Face à ton avenir

Lorsqu'une entreprise constate un besoin en personnel, elle va analyser les tâches nécessaires au bon accomplissement du poste pour ensuite arriver à rédiger une description du poste. C'est cette description que des candidats potentiels découvrent dans la rubrique emploi des journaux ou sur le site internet de l'entreprise.

L'entretien de sélection n'est qu'une manière spécifique, dans le processus de recrutement, d'engager des gens. Il se place dans le contexte bien plus large de création et de mise à disposition d'un poste dans une entreprise.

L'entretien de sélection est souvent comparé à un moment de torture particulièrement atroce où la seule volonté du recruteur est de déstabiliser le candidat afin de mettre à nu ses faiblesses. C'est évidemment faux!

Se renseigner sur les différents types d'entretiens, sur les différentes dimensions que les recruteurs essaient de mesurer et la manière dont cellesci sont mesurées et évaluées permettra sûrement aux plus anxieux d'entre vous de répondre à toutes les attentes du recruteur. Et cela pourrait ainsi être l'occasion de se donner toutes les chances de décrocher ce poste tant convoité.

Les différents types d'entretiens
Ils vont tous avoir pour but de mesurer et essayer de prédire lequel des candidats a les compétences qui correspondent mieux aux exigences du poste à repourvoir.

Ils se basent sur la méthode dite de «biographie». C'est sans doute la plus connue des candidats et la plus utilisée par les recruteurs. Elle sert à analyser certains aspects du passé du candidat comme son parcours académique, son expérience professionnelle, ses attentes et ambitions futures, etc. afin de cerner les aspects importants du candidat qui lui permettront d'occuper le poste de la manière la plus efficace possible. C'est le cas typique des entretiens de sélection, dont les différents types sont brièvement décrits ci-dessous.

L'entretien individuel
C'est une simple conversation en face à face avec le recruteur. Il cherchera à analyser vos savoirs, vos compétences, votre expérience, votre manière de réagir et de vous tenir, etc. Il faut réussir à maîtriser le stress que ce genre d'entretien peut causer et garder son calme. Le but est de prouver au recruteur que vous êtes la personne qu'il lui faut pour ce poste.

L'entretien de groupe
Ce genre d'entretiens se pratiquent beaucoup dans les grandes entreprises. Un groupe d'une dizaine de candidats se réunissent et doivent résoudre ensemble une problématique exposée par le recruteur. Tous les comportements sont observés: qui prend des notes? Qui coordonne les différentes discussions? Qui dirige et comment? Qui coupe la parole? Qui favorise le dialogue?

Le candidat est face à 2, 3 ou 4 personnes avec qui il pourrait être amené à travailler de manière plus ou moins directe plus tard. Chacune des personnes présentes aura à émettre un avis sur l'entretien passé avec le candidat. Regardez toutes les personnes dans les yeux !

Les entretiens successifs
Ils consistent en une suite d'entretiens qui s'étalent sur une demi-journée à une journée complète. Le candidat va successivement rencontrer un certain nombre de personnes avec lesquelles il pourra être amené à travailler de manière plus ou moins directe. Il est très important de rester cohérent tout au long des entretiens et de ne pas se contredire.

Ces différents types d'entretien peuvent être structurés ou non structurés
Dans les entretiens structurés, les questions à poser aux candidats et l'évaluation des réponses de ceux-ci sont prédéterminées en se basant sur une analyse minutieuse du poste à repourvoir. Ils détermineront ainsi les compétences clés à évaluer chez les candidats.

Afin d'éviter que les données recueillies durant l'entretien ne diffèrent d'un candidat à l'autre, les mêmes questions seront posées dans le même ordre et les candidats n'auront pas le droit de poser de questions durant l'entretien. En ce qui concerne l'évaluation des réponses, le recruteur évaluera chacune selon une échelle de notation prédéterminée.

