Ti-di-dip… Ti-di-dip… Ti-di-dip… Argh! Encore deux minutes. Ti-di-dip… Ti-di-dip… Ti-di-dip… Un effort indescriptible plus tard, je suis assise sur mon lit.
Il est 5h47, ma journée commence. Un peu, voire très endormie, je me lève du pied gauche et bute contre la table de nuit. Aïe. Il fait nuit, à 5h47.
5h50. Pragmatique, j’allume la lumière et cligne stupidement des yeux en clopinant jusqu’à la cuisine. Objectif: atteindre la machine à café dont le breuvage, tasse après tasse, a pour mission de maintenir mon corps (et mon cerveau) dans la position semi-avachie requise par mon statut d’étudiante. Tout se passe bien jusqu’au moment où j’entreprends de sucrer ledit café. Peut-être à cause de mon ensommeillement prononcé, je lâche le petit cube d’une hauteur un peu surestimée. Celui-ci, après avoir effectué un salto arrière digne des JO, plonge en piqué dans la tasse en m’éclaboussant la main au passage. Aïe. C’est chaud.
Quelques minutes plus tard, alors que je suis en train de m’habiller, je jette mécaniquement un regard à ma montre. Argh! Déjà 6h25?! Mon bus est à la demie, j’attrape mon sac, mes lunettes, une écharpe et sors en trombe en claquant la porte. Mon premier sprint de la journée, et certainement pas le dernier…
6h30. Le bus est là, je cours, je souffle, j’agite désespérément les bras; le chauffeur, pris de pitié, m’ouvre la porte et me jette un regard perplexe. C’est là que j’aperçois mon reflet dans la vitre du bus: joues rouges, lunettes de travers, cheveux en bataille que je tente vaguement d’aplatir à la main: une belle tête de vainqueur. Une demi-heure plus tard, je suis à la gare.
7h02. Les gens se bousculent, comme chaque matin. Dans une gare construite dans les années 80 et conçue pour la moitié du nombre de personnes effectivement présentes, c’est œil pour œil et chacun pour soi. Sous les quais, un tsunami de gens stressés foncent dans la direction opposée à la mienne: les pendulaires, assignés au trajet inverse. L’absurdité de nos situations respectives m’envahit quelques secondes… Pas plus, car mon épaule est tirée en arrière par la bride de mon sac, coincé à l’horizontale dans la foule qui s’en va à contresens. Un coup sec, je grommelle «s’cusez» et il reprend sa place.
7h21. Coincée entre une grosse dame et le couloir, j’ai en face de moi deux cravatés en plein débat économique à ultra haut débit pour une heure aussi matinale. Il y a un bouton pour le volume…?
8h17. Arrivée à destination (après le tram bondé et un petit bout à pied), je suis la dernière à entrer en cours, café à la main. Après un parcours pareil, tant pis pour les bonnes manières.
9h45. Le plus dur est fait? Oui, si on met entre parenthèses que j’ai six heures de cours de suite qui s’enchaînent et se ressemblent (ou pas). Heureusement, j’ai trois (longues) heures de «pause» entre 14 et 17h… Pas question de rentrer à la maison - deux heures aller; deux heures retour - ni de simplement zapper ce cours - j’ai un peu abusé de cette option ces trois dernières semaines! Alors… Que faire?
En profiter pour manger sainement - à la cafét’; travailler un peu à la bibliothèque (autrement dit mettre à jour mon profil Facebook), boire mon 3e (4e…?) café ou encore lire Etumag - deux fois; il ne me reste plus que… deux heures à tuer. La chance tournant, je croise dans les couloirs le beau ténébreux du cours de statistiques qui me lance des regards depuis une bonne semaine, avec qui j’entame une discussion qui eut pour principal effet d’accélérer sensiblement les aiguilles de ma montre:
17h22. Je suis en retard, c’est le comble.
Blasée, je me rends à ce dernier cours comme j’irais à l’échafaud. Non je ne suis pas négative! Mais ce prof-là a des vertus soporifiques inestimables. D’ailleurs certains insomniaques de ma connaissance auraient tout intérêt à suivre un de ses cours qui leur économiserait une somme considérable en somnifères. Bref, je suis allée en cours.
18h46. Le tram de 52: on l’oublie, et avec lui l’InterCity de 19h12. Pas de raison de stresser, donc, mais de quoi être de mauvaise humeur (quoi, «encore»?!) sachant que je ne serai pas chez moi avant 21h15, dans le meilleur des cas.
19h21. Le Régio, comme son nom ne l’indique pas forcément, est un train qui s’arrête à TOUTES les gares qu’une ligne de chemin de fer peut compter entre deux villes. Ajouté au fait qu’un Régio est en général un vieux train délabré au confort plus que sommaire, quelquefois dépourvu de toilettes (!) – même qu’une fois, j’ai eu droit aux sièges en bois. Si, si, en bois! – pas besoin de vous faire un dessin, j’imagine.
Le Régio est peuplé d’une faune variée qui ferait les joies d’un sociologue, sans compter le fait que certains spécimens sont spécialement bruyants. Aujourd’hui par exemple, alors que je tente désespérément de me concentrer sur l’une de mes nombreuses lectures en retard; trois hurlent dans leur portable quelque chose comme «J’suis dans le train! Non, le traain! J’peux pas te parler, je te rappelle! Quooii?? J’entends rien, j’suis dans le traaaain!»; un couple se dispute à propos du fait de se disputer dans un train, un bébé hurle… Bref, plus que huit arrêts. J’ai mal à la tête…
20h40. Je suis à l’arrêt de bus, enfin. Cette très longue journée a décidé de s’étirer encore un peu… Le bus? Il vient dans 18 minutes.
21h11. Je pose mon sac dans l’entrée. Ma maman chérie m’accueille: «Tu laisses pas traîner ça là, hein? Merci pour la vaisselle! La prochaine fois que…»
21h13. Je suis dans ma chambre, un bol de cornflakes à la main, la télécommande dans l’autre. Super journée. Epuisée, je m’endors rapidement. Quand soudain…
Ti-di-dip… Ti-di-dip… Ti-di-dip…
Abonnement général, demi-tarif, voiture ou encore co-voiturage? Le site des CFF propose un «comparateur pour pendulaires», en fonction du temps de trajet et des tarifs. Toujours ça de pris!
C’est possible! Voici comment: Place-toi sur le quai à la limite entre les 1ère et 2ème classe. Quand le train est là, plutôt que de jouer des coudes à la porte de la 2ème classe, monte en 1ère, puis traverse l’entre-wagon… Fais gaffe au contrôleur et à l’amende.
Econo et écolo, en plus d’être conviviale, cette pratique peut te rendre bien des services pour tes petits et grands trajets. Il existe plusieurs sites consacrés au co-voiturage. Choisis ton lieu de départ et ta destination, et tu verras tout de suite si, moyennant quelques francs, quelqu’un peut te faire une petite place dans sa voiture.
Ce soir tu finis à 19h, et demain tu as ton premier cours à 8h15? Et si tu proposais tes talents de statisticiens à un ami – du même sexe, pour moins d’ambiguïté (ou pas, à toi de voir!), contre une couchette, un jour par semaine…?
Plutôt que de t’ennuyer ou de lire la presse gratuite, tu pourrais profiter du temps que tu passes dans les transports publics pour faire tes lectures en retard. Ne me regarde pas comme ça! Certes, cela demande un peu de discipline, mais le pli est vite pris; et que de temps gagné quand tu seras enfin chez toi pour faire… autre chose!