Concilier études et paternité
Tu n’as pas fini tes études et un petit ou une petite va (ou a déjà) pointer le bout de son minuscule nez dans ta vie? Tout d’abord, félicitations! Et ne t’inquiète pas, il existe mille façons d’élever et d’aimer un enfant. Etudiant, tout est question d’organisation.
Les cantons, les universités et les hautes écoles de Suisse romande proposent des aides financières, qui peuvent t’être d’un grand secours dans ta nouvelle vie de papa. Abandonner les études? Ce serait dommage si tout se passait bien jusqu’à maintenant. Il existe plusieurs types de solutions, il y en a certainement une adaptée à ta situation.
La première démarche que tu peux effectuer, ceci même avant l’éclosion de ton petit œuf, est de t’adresser à l’office des bourses d’études et d’apprentissage de ton canton.
Si tu es déjà au bénéfice d'une bourse d'études, ton dossier sera réexaminé. «La constitution de sa cellule familiale sera aussi modifiée par la prise en compte du nouveau-né», précise Giancarlo Valceschini, directeur du département de la Formation, de la Jeunesse et de la Culture du canton de Vaud.
Il ajoute que si ta compagne a un revenu, il sera déduit du montant des aides cantonales. Si elle travaille à 100% et que se pose le problème de la garde de l’enfant, une aide pour la prise en charge des frais de garde est possible via les prestations complémentaires cantonales pour familles (PC Familles), nouveau dispositif entré en vigueur en octobre dernier.
Après le recours aux bourses, différentes organisations sont présentes pour te faciliter la vie: les fonds d’aide sociale des universités sont des fonds de solidarité, ayant pour but de permettre à chacun de poursuivre ses études dans de bonnes conditions.
Ils sont alimentés financièrement par une partie des taxes semestrielles payées par les étudiants (chouette, on est tous solidaires sans même le savoir!). Ce fonds est amené à t’aider de façon ponctuelle: pour un petit dépannage financier voire une dispense partielle de tes taxes semestrielles. Maria Velasco, conseillère sociale à l’Université de Lausanne explique: « nous sommes aussi là pour informer les étudiants sur leurs droits, par exemple les étudiants étrangers ou réfugiés qui connaissent mal le système suisse, et ne sont par exemple pas au courant de l’existence de subsides et de prise en charge de leurs frais médicaux ou dentaires».
Tu devras fournir un budget au service social de ton université, comprenant tes ressources financières et celles de ta compagne, plus une estimation des dépenses qu’occasionne ta nouvelle vie de papa. Intègres-y ton horaire universitaire et ton travail d’appoint, ainsi que le nombre et l’âge de tes enfants. Ton dossier sera ensuite présenté à la Commission sociale qui pourra alors prendre une décision au cas par cas, une fois en possession de tous les éléments. Le montant des aides octroyées varie de 200 à 800 francs par mois.
Que tu sois papa plutôt que maman ne change strictement rien à la situation concernant les aides familiales auxquelles tu as droit dans le cadre des universités. « Les subventions pour parents, ainsi que les autres offres pour l’accueil de l’enfance sont accordées à des familles et peuvent ainsi être demandées indistinctement par les pères et par les mères », précise Stefanie Brander, déléguée du bureau de l’égalité des chances de l’Unil. Courage, tu n’es pas seul !
Au niveau des aides sociales demandées par les étudiants, Marc Simond, conseiller social à l’Université de Lausanne, déclare avoir constaté une augmentation des demandes d’aides ces cinq ou six dernières années: « Peut-être à cause des difficultés économiques, mais il y a aussi plus de demande de la part des étudiants étrangers au bénéfice d’un permis B ou L; ou encore des étudiants qui reprennent des études après une première formation. Ces derniers sont alors plus âgés, la trentaine environ. »
Quelquefois, le parent a besoin d’aide même s’il n’a pas la garde de l’enfant. Yvan Devenoges, conseiller social à l’Université de Lausanne, raconte: « Je me souviens d’un étudiant de 21 ans qui payait une pension alimentaire pour son enfant. Il payait 300 francs par mois sur un budget de 1800 francs. Cela précarisait sa situation; mais il assumait la charge de son enfant. C’était tout à son honneur. »
Le problème des crèches (aïe, ça commence bien…), c’est qu’elles sont ouvertes aux enfants des étudiants et des collaborateurs qui travaillent à l’université. Cela fait pas mal de monde pour peu de places! A titre d’illustration, la crèche de la HES de Fribourg en comporte douze, celle de l’Université de Lausanne, trente-sept… La seule solution étant de s’y prendre très à l’avance. A bon entendeur!
Pour continuer sur une note plus positive, sache que les crèches universitaires sont environ 40 à 90% moins chères qu’une crèche classique car le tarif est placé en fonction du revenu des parents. Ça fait toute la différence! Et tu peux bénéficier là encore d’une aide financière. Les chiffres entre 2009 et 2011 pour l’Université de Lausanne: 6 familles ont reçu une aide pour les frais de garderie, dont environ une par année sollicitée par un père.
Dès deux mois, ton petit bout d’chou sera le bienvenu à la crèche et encadré par des éducateurs diplômés. Certaines crèches, comme celle de l’uni de Fribourg, sont bilingues; d’autres mélangent allégrement toutes les tranches d’âge, pour être plus proche d’un modèle familial… Grand format!
Le surmenage est l’étape qui précède le burn-out. A vouloir trop en faire, pour les études, ton enfant, plus ton job d’étudiant, tes nerfs lâchent… C’est douloureux et il se peut que tu mettes beaucoup de temps à t’en remettre. Alors n’attend pas le burn-out pour faire une pause ou alléger tes semaines! Apprends à repérer les signes précurseurs: fatigue, irritabilité, troubles digestifs, insomnie, voire carrément déprime… Prends un peu de temps pour toi si tu vois apparaître ce genre de symptômes. Si les problèmes persistent, pense à réaménager ton quotidien, il existe plusieurs solutions tout à fait compatibles avec ta nouvelle vie. Des conseillers sociaux et des psychologues sont aussi à ta disposition dans le cadre de l’université pour toute question ou demande de conseil plus précis, gratuitement la plupart du temps. N’hésite pas à solliciter leur aide!
Au niveau du Master, il est possible d’organiser ton plan d’études afin de l’effectuer à temps partiel, si tu as des motifs particuliers qui le justifient. Devenir papa, par exemple… La durée de six à huit semestres à temps plein peut s’allonger à douze, voire quatorze semestres au maximum (sept ans, quand même!). Par contre, tes taxes semestrielles, elles, ne seront pas abaissées.
Sinon, il existe des possibilités d’études à distance, en formation universitaire ou continue. Cela s’appelle Unidistance et te permets de faire un Bachelor ou un Master reconnu au même titre que ceux de l’uni, mais depuis chez toi! Cela concerne les études en sciences économiques, lettres, mathématiques ou psychologie; et dure entre six et douze semestres. Les examens écrits semestriels se déroulent à Sierre. Une solution pour tous ceux qui, en plus de leur nouveau rôle de papa, ont besoin de conserver une activité rémunérée: une triple vie, sans se prendre la tête!
ES