Bien qu'il ait été prouvé qu'il permette d'évaluer les candidats selon des critères plus objectifs, donc plus équitables, ce type d'entretien ne rencontre pas un franc succès, ni chez les recruteurs, ni chez les candidats. En effet, on peut ressentir une forte limitation au niveau de l'interaction, le candidat n'ayant pas l'occasion de se présenter de manière plus personnelle. Cela peut mener au sentiment que ce type d'entretien n'est pas efficace et ne permettrait donc pas au recruteur de se faire une idée correcte du candidat.

Ceci est faux puisque des études prouvent que les entretiens structurés sont les meilleurs indicateurs de la performance future des candidats. Avec la standardisation des questions et l'évaluation des réponses, le choix du recruteur ne sera pas influencé par des aspects non pertinents. Evaluée sur une même base, la comparaison parmi les candidats permettra d'en différencier ceux qui correspondront parfaitement au profil recherché.

Les entretiens non structurés permettent au recruteur de poser les questions selon son «feeling» et il évalue les réponses de manière globale, sans réelle échelle de notation. Ce type d'entretien pourrait s'avérer discriminatoire étant donné que le jugement du recruteur peut être aisément influencé par des informations non pertinentes. Sans liste de questions prédéterminées, celui-ci ne posera pas les mêmes questions aux différents candidats et aura donc une base différente selon chacun d'eux pour les comparer. L'impression globale primera aux dépens des compétences clés du candidat. Les différentes études menées sur ce type d'entretien ont prouvé qu'il ne permet pas de choisir les meilleurs candidats afin qu'ils aient plus tard les performances attendues.

Les entretiens multimodaux essaient de pallier les difficultés tant au niveau de la réalisation que le taux d'acceptation des entretiens structurés. Ces derniers étant plus efficaces pour engager le candidat dont l'entreprise a besoin, il a fallu développer un modèle d'entretien qui puisse garder les avantages des entretiens structurés et diminuer ses désavantages. C'est pourquoi ce type d'entretiens comporte une alternance de partie structurée et non structurée.

Un entretien multimodal type se passerait de la manière suivante:

Début de l'entretien:
- brève conversation informelle

Le candidat se présente:
- formation, expérience, etc.
- questions standardisées par rapport aux intérêts, choix organisation, etc.
- discussion libre
- questions biographiques
- informations sur l'activité de travail (à l'intention du candidat (RJP))
- questions situationnelles, situations critiques (on demande au candidat d'imaginer ce qu'il ferait dans une situation de travail où un problème interviendrait, comment il le résoudrait, etc.)
- questions du candidat et fin de l'entretien

Afin de ne pas perturber la collecte d'informations qui doit être identique pour tous, le candidat n'aura le droit de poser des questions qu'à la fin de l'entretien.

Pour que leurs attentes par rapport au poste ne soient pas trop élevées et que la déception ne s'ensuive pas une fois qu'ils commencent à travailler, il y a une phase dans ce type d'entretiens où le recruteur donne des informations concrètes sur le poste en question aux candidats. Cette technique est appelée Realistic Job Preview (RJP). Comme une trop grande déception peut souvent mener les employés à quitter leur poste au bout de quelques mois seulement, cette technique permet aux candidats de savoir «ce qui les attend.»

Cela peut également se décliner sous d'autres formes en dehors de l'entretien: brochures, vidéos, textes sur le site internet de l'entreprise, etc. Alors un conseil: allez naviguer sur leur site et soyez attentifs aux informations concrètes qui sont données sur l'environnement de travail des entreprises. Il faut tout d'abord se demander si cet environnement vous conviendrait avant de postuler pour un poste chez eux.

Conseils et étapes pour préparer un entretien d'embauche
L'entretien n'est pas une épreuve de force ni un moment de torture, c'est un dialogue ou une «prise de contact bilatérale» dans laquelle les interlocuteurs s'échangent des informations. Cependant un entretien d'embauche ne s'improvise pas. Se présenter sans s'être minutieusement préparé serait suicidaire. Que vous soyez débutant ou expérimenté, une préparation méticuleuse s'impose et celle-ci est incontestablement la clé du succès; c'est pourquoi, nous examinerons trois phases, l'avant, le pendant et l'après.

