dossiers

L’influence de la technologie sur les études

Précisions

La technologie, au sens d’étude des techniques, peut renvoyer à une multitude de procédés et d’outils. Pour être plus précis et ne mentionner que l’univers qui nous intéresse, mieux vaut parler des TIC (technologies de l’information et de la communication). Le dictionnaire du Web explique : « Les TIC désignent généralement l’ensemble de technologies liées aux médias, à l’informatique et à l’Internet, et qui sont utilisées pour créer, diffuser, partager, consulter ou stocker des informations. À partir de cette définition, on peut considérer que le web et tout son écosystème sont des succursales à part entière des TIC ». Ce terme très généraliste devient de moins en moins pertinent mais permet, par exemple, d’englober aussi bien l’utilisation de l’intranet que d’un support visuel lors d’une présentation orale.


Victor, étudiant 2.0


À quel point les TIC sont-ils présents dans nos vies d’étudiants ? Même si les habitudes et les idées de chacun varient, tentons de dresser le comportement possible d’un étudiant. Choisissons Victor. Réveillé aux aurores par son portable autoréglé sur l’heure d’été, il lit aussitôt les nouvelles sur l’application du journal régional. Après son petit-déjeuner, il y vérifie les horaires des transports. Son train a du retard, ce qui lui donne le temps de se connecter au réseau interne de son université pour vérifier la date de sa prochaine présentation. Il y constate alors qu’un empêchement de dernière minute oblige un professeur à annuler le cours. Ce dernier chargera une vidéo pour résumer les points essentiels. Victor s’en réjouit et retourne dormir.

Un rappel sur son smartphone le conduit alors directement à son ordinateur portable pour terminer son étude sur les mouvements révolutionnaires d’Afrique orientale entre 1945 et 1975. En panne d’idées, il passe quelques heures sur les moteurs de recherche, flânant au gré des liens qui s’affichent. Après avoir perdu son temps avec quelques vidéos de chats qui chutent, il trouve finalement la dissertation d’un jeune chercheur congolais, publiée sur un site estonien de partage de copies. C’est exactement les informations dont il a besoin, ne trouvant nulle part ailleurs les données sur le niveau de scolarisation des fermiers actifs au cours de diverses guerres d’indépendance. Il ne lui reste plus qu’à envoyer son travail par courriel à son camarade pour qu’il le complète et le donne au professeur avant l’échéance, à savoir 23 heures le jour même. Victor retourne se coucher à minuit, sans oublier d’enregistrer ses nouveaux fichiers sur un disque dur externe.

Résultat : Victor n’a pas bougé. Pourtant,  il s’est informé et a étudié. Il a progressé dans son travail sans devoir effectuer de terrain ni fouiller les bibliothèques. Il n’a pas eu à rencontrer son camarade. Il n’a pas d’agenda, il lui a suffi de consulter celui qui est en ligne, mis à jour directement par les professeurs. Une telle journée n’existait tout simplement pas il y seulement quelques années.


Influence généralisée


Le moindre des détails les plus banals comporte une touche de numérique. L’influence est donc globale et prononcée. Les technologies déteignent sur la manière de travailler, de lire, de mémoriser et même d’enseigner. Les relations au sein des classes, la forme que peut prendre l’université et ses services, la qualité de la recherche, la profondeur de la réflexion, le choix des filières, les outils, les résultats, la santé, les institutions universitaires, l’accès et la distribution de l’information… bref, tous les faits et gestes de l’étudiant, tout comme l’entier du contexte des études, peuvent porter à réflexion. Les enjeux sont énormes : le rapport au savoir et la pédagogie doivent être réévalués. D’autant plus que les évolutions potentielles peuvent encore modifier de manière conséquente le monde académique.

Pour que les TIC ne se transforment pas en de fâcheux tics mettant en faillite le comportement de l’étudiant et le fonctionnement de l’enseignement, il est bon de toujours prendre de la distance avec les moyens. Cela évitera qu’ils ne deviennent notre fin.