Peu importe la douleur, Andrea Rudin et Mélanie Gay enchaînent les ultra marathons et autres compétitions de plus de 100 km. Au programme: course à pied, VTT, natation mais aussi fatigue musculaire et blessures. Un corps mis à rude épreuve. Et pourtant les deux athlètes ne renonceraient pour rien au monde à leur passion. Portrait de deux «hyper sportives».
Fluette mais bien dans ses baskets, Andrea Rudin avale les kilomètres plus vite que son ombre. Sa discipline de prédilection? Le triathlon. Depuis maintenant dix ans, elle enchaîne VTT, natation et course à pied. Malgré une blessure lancinante au dos, la jeune femme, qui a déjà participé à plusieurs ultra marathons, n’a jamais abandonné en cours de route. «A ce niveau-là, tout se passe dans la tête, le corps suit». Mélanie Gay, adepte du VTT version longues distances, acquiesce: «La volonté joue un rôle important. Elle crée un effet boostant».
En 2011, Andrea Rudin entame son premier ultra marathon, avalant plus de 42 kilomètres. Quelques mois plus tard, la sportive parcourt 70 km dans le cadre du Half-Ironman de Rapperswil. Malgré 10 mois d’arrêt en raison d’une blessure au dos, l’année suivante, elle remet ça en participant à l’Ironman de Zürich: 4 km de natation, 180 km de VTT et 42 km de course à pied. Le parcours de Mélanie Gay n’est pas en reste. En 2012, elle a remporté les 87 km du Garmin Bike Marathon de Moutier. Et aux Universiades de Shenzhen en Chine (compétition internationale universitaire) de 2011, la championne est montée sur le podium, raflant la médaille de bronze.
Leur meilleur souvenir? «Mon arrivée à l’ultra trail de Zürich en 2012 après 10h40 d’effort sous les applaudissements du public! L’effet était grisant», raconte Andrea Rudin. Des étoiles dans les yeux, Mélanie Gay, elle, se souvient, de son passage sur la ligne d’arrivée au Grand Raid en 2009: 68 km pour 3000 mètres de dénivelé. La jeune femme a terminé la course en moins de 5 heures et s’est classée première de sa catégorie.
Des victoires gagnées haut-la-main mais aussi à la force du mollet. Les deux jeunes femmes pratiquent leur sport entre 12 et 22 heures par semaine. Des entraînements qu’elles casent sur le temps de midi, le soir ou le week-end.
Mais qu’est-ce qui peut bien les pousser à concourir par tous les temps et les saisons? L’envie de se dépasser. «Chaque compétition est une victoire personnelle. Même si je souffre durant la course, à l’arrivée, j’ai toujours le sentiment d’être allée au bout de mes capacités physiques», explique Andrea Rudin. Même son de cloche du côté de Mélanie Gay: «Avant je pratiquais aussi le cross-country, mais j’ai abandonné au profit du VTT, un sport, plus exigeant en termes d’endurance et de dépassement».
La souffrance ne leur fait pas peur: «Mon corps est capable de surmonter la douleur en entraînement et en compétition», souligne la triathlète. Serait-ce l’effet des endorphines, ces hormones du plaisir, capables d’anéantir les maux physiques? «Oui sans aucun doute, répond Mélanie. A l’arrivée d’une course, je ressens un bien-être inouï». Au final, c’est peut-être cela que recherchent ces deux accros au sport: un sentiment de plénitude. Le bonheur en somme.
Quatre questions au Docteur Gérald Gremion, spécialisé dans la médecine du sport.
Ils peuvent engendrer des lésions articulaires (genoux, hanches…) et des problèmes cardiaques. Sans oublier que les ultra marathons engendrent un stress. Or, nous savons que ce dernier constitue un facteur de risque au niveau du développement des cancers.
Assurément non. Tout est question de mesure. Effectuer un ou deux marathons par année permet d’atteindre une forme optimale. D’après les études menées sur le sujet, courir moins de 60 km par semaine ne présente aucun danger, c’est même bénéfique pour la santé.
Dans un monde de plus en plus compétitif, les gens ont besoin de se mesurer aux autres dans tous les domaines, y compris le sport. Il y a aussi une certaine forme de masochisme, soit la recherche du plaisir dans la souffrance.
Tout à fait, comme l’on peut être dépendant au tabac ou à l’alcool. Lors d’une pratique physique intense, les mêmes mécanismes cérébraux sont activés. L’amygdale, région du cerveau impliquée dans la détection du plaisir, se trouve stimulée.