Le minimum vital est de s'informer sur l'entreprise que vous allez rencontrer. Débarquer sur un terrain connu vous mettra d'avantage en confiance. De plus, vous vous montrerez sous un meilleur angle, tel un professionnel qui s'est documenté. Renseignezvous sur l'activité de l'entreprise, sa taille, ses marchés, ses produits, sa position sur le marché suisse et sur le marché international, ses concurrents, son potentiel de développement (...). Regardez si des articles de presse lui ont été consacrés durant ces derniers mois et enfin renseignez-vous sur le titre de la personne qui vous reçoit (est-ce le chef direct, le responsable des RH ou le directeur général?...) Vous obtiendrez ces infos auprès des chambres de commerces, dans les annuaires professionnels (type KOMPASS), dans la presse ou sur internet.

Quant à l'annonce, apprenez-la par coeur (le poste, le cahier des charges...), vous montrerez d'emblée que vous savez où vous mettez les pieds et cela consolidera la cohérence de votre projet professionnel.

Munissez-vous du matériel dont vous aurez besoin: un exemplaire additionnel de votre CV, une liste de références, vos certificats de travail, les lettres de recommandation.

Pour bien se vendre il faut bien se connaître. Il est donc conseillé de faire un bilan professionnel. Il peut porter sur différents aspects: les intérêts, les motivations, la personnalité, les multiples compétences (d'adaptabilité, techniques, capacité de travailler en équipe, etc...) Vous pouvez réaliser vous-même votre bilan de compétences ou le faire établir par un professionnel.

Relisez votre CV et soyez prêt à toutes les questions possibles sur votre expérience professionnelle. Pour répondre à une question type: «parlez moi de votre parcours», entraînezvous à faire un résumé clair, précis, mettez en évidence les compétences que vous avez acquises à chaque étape de votre parcours, cependant évitez de vous tromper dans les dates, ou dans les chiffres pour ne pas vous contredire. Votre discours doit renvoyer au contenu de votre CV.

Si vous avez envie de paraître à l'aise, cohérent, et sûr de vous, préparez- vous aussi aux questions que le recruteur vous posera. Certes, ces questions ne sont pas semblables à chaque entretien mais elles varient en fonction des recruteurs et du style d'entretien qu'ils mènent. Néanmoins, elles abordent toutes les sujets suivants: votre formation, vos expériences professionnelles, votre projet professionnel, les caractéristiques relationnelles, votre personnalité, votre motivation, vos intérêts, votre créativité, votre intelligence émotionnelle, etc.… Différents ouvrages (guide ou conseil pour réussir son entretien d'embauche) proposent une kyrielle de questions type.

Afin de tempérer les angoisses de certains, voici un Top Ten de questions les plus fréquemment mentionnées dans les guides (liste dressée dans le cadre d'une recherche sur les entretiens d'embauche)

- «qu'est ce qui vous attire dans ce poste?»
- «parlez-moi de vous»
- «que vous ont apporté vos expériences professionnelles passées?»
- «quelles sont vos prétentions salariales?»
- «quels sont vos points forts et points faibles?»
- «préférez-vous travailler seul ou en équipe?»
- «pourquoi devrions nous vous engager?»
- «à quel type de management adhérez-vous le plus?»
- «pourquoi notre entreprise vous intéresse-t-elle?»
- «comment envisagez vous votre carrière dans cinq ans?»

Bien évidemment, il ne s'agit pas d'apprendre vos réponses par coeur, il s'agit d'avoir réfléchi au moins une fois sur les thèmes précédents afin d'éviter d'être démuni lors votre entretien.

Enfin démystifiez l'entretien; la règle d'or est de se positionner en tant qu' «offreur de compétences» et non pas celui qui mendie le poste. Certes, de maintes raisons (1er emploi, situation de chômage, maternité etc…) rendent une telle attitude difficile à adopter, c'est pourquoi il faut maintenir l'idée que l'entretien n'est qu'une rencontre dans laquelle le recruteur veut découvrir un bon candidat et vérifier que celui-ci est en adéquation avec le poste proposé.

