Etre exclu des cours ou destitué de son titre de docteur pour un copier-coller. Voilà une réalité qui menace chaque bachelier, licencié, assistant ou professeur. Les milieux universitaires n’échappent ni aux règles, ni aux punitions, et c’est tant mieux. La prévention contre le plagiat, à comprendre comme le vol d’idées d’autrui, est bel et bien d’une importance capitale pour l’avancement du savoir. Comprenant des risques bien réels, à quoi renvoie ce terme si controversé et craint?
« Vol littéraire. Le plagiat consiste à s’approprier les mots ou les idées de quelqu’un d’autre et de les présenter comme siens », voilà la défi nition du Petit Robert. C’est reprendre sous une forme ou une autre le contenu formulé par autrui, sans en préciser les origines. Bien que les inquiétudes à son égard puissent être fondées, la défi nition du plagiat ne fait que placer des limites dans l’appropriation de biens. Dans les faits, le plagiat conduit à instaurer des modalités de surveillance des productions académiques. Des systèmes de détection des similarités permettent aujourd’hui de dénicher la moindre copie de phrase. Les étudiants n’ont qu’à bien se tenir: ils sont surveillés, traqués, contrôlés. Face à cette armada de dispositions, l’inquiétude peut vite prendre le dessus. Afi n de prendre les bonnes habitudes, voyons de plus près de que le plagiat signifie.
Dans une société chérissant le droit à la propriété individuelle, le plagiat n’a pourtant juridiquement aucune signifi cation. Il relève du droit d’auteur dans le délit de contrefaçon, qui n’inclut pas forcément la reprise idéelle d’une oeuvre. Christine Vaufrey le souligne sur le site français pour la promotion de l’éducation, Thot Cursus: « Les idées et le style de la mise en forme […], ne sont pas protégés par le droit d’auteur ». Il demeure diffi cile de déterminer les limites entre inspiration, appropriation, vol et avancée constructive de la connaissance. Les milieux universitaires, liés au gouvernements cantonaux, adoptent alors chacun leur propre législation quant à l’appropriation illégitime d’idées, concepts et théories.
Concrètement, chaque université ouécole se dote d’une ligne de conduite concernant l’intégrité scientifi que. Souvent au travers des facultés, elle fournit les informations relatives au plagiat et les risques de sanctions encourus. L’UNIGE précise par exemple sur son site internet que l’intégrité dans la recherche scientifique est nécessaire, car « il en va de la crédibilité de la recherche ». Elle présente les mesures ainsi: avertissement, suspension, voire exclusion.
Il n’empêche que cette nébuleuse autour de la notion de plagiat et de sa résonance juridique fi nit par devenir problématique lorsque des accusations s’avèrent être basées sur plus que des soupçons. C’est le cas très connu du scandale de 2013 à l’UNINE autour de l’ouvrage « La Suisse qui gagne », de Sam Blili et Francis Sermet. Malgré de nombreuses sources référencées, le livre, alors utilisé en cours par Sam Blili, reprend à son compte certains éléments d’autres travaux en omettant de les citer. L’aff aire a provoqué une petite polémique lorsque les médias ont tenté de révéler l’étendue de la fraude. Après enquête, tergiversations, dilemmes et discussions au sein de l’Université et du Conseil d’Etat, l’aff aire s’est terminée par le blâme du professeur, réintégré après suspension provisoire. Par les diffi cultés des instances administratives à gérer la situation et à adopter des mesures claires, cet exemple révèle la part de fl ou que comprend le plagiat. Compréhensible que l’étudiant se sente dérouté si la législation reste peu claire.
Que faire pour éviter toute mauvaise surprise? Nombreuses sont les institutions universitaires et scolaires fournissant l’information nécessaire afin de prévenir tout malentendu. Les facultés de l’UNIL mettent par exemple à disposition des documents facilement accessibles par le site web de l’Université ou par un moteur de recherche quelconque. En plus d’informer les étudiants sur les risques et sur leur traitement des cas de plagiat, ils fournissent des exemples, des références et des moyens de s’en prévenir. Nombreuses également sont les ressources disponibles sur internet afi n de mener correctement son travail.
En fin de compte, les cas de plagiat pouvant être divers, la façon d’y remédier dépendra avant tout de l’attitude de l’étudiant. S’il croit passer outre les outils de surveillance et voler la connaissance d’autres chercheurs, c’est à ses risques et périls. S’il craint plagier malencontreusement, il est primordial d’améliorer la méthode de citation, de gestion des sources et de construction de son argumentation.