Étudiant un jour, étudiant toujours. Afin de ne pas moisir dans le temple universitaire tel le morceau de gruyère de ton coloc qui traîne depuis des mois dans le frigo, « Etumag » te fournit dix bonnes raisons, entre bon sens et mauvaise foi, de ne pas intégrer les sacro-saints murs du savoir.
1. Non, n’y va pas ! Passer cinq ans entre quatre murs sans aucune forme de procès, au pays des droits de l’homme et des conventions de Genève ! Sache que tu as des droits avant de finir emprisonné dans la tour universitaire infernale. Et justement tu as le droit de ne pas t’enfermer dans une alma mater aux sombres passages, tellement noirs qu’ils ressemblent aux couloirs de la mort.
2. Oppose-toi à tes parents ! Résiste, prouve que tu existes. Rebelle-toi contre l’ordre établi. Ce n’est pas parce que chez toi on est avocat de père en fils, depuis dix générations, qu’il faut inévitablement se coltiner des pavés de textes de lois longs comme un jour sans pain.
3. Songe à tes vieux jours ! Ton pain, justement. Penses-tu vraiment que tu arriveras à gagner ta croûte avec le fort taux de chômage qui touche les jeunes diplômés ? Lorsqu’on sait qu’un maçon gagne, en moyenne, 5'000 francs par mois et qu’un plombier se fait 100 balles de l’heure. Réfléchis bien avant de t’engager dans de longues et fastidieuses années d’études. En outre, en intégrant le marché du travail sans passer par la case « hautes écoles », tu peux espérer avoir ta retraite à 65 ans. Hé oui, qui dit formation, dit absences de cotisations au deuxième pilier. Autant d’années de perdues que tu devras racheter au prix fort, une fois dans la vie active, si tu veux espérer recevoir les indemnités pour tes vieux jours. Et cela avant de te retrouver quatre pieds sous terre !
4. Pense à la mort ! Étudiant soucieux de ta santé en général et de tes organes en particulier, cette raison est pour toi. En refusant d’intégrer le bastringue universitaire, tu prolonges ton espérance de vie, car qui dit haute école dit fiestas à gogo. L’alcoolisme précoce guette. Es- tu sûr de vouloir sacrifier ton foie sur l’autel du Savoir ?
5. Révolte-toi ! Ne pas intégrer l’uni, c’est faire un acte citoyen. Non seulement, tu économises sur les taxes d’études - qui vont prendre l’ascenseur ses prochaines années - mais, en ne donnant pas un pécule à l’institution universitaire, tu refuses aussi de participer à un système de financement opaque. Tu ne voudrais pas que ton argent se retrouve dans les poches de professeurs et accessoirement chercheurs peu scrupuleux et vendus aux grandes firmes qui financent leurs travaux ?
6. Rejette la science ! Effectuer un travail de bachelor sur l’utilisation de l’imparfait chez l’écrivain Flaubert, un exposé de master sur l’usage des guillemets en français et une thèse sur l’obscur troubadour, Bernart Marti, que personne ne connaît sauf ton professeur, penses-tu vraiment que ça va t’aider à intégrer le monde du travail ?
7. Fais pas ta Cendrillon ! Passer six mois à trouver un logement digne de la chambre de Cendrillon en raison de la crise du logement qui sévit dans la plupart des villes universitaires romandes pour un loyer à quatre chiffes, franchement est-ce que ça en vaut la peine ?
8. Halte aux zombies ! Entre Madame « Sac Louis Vuitton », Mademoiselle « Je sèche les cours et te demande systématiquement tes notes que j’oublie toujours de te rendre » et Monsieur X (personne n’a jamais connu son véritable prénom, lui-même ne s’en souvient pas !), le vieillard oublié au fond de la classe qui fait partie des meubles tellement ça fait longtemps qu’il hante les murs du savoir, es-tu vraiment sûr de vouloir faire l’uni ?
9. Préserve l’environnement ! Passer des nuits blanches à potasser « l’Homo academicus » de Pierre Bourdieux use non seulement tes nerfs et tes neurones mais aussi ton porte-monnaie. À l’heure où les coûts de l’électricité augmentent au fur et à mesure que l’eau des barrages diminue, pense à notre planète bleue. Débranche et va dormir.
10. Dis non à la coloc ! Entre celui qui ne fait jamais le ménage, celle qui rentre, chaque fois, bourrée à 4 heures du mat et celui qui apprend la batterie, es-tu vraiment certain de vouloir te taper cinq ans de colocation ? Mais aux côtés de ton coloc qui ignore le sens du mot « propreté », de Madame « Sac Louis Vuitton » et de Monsieur X, l’uni c’est une fabuleuse école de la vie. Tu y emmagasines des connaissances et des diplômes, certes, mais tu participes aussi au façonnement de la société de demain, à travers l’esprit critique que tu y acquiers. Sans oublier que ce sera la seule période de ta vie où l’on ne te reprochera pas de rien faire. « Le pauvre petit, il a ses examens, il doit se reposer pour être en forme pour réviser. Laissons- le dormir jusqu’à 11 heures ». Tu n’entendras plus souvent cette phrase, une fois entré dans la vie active. Paroles de sage ! FG