Partir à l'étranger est l'occasion de devenir soi-même… un étranger! S'adapter à une autre manière de vivre et gérer les petites choses du quotidien peut s'avérer bien plus difficile qu'il n'y paraît. Bilan demon semestre Erasmus à Bonn, l'ancienne capitale de l'Allemagne.
Tout le monde le sait: les Allemands ont du fil à retordre avec leur passé. Mais la Seconde Guerre mondiale date du dernier millénaire, c'est de l'histoire ancienne, non? Et bien, oui et non…
Certaines blessures sont parfois bien profondes. Même si les jeunes d'aujourd'hui ne se sentent plus tellement concernés par les crimes de leurs ancêtres, ils sont loin de se dire « fiers d'être allemands ». Ceux qui se baladent avec une casquette à l'effigie du drapeau allemand sont vite étiquetés comme des extrémistes de droite. Et dire que nous affichons notre croix suisse à tout-va!
Au premier abord, ces tensions ne se ressentent guère. Mais elles ressurgissent parfois, par exemple quand un film de guerre inonde les grands écrans. J'ai vu avec une Allemande le dernier Tom Cruise: Opération Walkyrie. Elle m'a avouée se sentir mal à l'aise avec ce genre de films: même s'il est nécessaire de parler de l'Histoire pour pouvoir tourner la page. Certains préféreraient tout simplement oublier…
L'Allemagne est un pays très écolo. Moi aussi, ça tombe bien! Sauf que c'est seulement un mois après mon arrivée que j'ai compris leur système de tri des déchets! Ce sont mes colocs qui m'ont induite en erreur: elles ne séparaient pas le composte des déchets non recyclables. Ajoute à ça la barrière de la langue (c'est quoi, le Restmüll? Ben ce sont justement ces déchets non recyclables… mais kesako?). Et pourquoi personne ne sépare le papier du carton dans ce pays? La prise de tête était à la hauteur de la complexité du système: le composte - Biomüll pour les intimes - se met dans le container vert, le papier et le carton dans le bleu, le plastic dans le jaune et tout le reste - le fameux Restmüll, logique! - dans le container noir. Ben il fallait le dire plus tôt! J'ai donc acheté une troisième poubelle pour mon appart, et ainsi propager dans mon entourage allemand le mythe selon lequel les Suisses sont très écolos. Le résultat: une poubelle pour le plastic, une pour le composte, la nouvelle poubelle pour le Restmüll et un cageot pour le papier et le carton. |
Quand on est habitué à sa petite Migros ou sa chère Coop, faire ses courses chez Aldi ou Lidl peut s'avérer… comment dire… peu ragoûtant! En effet, la propreté helvétique n'est pas seulement un mythe! Dénicher dans un magasin
une baguette de pain, soi-disant sous vide, déjà toute moisie peut couper l'appétit… Mais heureusement, si on est près à débourser un peu plus (et ça reste bon marché pour un Suisse), il y a aussi d'autres magasins, comme Rewe ou Galeria Kaufhof, où même un fin gourmet trouve son bonheur.
Concernant l'alimentation, je n'aurais d'ailleurs jamais cru que les habitudes entre deux pays voisins pouvaient être si différentes. Moi je bois du sirop à longueur de journée; les Allemands, eux, n'en boivent pas! Tant et si bien que c'était un calvaire de me procurer mon doux nectar. Ce n'est que chez Galeria Kaufhof que j'en ai trouvé, mais j'ai renoncé devant le prix exorbitant… et j'ai fait marcher l'importation personnelle!
Mais alors, ils boivent quoi nos voisins? De le bière, bien entendu. Mais pas seulement! Comme j'ai effectué mon échange pendant le semestre d'hiver, j'ai pu goûter les délicieux chocolats chauds, toujours servis avec une bonne couche de mousse de lait ou de la crème chantilly. Et pour remplacer le sirop, ils mélangent les jus de fruits avec de l'eau gazeuse (ce qu'ils nomment une Schorle).
Je n'ai suivi à Bonn que des cours de Germanistik (langue et littérature allemandes). Je n'ai pas voulu y suivre des cours dans ma seconde branche, le français, étant donné que les cours sont quand même donnés en allemand (parler de Molière dans la langue de Goethe, non merci!).
Par chance, l'Institut de Germanistik se situe dans le bâtiment principal: un ancien château! De l'extérieur, c'est magnifique. Par contre, à l'intérieur, c'est autre chose: les toilettes sont régulièrement taguées, les murs auraient tous besoin d'un bon coup de peinture, la propreté laisse à désirer un peu partout, etc. Mais qu'importe, je suis venue pour étudier, pas pour manger par terre! L'enseignement est d'ailleurs à la hauteur de sa réputation: j'ai suivi neuf cours et séminaires et ramené 32 crédits à la maison! |
A Neuchâtel, on a la capucine: elle fait office de carte d'étudiant, carte de photocopies et carte de bibliothèque notamment. A Bonn, la technologie n'est pas aussi avancée…
Lors de la première semaine de cours, j'ai en effet dû me procurer moult cartes: le Studentenausweis, carte d'étudiant qui n'est en fait qu'un petit bout de papier; le Bibliotheksausweis, carte pour la bibliothèque principale; le Seminarausweis, carte pour la bibliothèque de mon institut; la Mensakarte, carte pour le restaurant universitaire (grâce à laquelle le menu normal ne coûte que 2.50 € et le menu végétarien 2 €, ça vaut la peine!); la Kopierkarte, pour les photocopies; et enfin la CIP-Poll-Karte, celle qui permet d'accéder à la salle d'informatique.
Une fois ces cartes acquises, on peut prétendre à être un bon étudiant; et si ma bourse n'était guère remplie, mon porte-monnaie débordait de cartes, c'est toujours ça!
Être un étudiant Erasmus, ce n'est pourtant pas seulement devoir affronter tous ces tracas administratifs et autres manières de pratiquer. Au contraire, ça veut surtout dire avoir plus de droits que les autres : pas besoin de s'inscrire aux cours, des exas parfois différents (autrement dit, plus faciles), la compassion des profs quand on répond à côté, etc. Mais surtout, on est dispensé des fameux Studiengebühren (frais d'inscription à l'université, soit 500€ par semestre) provoquant réactions et manifestations dans le monde estudiantin allemand.
Et faire un Erasmus, c'est principalement: profiter des excursions et des fêtes organisées par ESN (Erasmus Student Network), faire plein de rencontres, créer des liens d'amitié avec des gens des quatre coins de l'Europe, apprendre à connaître d'autres cultures (et pas seulement celle du pays dans lequel on se trouve), voir son propre pays sous un autre angle (tu n'imagines même pas à quel point, de l'extérieur, la Suisse est admirée !), apprendre à apprécier ce qui nous attend chez nous…