Depuis son entrée aux Nations Unies en 2002, la Suisse est encore sous-représentée dans les organes exécutifs des organisations internationales (OI). Des facteurs économiques, la mobilité mais aussi le manque de renseignements sur ces carrières peuvent expliquer l'absence d'intérêt des Suisses à envisager cette voie. Fort de ce constat, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a décidé de s'engager pour une meilleure représentation des Suisses dans les OI, et cela notamment en finançant des postes « junior « dans certaines organisations internationales. Ces programmes s'appellent les Junior Professional Officers (JPO).
Les postes JPO sont choisis et financés par le DFAE. Les exigences de base requises sont la nationalité suisse, la maîtrise du français et de l'anglais, l'intérêt pour le domaine international et la spécialisation dans un domaine précis selon le poste (expérience professionnelle d'un à cinq ans). Après un processus de sélection qui dure environ 3-4 mois (entretien avec le DFAE puis avec l'OI), le candidat sélectionné entre en fonction muni d'un contrat d'une année, prolongeable jusqu'à trois ans. A la fin de cette période, aucun poste de travail n'est garanti.
Interview : Anna Krotova, JPO suisse à l'UNESCO Quel est votre profil?
Je possède une licence en histoire économique et sociale de l'Université de Genève ainsi qu'un diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en sociologie. Après mes études, j'ai effectué deux ans d'assistanat en sociologie à l'Université de Fribourg et ai travaillé cinq ans et demi en tant qu'analyste senior en mobilité internationale au sein d'une multinationale à Genève.
Quel intérêt portiez-vous aux OI avant de travailler à l'UNESCO?
J'ai toujours pensé que les OI et les ONG étaient les acteurs principaux influençant la construction et la préservation d'un équilibre mondial, et j'avais donc envie d'être associée à leurs activités. D'ailleurs, durant mes études, j'ai été traductrice au Comité International de la Croix-Rouge (CICR), j'ai fait du bénévolat pour Mandat International, j'ai effectué un stage à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), et plus tard, lorsque j'étais assistante à l'Université de Fribourg, j'ai effectué un mandat de consultante pour une ONG active dans le développement des médias dans la région du Caucase.
Comment avez-vous eu connaissance des programmes JPO?
Bien qu'étant déjà active dans le privé, je consultais régulièrement les offres d'emploi relatives aux OI et aux ONG. J'ai ainsi découvert le poste financé par la Suisse pour travailler à l'UNESCO. J'ai répondu à l'annonce, puis ai été invitée à un entretien avec le DFAE. Suite à cette première sélection, moi-même et une autre candidate avons eu un second entretien avec une responsable des ressources humaines de l'UNESCO. Finalement, ma candidature a été retenue. Le processus de sélection a duré environ trois mois.
Quel est votre cahier des charges ? Comment est l'ambiance de travail?
Je travaille dans la Section des politiques et des salaires du bureau des ressources humaines. Je réalise un manuel en ressources humaines (document englobant toutes les pratiques et règlements gouvernant les conditions de service à l'UNESCO) et j'ai la fonction de « Webmaster « pour le site des ressources humaines. De plus, je participe à l'élaboration des politiques en effectuant des études comparatives des pratiques en ressources humaines à l'UNESCO et dans d'autres agences onusiennes. L'ambiance de travail est agréable, mes collègues viennent du monde entier (Italie, Inde, Grande-Bretagne, France, Iran, Belgique, Japon, Thaïlande, Afrique du Sud, Moldavie, Roumanie) et c'est formidable de pouvoir échanger et discuter quotidiennement avec eux.
Mon but pour l'avenir est de pouvoir poursuivre ma carrière à l'UNESCO ou dans une autre organisation internationale.
Quel est votre bilan?
Mon expérience comme JPO est très enrichissante tant au niveau professionnel qu'humain. Cela m'a permis de comprendre le fonctionnement d'un système pour le moins complexe et je pense que le fait d'être JPO facilitera mon intégration à moyen terme. Du point de vue personnel, je trouve que c'est un privilège de pouvoir travailler dans un contexte international et d'être entourée de collègues ayant des expériences et des cultures très diverses.
Quels conseils donneriez-vous?
Pour terminer, j'aimerais ajouter qu'avoir une expérience solide dans le privé peut représenter un atout quand on postule pour un poste JPO (surtout pour les services administratifs).