Lorsque l’on parle de faculté de théologie aujourd’hui en Suisse, on imagine bien trop souvent une machine peu importante uniquement destinée à fabriquer prêtes et pasteurs, où les filles seraient peu présentes en ce qui concerne la faculté protestante et presque inexistantes pour sa soeur catholique.
Peut-être était-ce vrai ces dernières décennies mais, de nos jours, les facultés suisses de théologie accueillent, selon le site de la Confédération, plus de 1’500 étudiants dont presque la moitié sont des filles. De nombreux débouchés professionnels sont venus s’ajouter aux saintes fonctions, offrant des possibilités de carrière que l’on n’aurait imaginées il y a soixante ans. Ayant su adapter leurs méthodes d’enseignement à la société actuelle, les facultés se sont modernisées.
Les facultés de théologie de Genève, Lausanne et Fribourg sont nées en même temps que les universités de ces villes.
L’Académie de Genève, fondée par Jean Calvin lui-même en 1559, ou la faculté fribourgeoise, fondée par les Frères dominicains (un tiers des professeurs appartiennent, encore aujourd’hui, à cet ordre), ont acquis au fil des siècles une réputation mondiale. Il en résulte aujourd’hui que près de la moitié de leurs étudiants sont étrangers et il en va de même pour la majorité du corps professoral de l’Université de Fribourg.
Au-delà de la réputation de nos facultés, que viennent donc chercher tous ces jeunes qui entreprennent un cursus de trois (bachelor) à cinq ans (master) dans ces universités ?
La plupart sont en quête de réponses au sujet de l’histoire des courants religieux et de leurs fondements. Certains sont en proie à des questionnements plus personnels mais la faculté, grâce à la variété des cours proposés, leur met à disposition des outils de réflexion leur permettant de construire leur propre conviction en toute objectivité tout en résistant aux passions propres au domaine religieux : des langues bibliques (grec ancien et hébreu) à la psychologie, en passant par l’éthique et l’étude des textes historiques.
Pour les plus gourmands, l’Université de Fribourg permet à ses étudiants de combiner deux bachelors, un en théologie et un dans une autre matière au choix (droit, lettres, etc.). Ce profil pluridisciplinaire offre donc une formation répondant aux critères professionnels des plus variés.
Bien sûr, il reste traditionnellement le pastorat, auquel il est possible de postuler muni d’un master en théologie protestante ou la prêtrise (pour les hommes). Tous deux restent cependant des choix minoritaires parmi les étudiants car bien d’autres possibilités leur sont ouvertes à la fin de leur cursus.
De plus, la plupart des aspirants prêtres privilégient la voie du séminaire, qui est l’institution de la prêtrise, car la formation y est axée sur une étude plus approfondie de la liturgie et de la pratique religieuse tout en offrant également une formation en théologie.
Depuis mai 68 où nombre de théologiens et théologiennes se sont essayés au journalisme, ce dernier est une voie privilégiée par un grand nombre d’étudiants. En effet, beaucoup de médias sont à la recherche de collaborateurs capables d’analyser avec précision et objectivité la dimension religieuse dans les débats nationaux ou les conflits internationaux et d’en évaluer les dimensions historiques.
La gestion des ressources humaines et les postes dans les organisations gouvernementales ou non gouvernementales sont aussi prisés par les théologiens qui possèdent les aptitudes à gérer conflits et problèmes éthiques.
L’enseignement est pour sa part choisi par un certain nombre d’étudiants. La faculté de Fribourg propose une certification d’aptitude à l’enseignement pour ses diplômés désirant professer dans le cadre de cours de religion ou de matières proches (philosophie, éthique, etc.).
Enfin, le monde de l’art et la muséologie n’est pas en reste en accueillant ces jeunes adultes possédant une formation leur facilitant l’accès à des pans entiers de notre patrimoine artistique reposant sur la culture chrétienne.
La présence d’étudiantes dans les facultés de théologie protestante peut nous sembler tout à fait normale, le pastorat étant ouvert aux deux genres sans distinction. Mais qu’en est-il des filles en théologie catholique ?
Bien que la prêtrise soit encore exclusivement destinée aux hommes, il existe bien d’autres professions ouvertes aux femmes au sein de l’Eglise catholique. Outre les postes administratifs et la recherche universitaire, le poste d’agent pastoral - dans les faits le plus souvent occupé par des femmes - permet d’exercer un métier regroupant une grande partie des tâches effectuées habituellement par un prêtre. Cela comprend certains moments phares de la vie religieuse (mariage, baptême, enterrement), voire des cérémonies comme l’eucharistie (à condition que l’hostie ait été sanctifiée au préalable par un prêtre). Nos pays manquant de prêtres, il sera de plus en plus fréquent de voir officier une agente pastorale.
L’aumônerie en milieu hospitalier ou carcéral est également choisie par ces diplômées qui pratiquent l’accompagnement dans leur vie spirituelle des malades ou des détenus en leur offrant un soutien pour lequel elles ont reçu une formation adéquate.
Mais comme un grand nombre d’étudiants, beaucoup se dirigent dans des voies très diverses en lien avec l’éthique, l’étude des langues ou l’histoire de la religion chrétienne.
Seules Fribourg et Zurich proposent un enseignement en théologie catholique. Si l’étude de cette matière est possible en français et en allemand à Fribourg, avec un diplôme bilingue à la clé, la faculté zurichoise ne dispense qu’en allemand.
Genève et Lausanne se partagent la théologie protestante en Suisse romande. De plus, depuis quelques années, l’Université de Genève offre la possibilité d’obtenir un bachelor à distance (e-learning). Elle fait office de pionnière dans ce domaine. Cette opportunité peu courante encore dans notre pays permet à des jeunes adultes déjà insérés dans la vie active d’obtenir une formation compatible avec des horaires professionnels.