Pourriez-vous nous faire une courte description du domaine musique et arts de la scène?
C'est un domaine compliqué puisqu'il est en formation et n'est pas encore formellement intégré à l'espace SO. Si tout se passe bien, son intégration devrait être effective au cours de l'année 2008. Deux sites sont au bénéfice de la reconnaissance fédérale, Genève et Lausanne, et trois sites font l'objet de négociations bilatérales en vue d'un rattachement aux sites reconnus, Neuchâtel, Fribourg et Sion. Nous sommes en train de discuter pour voir dans quelle mesure nous pouvons maintenir un enseignement décentralisé. De plus, les arts de la scène accueillent depuis cette année La Manufacture (Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande) qui permettra un échange entre musiciens et gens de théâtre.
Si nous adoptons une approche par orientation, quelles sont les spécificités?
Ce domaine va rassembler 1100 étudiants à terme. L'offre des sites de Genève et Lausanne est complémentaire puisque chaque école constitue une communauté pédagogique et artistique suffisamment complète pour développer des pratiques collectives de manière autonome. Le Bachelor of Arts que nous proposons est généraliste, chaque étudiant choisissant une discipline principale en fonction de ses compétences et de sa future orientation master. La composition classique est enseignée à Genève et la composition jazz à Lausanne. Quant à l'enseignement de la musique à l'école publique, il est offert à Genève, Lausanne et Fribourg. Nous proposons également la filière musique et mouvement à Genève en collaboration avec l'institut Jaques-Dalcroze ou encore la filière musique et musicologie en collaboration avec l'Université de Genève. De plus, en complément au cursus classique, deux formations spécifiques sont disponibles. Il s'agit du profil jazz et musiques actuelles à Lausanne et celui de musique ancienne à Genève. Enfin, la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande a ouvert un bachelor pour les futurs comédiens. Cette formation alterne des cours techniques et théoriques. On y trouve aussi des ateliers d'interprétation et des stages dirigés par des comédiens.
Quel est le profil de vos étudiants?
Nous avons un pourcentage important d'étudiants qui sont au bénéfice d'une formation préalable d'excellent niveau. Cela nous permet de partir avec un niveau de base élevé, couplé avec une formation scolaire de type postobligatoire requise pour l'entrée dans une haute école. Ce sont donc des étudiants qui sont « mûrs » pour poursuivre un cursus poussé et exigeant. La formation dans le domaine de la musique ne suppose pas une progression linéaire. Tout dépend du talent et des objectifs de chacun. Leur profil dépend aussi beaucoup de l'instrument choisi. Il y a des instruments qui sont plus intellectuels que d'autres, comme l'orgue par exemple.
Comment gérez-vous l'organisation par site?
Nous sommes confrontés à la réorganisation du domaine musique puisque nous étions partis sur un schéma à cinq sites avec des directeurs pour chacun d'eux. Tout à coup, nous nous retrouvons avec deux sites principaux et des enseignements décentralisés pour lesquels nous devons réinventer le système. A la différence des domaines travail social et santé, nous souhaitons que chaque directeur ait la pleine responsabilité de son site et de ses filiales car un site est une communauté à part entière qui doit garder une certaine autonomie. Dans le domaine des arts, nous plaidons pour conserver des identités d'écoles qui soient fortes, ce qui nous permet de nous mettre très vite d'accord sur des plans d'études-cadres et le lieu de leur mise en pratique. Pour ma part, j'essaie de coordonner ces développements et surtout de gérer les intérêts des musiciens dans l'intégration du système de la SO. Je participe à un certain nombre d'instances, toujours en tant qu'observateur, où nous discutons de dispositions génériques qui sont transversales à tous les domaines et dans lesquelles je tente de faire respecter les spécificités de mon domaine.
Quelles sont les conditions d'admission pour les différentes filières?
La condition d'admission, en terme de formation générale, reste d'avoir un titre du postsecondaire obligatoire, sauf exception. Il se trouve que, dans la quasitotalité des cas, les étudiants sont bénéficiaires d'une maturité gymnasiale. Par la suite, nous leur faisons passer des tests d'aptitudes qui permettent de déterminer un niveau de départ. Ces tests évaluent les compétences en termes de maîtrise instrumentale et celles directement liées aux connaissances musicales générales dans le but de tester l'oreille de l'étudiant. Le troisième volet est constitué d'un entretien dans lequel on apprend à connaître l'étudiant. Cette partie du concours sera particulièrement importante pour le master car elle permettra de déterminer la nature du projet professionnel. Elle est moins significative au niveau du bachelor puisque ce cursus reste généraliste.
Quel type de mobilité proposez-vous à vos étudiants?
C'est une question d'actualité, compte tenu de la présence de sites décentralisés. A Fribourg, à Neuchâtel ou à Sion, il y a des formations que les étudiants ne pourront pas effectuer sur place, donc nous allons leur proposer de venir à Genève ou à Lausanne. C'est la mobilité interne au domaine. Ce qui est beaucoup plus important, c'est le type de mobilité induite par le processus de Bologne et les programmes Erasmus. Actuellement, nous développons aussi nos propres conventions et nos accords bilatéraux avec des institutions européennes, de manière à offrir aux étudiants la possibilité de passer un semestre ou deux dans une trentaine d'institutions partenaires. Aujourd'hui, pour Genève par exemple, nous enregistrons une vingtaine d'échanges par année.
La mobilité entre votre domaine et les universités est-elle forte?
Le monde HES a été créé pour assurer une formation professionnelle. Tout ce qui est académique et qui n'est pas rattaché directement à une profession est lié au monde universitaire. Mais estce qu'être musicien ou artiste est une profession? Ça se discute. Pour nous, il est crucial de continuer à conserver des relations académiques fortes et de proximité avec le monde universitaire car nous sommes complémentaires. D'un côté, il y a des théoriciens qui balisent le champ de la musicologie ou celui de l'histoire de l'art et qui fournissent des sources pour les praticiens. De l'autre, il y a les hautes écoles de musique qui forment ces mêmes praticiens. L'enjeu, c'est de faire en sorte que ces deux mondes se complètent, se rencontrent. C'est pour cela que nous avons monté cette filière musique et musicologie en collaboration avec l'Université de Genève. Nous avons un accord avec la faculté des Lettres qui vise à réunir théorie et pratique.
Des masters sont-ils à l'ordre du jour?
Nous prévoyons quatre cursus de master qui seront ouverts dès septembre 2008. Le premier est un master en pédagogie musicale dans lequel nous formons essentiellement des futurs maîtres d'instrument ou de chant pour les conservatoires ou les écoles publiques ainsi que des rythmiciens. Le second type est un master en interprétation musicale qui propose une formation de concertiste, instrumentiste, chanteur ou qui permet encore de diriger ou d'intégrer un orchestre ou un choeur. En allant plus loin, le master en interprétation spécialisée propose une formation très pointue qui concerne un petit nombre d'étudiants, solistes ou concertistes. Notre dernier master en composition et en théorie musicale offre un cursus complet pour les futurs compositeurs et les professeurs d'analyse et d'écriture musicale.