LA SUISSE À LA RENCONTRE DE L’AMÉRIQUE LATINE
À priori tout sépare Raphaël Jud de Leo Avila. Le premier est suisse, le second vient du Mexique. L’Helvète étudie les sciences politiques au niveau bachelor, l’autre termine son master en socioéconomie à l’Université de Genève. Au bagout de l’un répondent les gestes amples de l’autre...
Le seul point commun qui relie les deux jeunes gens? Leur passion pour l’Amérique latine. «Après l’obtention de ma maturité, j’ai réalisé mon service civil. Avec l’argent que m’a rapporté cette activité, j’ai décidé de voyager dans ce coin du globe, par curiosité. Par les pays traversés, je me suis rendu compte que l’Amérique latine ne formait pas une entité unique. Plus qu’un continent, cette région du monde m’a surpris tant par sa diversité géographique que culturelle. J’y ai rencontré des gens ouverts et très chaleureux alors qu’en m’y rendant je ne savais que deux trois mots d’espagnol», explique Raphaël Jud. Une fois diplômé, le jeune homme envisage, d’ailleurs, d’œuvrer dans le développement en faveur de la population de cet endroit de la planète.
CHOC DES CIVILISATIONS
Originaire du Mexique, Leo Avila a, lui aussi beaucoup roulé sa bosse. À l’âge de quinze ans, il quitte son pays d’origine pour les USA. Puis, il gagne la France et la Suisse. Mais c’est Outre-Sarine qu’il a vécu son plus grand choc culturel. «J’ai effectué un séjour d’échange universitaire à Zurich et je dois bien avouer qu’un monde sépare Genève de la capitale économique. La culture germanophone est totalement différente de celle de la Romandie, plus latine. Il a fallu non seulement s’habituer à une nouvelle langue mais également à d’autres manières de penser et de se comporter. Au début, j’étais un peu déboussolé. J’avais l’impression d’être dans un autre pays», confie-t-il.
OPÉRATION SÉDUCTION
Les deux jeunes gens se sont rencontrés grâce à l’ALMA, l’Association des étudiants latino-américains de l’Université de Genève qui existe depuis plus de trois ans. La structure propose toute une série d’animations: conférences, projections, cours de danse, ateliers cuisine... «Notre organisation vise à intégrer sur le campus les étudiants latino-américains. Elle concerne donc, en premier lieu, les individus issus de cette région du monde. Mais, dans le but de favoriser la rencontre interculturelle, notre société est ouverte à toute personne intéressée de près ou de loin par la culture latine», souligne Raphaël Jud. À cet effet, le groupement lance, chaque année, en novembre, son opération séduction. Le hall d’Uni Mail – un des bâtiments de l’Université de Genève - vibre alors aux rythmes latino-américains. Démonstrations de danse et de musique sont présentées durant les intercours. Chaque nation du continent est, en outre, représentée par un stand. «Et, dans le souci de favoriser le dialogue interculturel, nous invitons toujours un pays tiers, comme hôte d’honneur», précise Leo Avila. L’association organise aussi des soirées à but caritatif. L’année passée, elle a récolté des fonds pour l’association Genève Tiers Monde, qui a, notamment, aidé des enfants handicapés, au Pérou.
Pour rentrer dans ses frais, l’ALMA met sur pied des soirées de soutien. L’association peut aussi compter sur une petite subvention de sa haute école. Quant aux cotisations des membres - 15 francs par an -, elles apportent un peu de beurre dans les épinards.
PORTE OUVERTE
Sans surprise, l’organisation accueille en son sein beaucoup d’étudiants latino-américains mais pas uniquement. Il y a aussi des Hispanophones, des Africains, des Russes... Et des Suisses allemands, attirés par cette culture haute en couleurs. «Notre présidente est d’ailleurs suisse alémanique», conclut, dans un clin d’œil, Leo Avila. MB