonds, pendant qu'à son côté un homme à lunettes la regarde et semble la dévorer des yeux. Elle rentre dans le train, il reste assis sur la banquette, en lisant un ouvrage de Georges Bataille. Elle ouvre son bouquin d'histoire et essaie vainement de faire une dernière lecture. Perturbée par les regards insistants de cet homme, elle laisse ses notes et suit le petit jeu de séduction. Des sourires furtifs qui s'échappent, des regards complices qui traversent la vitre de la fenêtre et vont se trouver au milieu de rien.
Elle essuie la transpiration des mains, et son ventre se serre lorsqu'elle pense à aller plus loin avec ce parfait inconnu.
Consciente du caractère éphémère des choses, et persuadée que, pour profiter de la vie, il faut saisir l'occasion, elle prend un petit miroir, se regarde, accommode ses cils, met le capuchon de sa veste, et descend du train. Il abandonne son livre et allume une cigarette.
Sans le quitter un seul instant des yeux, elle s'approche lentement, à pas doux mais fermes.
À ce moment, tout s'oublie; le monde, le test, le froid, le retard, je ne te connais pas, moi non plus, enfin, toutes ces choses-là ne comptent plus. Elle s'arrête devant l'homme, lui prend sa cigarette, et s'en débarrasse. Ensuite, elle tâte délicatement le profil de ce grand provocateur. Il ferme ses yeux, moment dont elle profite pour rompre cette espèce d'ensorcellement, malgré cela elle reste captivée. Subtilement, elle lui touche les lèvres, ce qui déchaîne la passion la plus vive qu'elle n'avait jamais éprouvée auparavant. Il la prend par la ceinture, l'approche, et le fait de sentir sa respiration haletante l'excite encore plus. Ils s'embrassent longtemps, jusqu'à ce qu'elle revienne dans la réalité, et se rappelle toutes ses affaires dans le train.
Ils se détachent l'un de l'autre, mais lui, il reste accroché à sa main.
- Je suis Louis, pars pas !!! suppliet-il
- Moi Julie, faut que j'y aille !!! répond-elle.
- Hélas !!! soupire-t-il...