La rubrique 360° présente les hautes écoles romandes en mettant en avant leurs spécificités |
etudiants.ch: Professeur Altermatt, comment se porte l'Université de Fribourg?
Elle se porte très bien. Nous avons constaté une impressionnante croissance cette dernière décennie. Dans les années 80, nous ne comptions que 4'000 étudiants ! Fribourg fait maintenant partie de la ligue des universités de 10'000 immatriculés, ce qui la met sur le même niveau que Lausanne. Cette croissance a été très forte en comparaison des autres universités...
Au-delà de ça, il s'agit maintenant de consolider cette croissance, tâche à laquelle nous nous sommes attelés avec notamment la mise en service du nouveau site de Pérolles II pour les Sciences économiques et sociales à la rentrée d'octobre 2005.
Une inauguration qui aura fait couler pas mal d'encre...
oui... (sourire poli)
Et au niveau stratégique?
Nous cherchons à exploiter au mieux notre position au centre de la Suisse et de l'Europe. De plus, notre Université est la seule académie bilingue de Suisse, ce qui lui donne un esprit typique. Pour les chiffres, Fribourg compte 50% d'étudiants germanophones, 30% de francophones et également 8% d'italophones.
Et au niveau des collaborations?
On peut répondre sur deux niveaux. D'un point de vue national, nous avons principalement le réseau BENEFRI (Universités de Berne, Neuchâtel et Fribourg), qui est ce que l'on peut appeler une collaboration à géométrie variable, qui va du cours individuel au programme intégré.
Et en ce qui concerne l'international, nous avons une longue tradition internationale, avec des partenariats avec des hautes écoles dans toute l'Europe, une spécialité sont nos relations privilégiées avec les pays du centre et de l'Est du continent, comme la Pologne. En dehors de l'Europe on pourrait mentionner par exemple des partenariats au Québec, avec qui nous partageons le bilinguisme.
Quels sont les projets de l'Université?
Suite à un mandat des gouvernements bernois et fribourgeois, nous sommes actuellement en train de fortifier la collaboration entre les facultés de Sciences et de Médecine de nos universités respectives afin de créer un troisième pôle de recherche en Sciences naturelles «Mitelland», à la suite de Zurich et Genève-Lausanne. Nous sommes également en train d'achever un centre de formation continue pour des Masters of advanced studies, qui sera prêt pour cet automne si tout va bien. Nous peaufinons de nouveaux masters en Etudes européennes et en European business pour fin 2006, afin d'attirer de nouveaux étudiants étrangers. Je crois que notre position centrale, en Suisse ou en Europe, implique pour nous une certaine responsabilité de ce côté-là.
Quelle vision avez-vous de l'étudiant fribourgeois? |
Quelles sont les opportunités offertes aux étudiants?
On revient à nouveau au bilinguisme, qui est une opportunité et pas une obligation chez nous! Nous avons développé le programme «Bilingue plus», qui pour le moment n'est disponible que pour les étudiants en Droit. Ce programme volontaire vise a former une élite d'académiques vraiment bilingues en français et allemand. En plus de l'apprentissage de la langue par immersion, ce programme contient également des cours de langue, qui sont évalués. Même si la charge de travail supplémentaire est considérable, «Bilingue plus» attire beaucoup d'étudiants, et il semblerait que les francophones soient cette fois plus nombreux que les germanophones !
Est-ce que cette offre va s'étendre aux autres facultés?
C'est prévu, nous sommes en train d'en trouver les moyens. Mais ça viendra, car on a constaté que les étudiants sont demandeurs, l'intérêt pour les études bilingues est grand, et il y a un bon nombre d'étudiants intéressés pour en faire encore plus..
Vous parlez financement, quelle est la part de financement privé pour l'Université de Fribourg?
Une «Fondation Université de Fribourg» a été créée fin 2005 pour faciliter l'acquisition de finances privées. Mais pour l'instant cette part est encore modeste. Le potenitel est là, mais nous resterons toujours une université publique. Des partenariats se font déjà depuis longtemps notamment sous forme d'expertises de Droit, mais aussi en Economie et en Sciences sociales, et également sous forme d'entreprises «spin off», surtout en Sciences...
Quelles relations l'université entretient-elle avec les HES voisines?
A Fribourg, nous avons le site du plateau de Pérolles, qui réunit côte à côte l'Université et les HES. Ce sont des voisins immédiats, ce qui est véritablement une situation exceptionnelle pour une ville de 36'000 habitants. C'est également un cadre idéal pour envisager des collaborations, ce qui est déjà le cas pour l'Informatique. D'autres projets sont en préparation, et dans 5 ans, on en saura plus. Mais il y a un fort potentiel à développer.
Est-ce que ces projets entraîneront des modifications dans les cursus?
A court terme, la réponse est non. Rien de tel n'est prévu. Mais nous allons étudier des opportunités qui se présentent, notamment en Travail Social, qui pour le moment est enseigné dans notre Université et en HES.
Est-ce que cela veut dire qu'à l'avenir le travail social s'étudiera hors de l'uni?
Non je ne crois pas. Je crois plutôt qu'à l'avenir il y aura une plus grande différentiation entre l'offre de l'Uni et des HES dans ce domaine. Mais comme je vous l'ai dit, tout est encore ouvert.
Dans le cadre de la «révolution de Bologne», certaines mesures ont fait grand bruit, comme la suppression des chaires de grec ancien et d'italien à Neuchâtel. Est-ce que de telles mesures sont aussi à attendre à Fribourg?
Pas de suppressions à attendre, mais il faut discuter... Bologne a heureusement consolidé les collaborations intra et inter universités, les responsables se rendent compte qu'il faut collaborer pour maintenir toute la diversité de l'offre universitaire.
Un message pour vos étudiants?
Profitez du bilinguisme, et profitez de cette atmosphère unique en Suisse !
...et pour ceux qui n'ont pas choisi Fribourg?
Obtenez au plus vite votre Bachelor, puis soyez mobiles, et venez à Fribourg!