Profiter de la pause estivale pour alimenter son compte en banque? Tel est le lot de la grande majorité des étudiants. Pour autant, comment renoncer à l'envie d'exotisme et de nouveauté qui nous assaille sitôt les derniers examens terminés? Pour ceux qui n'ont pas forcément la possibilité de s'exiler sous les cocotiers, voici deux idées de destinations de «vacances» plus ou moins laborieuses!
Muriel, 23 ans, étudiante en lettres: assistante d'un gardien de montagne
Chaque matin du mois d'août, c'est avec les premiers rayons de l'aube et au beau milieu d'un décor alpin que Muriel se réveille. A 3300 mètres d'altitude, quelque part au-dessus de Champex, en plein cœur du Valais, chaque coup d'œil est digne des plus belles cartes postales de notre pays. Pourtant, Muriel n'est pas là pour méditer. Elle travaille! Pour 3200 francs par mois, elle assiste le gardien de cette cabane de montagne dans ses tâches quotidiennes: ménage, vaisselle, cuisine, accueil des gens de passage du monde entier... Deux autres étudiants complètent cette joyeuse équipe qui doit faire face au va-et-vient constant de randonneurs pendant la belle saison.
«Je me suis toujours sentie bien en montagne», avoue la Valaisanne. «Le fait d'être loin de tout sans même avoir de réseau sur mon téléphone, ça change du stress de la ville et de l'université ! Et puis, on n'a pas la même notion du travail à cette altitude. On ne se demande pas quand on aura congé ou si on redescendra avant la fin du mois!» En effet, si Muriel sait qu'elle travaille 7 jours sur 7, elle est par contre bien incapable de compter ses heures ! Peu importe d'ailleurs, car les tâches ont toujours une allure familiale et communautaire.
En fin de compte, l'expérience peut rapidement prendre des tournures quasi romanesques. En passionnée des romans de Ramuz, Muriel raconte son anecdote la plus marquante: «En voyant des lumières sur le glacier au beau milieu de la nuit, nous étions tous attroupés devant la cabane. Si chacun se montait son propre scénario, nous étions tous effrayés. On commence vite à envisager des choses mystérieuses et inquiétantes dans un tel décor!» Quelques heures et quelques tremblements de dents plus tard, ce n'est pourtant qu'un groupe de randonneurs égarés et complètement paniqués qu'ils voient arriver... Qui disait que la montagne apportait la sérénité?
Sophie, 24 ans, étudiante en lettres: accompagnatrice de personnes handicapées mentales
La vie en communauté, Sophie la connaît aussi. Mais le petit monde dans lequel elle est intégrée jour et nuit pendant deux semaines de juillet est un peu spécial. Il se compose de 8 personnes handicapées mentales, de 5 étudiantes, d'une responsable de camp et d'une cuisinière. En tant qu'accompagnante et accessoirement chauffeur, Sophie touche 1120 francs pour les 14 jours du camp, congés compris. Si cela peut sembler peu, il faut toutefois rappeler que les accompagnants sont nourris, logés et n'ont presque aucune dépense annexe durant le camp. «L'expérience en vaut vraiment la peine», confie-t-elle. «Les personnes handicapées vivent souvent trop à l'écart de la société, dans des ateliers de travail protégés ou des homes. Pendant leur camp de vacances, nous essayons de les socialiser au maximum.» Ainsi, le quotidien tourne autour des loisirs: promenades, verrées dans les bistrots du coin, jeux et bricolages, visites de musées, piscine... «Nous sommes responsables d'eux, du déroulement de leurs vacances, mais nous en profitons aussi et gagnons beaucoup d'un point de vue humain. Les relations sont franches et amicales. Nous ne sommes pas des éducateurs mais plutôt des amis.» Patience et qualités de cœur priment donc sur les compétences pédagogiques et éducatives des accompagnants.
De nouveaux étudiants sont constamment recherchés pour les camps d'été et les week-ends, pour accompagner des enfants comme des adultes. Pourtant, beaucoup de gens ont peur de se lancer, pensant ne pas avoir la bonne attitude face aux personnes handicapées. «J'essai e toujours de faire de la publicité pour ces associations, mais les gens sont souvent à tort convaincus que ce n'est pas un job pour eux. Il suffit pourtant de rester soi-même et de prendre ces personnes comme elles sont...», insiste Sophie. D'ailleurs, il faudrait peut-être éviter de cantonner ce genre d'activité aux étudiants des HES, non?