Paris a toujours fait rêver et continue de faire rêver les étrangers et les provinciaux. Passionnée de linguistique et bien décidée à enrichir ma formation, je n'ai pas hésité longtemps lorsque j'ai appris qu'il était possible de partir étudier pendant un semestre à La Sorbonne Nouvelle. Grâce à une amie déjà étudiante dans cette université, j'ai eu la chance de pouvoir lui poser toutes les questions que je souhaitais sur les démarches administratives, les cours et la procédure d'inscription. Après avoir rempli mon contrat d'études avec l'accord de mon professeur responsable et réuni tous les papiers nécessaires à mon arrivée en France, il était temps de préparer mes bagages et de filer à la gare prendre le TGV direction Paris. Voici le récit de mon incroyable séjour parisien qui a débuté le 19 janvier 2009...
Par un froid matin de janvier, tous les étudiants étrangers avaient rendez-vous à Censier, le bâtiment principal de La Sorbonne Nouvelle, Paris 3. Sur place, une séance d'information, ainsi qu'un petit-déjeuner (croissants, cafés, thés) avait été organisé. Étant déjà francophone et européenne, je n'ai pas appris grand-chose à cette séance qui était, d'après moi, beaucoup plus utile aux étudiants qui venaient d'autres continents. Le point positif est que j'ai pu y créer des premiers contacts. J'ai été très impressionnée de voir à quelle vitesse les adresses électroniques et les numéros de portables ont été échangés! Il y avait beaucoup de Canadiens, d'Allemands, d'Espagnols, de Tchèques... mais très peu de Suisses. J'ai tout de même rencontré une des seules Suissesses de Censier, une Lausannoise que je salue et qui se reconnaîtra.
Comment ne pas mentionner Le problème principal de mon séjour? Les grèves! Une semaine après le début des cours, les ennuis ont commencé: nombreux cours suspendus, manifestations, enseignants plus ou moins en grève. C'est-à-dire qu'ils venaient en cours... sans faire cours. Ou alors le concierge venait nous dire que l'enseignant X avait décidé de se mettre en grève ce matin à 8h! Si si, c'est permis! Ô joie, 45 minutes de perdues dans les transports, pour rien.
Par la suite, les cours se sont complètement arrêtés. «Génial des vacances!», tu me diras. «Youpi du temps libre!». Hé bien détrompetoi! La grève a été revotée de semaine en semaine, ce qui fait qu'il était impossible de savoir à quelle sauce nous allions être mangés, cours ou pas cours, travail pratique à rendre ou pas. On nous a parlé de «banalisation» du semestre (En gros, tu repars chez toi avec 0 crédit!) ou de «l'alléger». Des comités de mobilisation se sont créés devant et dans la «fac». Au mois d'avril, des barricades de chaises et de tables ont carrément été installées.
J'ai cependant eu de la chance: la plupart de mes cours se déroulant à l'ILPGA (Institut de Linguistique et Phonétique Générales et Appliquées), ils ont été relativement peu touchés par le mouvement. «Pourquoi est-ce que l'ILPGA ne se mobilise pas?», demandais-je un jour à mes camardes. La réponse qu'on me donna était que l'ILPGA s'était toujours senti un peu à l'écart du bâtiment principal. Le noeud du problème touchait la réforme des enseignants chercheurs et un projet mis en place par la Ministre Valérie Pécresse. Finalement, au mois de mai, le blocage a été suspendu (sans résolution du problème, des grèves sont attendues à la rentrée...) et nos examens ont pu avoir lieu, ouf!
À me lire, tu dois te dire que mon séjour a été bien compliqué! C'est vrai, mais j'ai passé cinq mois extraordinaires. J'ai eu la chance de vivre en colocation chez mon amie, ce qui fait que j'ai pu rapidement avoir un point d'attache à Paris. Elle m'a fait découvrir la ville, connaître les adresses sympas et m'a présentée à ses amis. Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai rapidement créé des liens avec les autres étudiants étrangers (un peu moins avec les Parisiens), Erasmus ou hors Europe. Nous avons fait beaucoup de visites (En France, la carte étudiante est vraiment utile, tu peux avoir d'importants rabais sur les sorties culturelles): les classiques (Le Louvre, La Tour Eiffel, etc.), de nombreuses promenades dans Paris, des pique-niques au bord de la Seine, une croisière sur la Seine (Erasmus boat), des sorties cinéma, une journée à Amiens (une petite ville proche de Paris), etc. Il y a toujours quelque chose à faire à Paris.
Certains vivaient en chambre individuelle, en colocation ou encore chez l'habitant. Nous avons ainsi pu comparer nos expériences, nos pays d'origine, nos coutumes, ainsi que nos différentes expressions linguistiques avec Marie-France et Nicolas, deux Québécois! À ma grande surprise, j'ai beaucoup parlé en anglais durant mon séjour. En effet, beaucoup d'étudiants étaient gênés à l'idée de s'exprimer en français... Plutôt surprenant puisqu'ils étaient à Paris pour progresser dans la langue de Molière.
Une fois mes examens terminés et les derniers papiers signés, j'ai repris le TGV direction Neuchâtel avec beaucoup de nostalgie... Si toi aussi tu hésites à partir, je ne peux que te conseiller d'y aller! Ne te préoccupe pas trop des crédits et vis ton expérience à fond. Tu découvriras un nouveau pays, tout en ajoutant un plus à ta formation. Tu auras aussi l'opportunité de te créer des amitiés extérieures à la Suisse et, surtout, tu repartiras la tête pleine de souvenirs!
On parle souvent des difficultés administratives typiquement françaises. Je dois malheureusement avouer que c'est la vérité! Une fois inscrite à La Sorbonne, un véritable parcours du combattant a commencé (et le mot est faible!). Ayant la plupart de mes cours à l'ILPGA, c'està-dire hors du bâtiment principal, cela n'a pas été une mince affaire pour finaliser mon inscription. Rien ne se fait par informatique. Il faut donc se déplacer et s'inscrire sur place pendant les heures de bureau. Inutile de préciser que c'est la cohue! Du coup, il m'a pratiquement fallu deux semaines pour parvenir à m'inscrire aux cours, sans compter les files d'attente pour aller chercher les supports de cours, «les Polys». J'ai regretté notre bon vieux Claroline et ses cours en ligne! Le plus fou est que cet accès existe aussi à Paris, mais que presque personne ne s'en sert.