Pendant l'entretien
La première impression dit-on est primordiale, soyez donc ponctuel, n'arrivez ni trop tôt, ni trop tard, dix minutes plus tôt semble idéal.

Les comportements non verbaux
Les prochains conseils se réfèrent aux «non dits». Malgré les études scientifiques qui ont démontré que les comportements non verbaux ne permettaient pas de tirer de quelconque conclusion sur la personnalité, certains s'obstinent encore à croire le contraire. Donc par précaution, voici quelques règles habituelles aussi évidentes puissent-elles paraître.

Au moment où le recruteur vous accueille, saluez-le avec une poignée de main franche et ferme (mais pas trop fort quand même) et surtout évitez les mains moites! Ensuite, attendez qu'on vous propose de vous asseoir. Regardez votre interlocuteur dans les yeux, cherchez le contact!

Surveillez votre posture, il paraît qu'il ne faut pas croiser les bras ni les jambes, ce serait un signe de fermeture. Esquissez de temps en temps un sourire, vous paraîtrez plus chaleureux même si la situation est stressante. Enfin la recommandation la plus pertinente est l'écoute; en effet, certains candidats sont tellement concentrés sur le discours qu'ils ont préparé à l'avance, qu'ils oublient d'être attentifs aux questions du recruteur.

La communication
En tout premier lieu, identifiez le style du recruteur (directif, semi-directif, non directif) et adoptez l'attitude correspondante! Si l'entretien est de type non directif, prenez donc l'initiative de vous présenter, d'exposer l'essentiel, si par contre il est de type directif, attendez que le recruteur pose des questions précises.

A ce stade de l'entretien, remémorez-vous de votre préparation et adaptez les conseils à la situation. Mais n'oubliez pas de cultiver vos différences, dans la mesure où elles «cadrent» avec l'entreprise et peuvent intéresser votre interlocuteur, en d'autres termes, montrez que vous sortez de l'ordinaire. Cependant, n'oubliez pas de rester humble, c'est une qualité non négligeable.

Enfin, montrez de l'intérêt pour la société et pour le poste, n'hésitez pas à poser des questions à votre tour. Quant à la rémunération, il est conseillé d'aborder le sujet à la fin de l'entretien. Cependant, il arrive parfois que le recruteur ouvre la discussion indirectement, vous pouvez alors profiter de l'occasion pour en parler.

Fin de l'entretien
Soigner sa sortie est tout aussi avantageux qu'entretenir son entrée. Ne vous empressez pas d'en finir et de sortir, n'oubliez pas de vous renseigner sur «l'après entretien». Posez les questions suivantes: est-ce vous qui devrez prendre l'initiative de reprendre contact? Va-t-on vous rappeler? Quand? D'autres entretiens sont-ils prévus?...

Et enfin, remerciez le recruteur de vous avoir consacré du temps et de l'écoute.

Après l'entretien
Bravo, vous êtes arrivé au terme de votre entretien et vous avez survécu ! A présent, essayez de vous soumettre à une auto-analyse afin de corriger certains aspects et de vous améliorer lors des prochains entretiens.

Si vous êtes résolument intéressé par le poste en question, n'hésitez pas à relancer l'entreprise et surtout insistez sur vos motivations, vous ferez ainsi preuve de ténacité.

Si vous recevez une réponse négative par courrier, n'hésitez pas à reprendre contact avec le recruteur ou l'entreprise et cherchez à connaître les raisons pour lesquelles ils vous ont refusé, vous pourrez ainsi progresser dans vos démarches ultérieures.

En guise de conclusion, nous attirons votre attention sur le fait que nous vous avons fourni des pistes, et non des conseils à appliquer à la lettre. Il s'agit d'être avant tout soi-même et de garder au minimum son naturel.