Après 5 longues années sur les bancs lausannois, il était temps pour moi de rejoindre l’aventure Erasmus, fabuleusement chantée par ses vétérans et vivement conseillée par les enseignants. Je partais donc moi aussi l’esprit curieux à la découverte de l’échange. Rapidement, Dublin s’était imposée à moi comme LA ville par sa richesse culturelle et son effervescence universitaire. Retour sur un semestre intense sur l’Ile émeraude.
Partir en Erasmus, c’était avant tout pour moi l’occasion de m’enrichir de nouvelles expériences sur le plan académique. Mon choix de rejoindre une université appartenant au système anglo-saxon n’était donc pas anodin. La vie de campus, les associations universitaires, les matchs de polo ou de rugby sur de grandes étendues d’herbe ont longtemps forgé une sorte de chimère qu’il me fallait un jour connaître. University College Dublin, un immense campus situé au sud de la capitale irlandaise sur de vastes prairies verdoyantes, s’imposait alors à moi comme le cliché absolu que je n’aurais pu éviter. Forte de ses quelques 25’000 étudiants, cette université est si joliment appelée An Coláiste Ollscoile Baile Átha Cliath en Irish ou gaélique, cette première langue nationale aux accents imprononçables qui semble vouloir aujourd’hui détrôner l’anglais. Une certaine angoisse me gagne alors lorsque je réalise que les modalités d’inscription insistent sur la maîtrise de cette langue. Que nenni ! Fort heureusement pour moi, tous mes cours étaient proposés en anglais ; je n’aurais donc pas eu besoin d’un challenge en plus.
L’institution nous a tout de suite réservé un accueil des plus chaleureux. Fait étonnant, on est tout de suite remercié de ne pas avoir choisi l’une des autres universités de la ville ! Car oui, lorsque l’on étudie à Dublin, on réalise très vite que les universités, comme la très connue Trinity College, sont en grande rivalité. Il n’est donc pas étonnant de voir des clans se former au sein même des pubs de la capitale, où l’on n’oserait pactiser avec l’ennemi.
Les pubs parlons-en justement ! Ras-le bol des bars bobo lounge lausannois du Flon et compagnie, il me fallait une ville où la culture populaire se fasse sentir au travers de ses soirées. Or la vie culturelle dublinoise, c’est en grande partie dans les pubs que ça se passe. Partout, on est vite confronté à leur talent naturel pour la musique qui berce alors toutes nos soirées. Un chanteur avec sa guitare, des danseurs à la River Dance qui enflamment la salle, un trio de jazz dans un cave voûtée ou encore un groupe de musique celtique pour les quartiers les plus touristiques comme le très fameux Temple Bar, partout la qualité est au rendez-vous. Quoi de mieux pour accompagner une bonne pinte de bière brune ?! Car oui, comme tout le monde je n’aimais pas ça avant d’aller à Dublin, et puis finalement on s’y fait et on en devient vite gaga!
Chanceux comme j’étais, j’ai même pu assister au sacrosaint des événements, LA fête irlandaise par excellence ; la Saint Patrick. Chaque année, le 17 mars, la ville se pare d’un verre émeraude qui vient illuminer les plus grands bâtiments. Petits chapeaux de lutins, lunettes en forme de trèfle, perruques et masques, le tout bien vert, se vendent dans chaque coin de rue. L’événement majeur de cette fête nationale reste le cortège qui fait défiler tous les types de chars ainsi que l’armée nationale et qui circule entre O’Connell st. et Dame st., les deux artères principales de la ville. Quelque peu déçu tout de même par la tournure touristique que cet événement prend et surtout par l’immense foule qui envahit le centreville, il nous aura fallu bien un moment avant de trouver une place dans les pubs bondés pour savourer une pinte. C’est la raison pour laquelle la plupart des Dublinois m’ont avoué se sauver en province, là où l’événement a gardé une certaine authenticité. Pire, nombreux sont ceux qui rêvent de passer la St. Patrick aux USA!
Le point positif lorsque l’on séjourne un certain temps à Dublin, c’est que l’on se mélange vite aux locaux. Exclus pour moi de m’enfermer dans les réseaux Erasmus, j’ai vite réalisé que les Irlandais étaient peut-être les gens les plus chaleureux qu’il m’ait été donné de rencontrer. Animés d’une grande curiosité et d’une ouverture d’esprit nullement entravée, l’Irlandais cherche toujours le contact et l’échange. Facile alors de se mêler aux groupes et de se faire tirer dans tous les endroits branchés, loin des quartiers touristiques. J’ai rapidement compris pourquoi on surnomme affectueusement ce peuple les « Méditerranéens du Nord ». Effectivement, à Dublin, on évite le stress, on n’est pas souvent à l’heure et pour un peu plus de clichés, on conduit comme des pieds ! Car comme on dit là-bas « Everything’s grand » ; à savoir tout va bien.
Pays teinté de mysticisme qui ne cesse de fasciner par sa riche culture et ses paysages à couper le souffle, l’Irlande est une île que l’on peut facilement découvrir durant toute l’année. Si le climat est fidèle à sa réputation – pluie et vents viennent balayer les vallées au moins 3 jours sur 4 – il n’est tout de même pas rare de voir des rayons de soleil percer les nuages. Tout de suite, j’ai cherché à découvrir ces fameuses falaises qui bordent la côte atlantique et qui font les cartes postales les plus enviées de l’île. Dublin étant sur la côte est, il me fallait traverser le pays pour me rendre à Moher, ce site si prisé par sa beauté. Quelques heures de bus et on y est. Paysage sublime, à couper le souffle mais dont la violence des rafales de vents assourdit pour quelques heures. Inutile de dire que la nature y est maîtresse et encourage donc à la méditation. Riche de ce premier contact avec les étendues irlandaises, j’ai attendu la fin du semestre académique avec impatience pour me munir de mon sac à dos et partir à la découverte des autres sites qui font la fierté des Irlandais tels que Cork, Kerry, Galway, Westport, afin de terminer ce séjour en beauté.