La joyeuse clique des journaux estudiantins va bien. Merci pour elle ! La note volontiers acerbe de l'écriture et l'ambiance très décontractée des rédactions entretiennent un moyen de communication privilégié entre étudiants et membres de la communauté en premier lieu, mais également vers l'extérieur de l'alma mater. Au terme de notre enquête dans les unis romandes, il apparaît que les canards sont la plupart du temps confrontés à des défis similaires. Tout d'abord, la nécessité de dégotter de nouveaux fonds. Les caisses universitaires ne semblent plus capables de soutenir l'effort journalistique de leurs ouailles. Les solutions sont donc à rechercher auprès des annonceurs privés. A la clef: un nouveau job de démarcheur à maîtriser et de nouvelles données à prendre en compte, notamment l'arrivée des publicités et la perte d'indépendance qui peut s'ensuivre.
Valeur de base
Les rédacteurs rencontrés ont ceci en commun: mordicus, ils ne lâcheront pas leur liberté de passer tout méritant à la critique. Le journal d'étudiant est encore affranchi d'un trop fort «journalistiquement correct». Et compte bien en tirer le meilleur! Fait intriguant, aucune rédaction ne prétend néanmoins suivre une ligne politique précise. C'est certainement sur ce point que les journaux d'étudiants ont le plus évolué lors des vingt dernières années.
Rassembler les talents
Au chapitre des défis, le journal estudiantin souhaite rassembler des étudiants issus de toutes les facultés. Certes, les futurs lettrés ou journalistes ont une attirance particulière pour le monde de la presse. Il n'en reste pas moins que de nombreux autres étudiants souhaitent exercer leur plume. Difficile de pousser la porte des rédactions ? Les intéressés devraient pour une fois se fier aux étiquettes: l'ambiance des salles de rédac est plaisir.
le cafignon
tirage: 2500 ex., 4/an
distribué à l'uni et en ville
sa signature: «une page d'une couleur et toujours bien pensée!»
«Il ne faut pas craindre le bruit des bottes mais le silence des pantoufles»; la devise du journal de l'uni de Neuchâtel donne d'entrée le ton. Vincent Prébandier, membre du noyau rédactionnel, lui fait écho. «Nous essayons de ne pas rester dans nos pantoufles, de faire bouger les choses dans la mesure de nos moyens.» En particulier actif sur les sujets de la vie universitaire, le Cafignon ne veut pas restreindre le champ de ses investigations. «Tout fonctionne par périodes. Aujourd'hui, notre université est en pleine crise, nous essayons de faire campagne. Mais tous les sujets sont les bienvenus !» Lorsque l'on évoque la ligne politique du Cafignon, l'équipe de rédaction est catégorique: «Nous ne prenons pas position sur le plan politique ou religieux. L'analyse se tourne de tous les côtés.» Sans être catastrophique, la situation du journal est devenue cette année «préoccupante»: certains acquis sont menacés par un cruel manque de moyens financiers. «Il chancelle mais ne tombe pas!» assure Vincent. «Nous allons plus nous appuyer sur notre nouvelle équipe marketing afin de dégotter des annonceurs.» |
courants
tirage : 2500 ex., 3-4/an
distribué à qui veut bien le prendre
sa signature: «la sans-titre», page des bizarreries
A l'uni de Genève, il existe un journal d'expression estudiantine, «où les choses se déroulent parfois de manière aléatoire», selon les dires de la rédaction. Le message est clairement passé et on aura compris pourquoi. Courants s'écrit au pluriel: le canard se veut rassembleur. «Nous acceptons tous les articles qui nous sont proposés, sauf s'ils ont un caractère publicitaire ou discriminatoire.» Résultat de ce joyeux mélange, des articles traitant des sujets les plus divers, s'aventurant souvent bien au-delà de la sphère de l'uni. En point d'orgue, la « sans-titre » est dédiée aux créations les plus loufoques, «sélectionnées selon des critères tels que l'absurdité, l'incohérence et la subjectivité.» Coté objectif, la rédaction ne souhaite pas relever d'illusoires défis. «Notre but est de proposer un espace d'expression. Tous les rédacteurs sont étudiants, et nous pouvons compter sur le soutien d'un graphiste professionnel. Notre objectif consiste à ce que tous les numéros prévus paraissent !» |
l'auditoire
tirage : 19'000 ex., 6/an
envoyé à tous les étudiants Unil/Epfl et communauté
sa signature : «La dernière page, intitulée Chien Méchant, tout y passe !»
Le ton se veut volontiers acerbe et l'ambiance plutôt décontractée. Au sein de la rédaction de L'Auditoire – près de 19'000 exemplaires distribués entre autres à tous les étudiants UNILEPFL - on manie la critique avec un plaisir certain. Selon les dires de Philippe Roten, co-rédac chef aux côtés de Jérome Jacquin, «la ligne politique du journal s'est clairement affaiblie. Auparavant, les tendances étaient beaucoup plus marquées.» Reste le goût d'une vision décalée. «Nous tentons de nous tourner vers des sujets de société, traités de manière plus digeste mais marqués du sceau de la critique.» Succès assuré via la rubrique «Chien méchant », véritable signe de fabrique du journal lausannois. Fidèle à cette ligne de conduite, le journal veut encore diversifier ses points de vue. «Entre autres défis, nous souhaitons attirer des rédacteurs de tous les horizons académiques: de l'EPFL aux sections de droit ou d'économie. Un meilleur équilibre entre les tendances serait la clef d'un traitement optimal des sujets.» |