Mes quelques recherches personnelles m’avaient permis d’avoir déjà en poche quelques adresses d’appartements, ou plutôt de chambres à visiter. Il y a beaucoup de logements en colocations avec d’autres étudiants Erasmus. J’ai vécu dans un de ceux-là. Par contre, je déconseille de sous-louer une chambre chez une ou des personne(s) locale(s), on ne s’y sent pas chez soi, on y vit plutôt en invité et ce n’est pas bon pour le moral quand on se trouve dans un autre pays. Lors de mon arrivée à Palerme, j’avais pour unique contact mon coordinateur. J’ai donc pris rendez-vous avec lui. C’était une personne très sympathique qui s’est toujours montrée disponible pour aider les quelques étudiants Erasmus qu’il avait sous son aile. Ça n’a pas été le cas de tous les étudiants étrangers; certains coordinateurs ne s’occupaient en rien de leurs étudiants, ils les envoyaient chez leurs assistants qui n’étaient pas formés pour ça.
Ensuite, il m’a fallu me rendre à l’office des relations internationales qui ne se trouve en rien dans la zone universitaire de la ville. Après l’avoir enfin trouvé, on m’y a fourni des informations sur la ville et l’université. Ce qui m’a beaucoup aidé à rencontrer d’autres étudiants Erasmus fut l’organisation ESN (Erasmus Student Network). Ce sont des universitaires locaux qui ont en général entrepris une année académique à l’étranger précédemment. Ils te font visiter la ville, t’expliquent comment acquérir un numéro de téléphone mobile, organisent des rencontres, des voyages, des visites et le plus important: ils t’aident à trouver un logement si tu n’en as pas encore. Beaucoup d’étudiants Erasmus sont arrivés sans avoir réservé une chambre auparavant.
Concernant l’université en elle-même, il y a trois campus différents. J'ai fréquenté des cours dans chacun d'eux. Il faut compter environ 20 minutes à pied pour passer de l’un à l’autre. Les cours et stages qui y sont proposés m’ont beaucoup intéressés: en Suisse, je n’ai pas pu suivre d’études de biologie marine, ce que j’ai pu faire là-bas; j’ai d’ailleurs eu l’opportunité de passer mon brevet de plongée sous-marine par le biais de l’université. La manière de donner un cours n’est pas différente de la nôtre. Par contre, les examens oraux se font de manière ouverte. On les passe face à un professeur avec le reste des étudiants de la session derrière soi. Cela peut paraître stressant mais on s’y habitue. Certains professeurs ne donnent pas leur cours Power Point aux étudiants et recommandent des livres (parfois en anglais uniquement). Il existe néanmoins des «magasins» spécialisés dans la vente de copie des livres ou articles en question pour un prix très abordable.
N’ayant pas eu accès au portail internet de l’université, je ne pouvais pas m’inscrire aux examens. Pour ce faire, je devais informer les professeurs de manière orale ou écrite.
Le stress n’existe pas, mais cela est moins réjouissant qu’il n’y parait. Il n’y a pas d’horaires de bus. Arriver en retard en cours est presque normal. Aussi fou que cela puisse paraître, il faut également subir le retard perpétuel des professeurs. Il m’est arrivé plusieurs fois que des enseignants aient deux heures de retard, même pour se présenter à un examen. Si on regarde la situation d’un côté positif, on peut déclarer qu’on apprend au moins à patienter. C’est également l’occasion de faire connaissance avec nos collègues étudiants qui sont en général des personnes très ouvertes, s’intéressant à toi et prêtes à t’aider même si elles ne vous connaissent pas. On parle souvent du côté «famille» des Siciliens, c’en est une illustration parfaite.
En ce qui concerne l’organisation, à tous points de vue, je dois avouer qu’il faut la chercher pour la trouver: les informations ne passent pas, personne ne sait s’il y a cours ou pas. Les étudiants restent pourtant dans la salle puisqu’on ne sait pas si le professeur est simplement en retard ou s’il ne viendra pas. On se déplace alors jusqu’au secrétariat pour avoir de plus amples informations sur cette incessante attente pour qu’on vous déclare qu’on ignore où notre cher professeur se trouve. On y retourne chaque jour sans succès pour qu’un beau jour on t’apprenne que le professeur en question n’a pas les papiers nécessaires pour enseigner cette matière et qu’elle sera repoussée au semestre prochain, peut-être... Pour les semestres, ils étaient différents, il y en avait 4 dans une année académique (en biologie du moins). Ce qui signifie qu’il y avait une session d’examen tous les 2 mois et demi environ; ce qui n’est pas un mal.
Il faut tout de même relever que malgré l’organisation chaotique de l’université, les enseignants sont incroyablement disponibles et prêts à t’aider, surtout si tu est étranger. Vous avez même la possibilité de passer un examen hors session et de le verbaliser à la session suivante. Un professeur m’a dit lors d’un échec: «Dès que vous vous sentez prêt, contactez-moi et vous passerez l’examen à ce moment-là». Par contre, il ne faut pas croire qu’ils seront forcément plus indulgents au niveau des notations parce que vous êtes en échange.
La vie quotidienne est très différente de ce que nous pouvons trouver en Suisse. Le niveau de vie est plus bas et la plupart des gens sont pauvres malgré certains quartiers un peu plus côtés. La manière de penser et de vivre n’est pas du tout comme la nôtre. Palerme est une grande ville (720'000 habitants environ) avec moult quartiers très différenciés. La zone universitaire se situe dans la vieille ville, où la pauvreté se fait sentir, les bâtiments sont ruinés, d’ailleurs l’immeuble où je vivais porte encore les impacts de balles de la Deuxième Guerre mondiale... Les rues semblent mal famées même si elles ne le sont pas. Au début, on a peur de sortir le soir mais on se rend vite compte qu’il n’y a pas de problème. Je me suis toujours senti en sécurité, je n’ai jamais eu de problème d’agression ou de vol. La vie est peu coûteuse, on apprend vite à ne plus se faire arnaquer à chaque fois qu’on achète des fruits au marché. La nourriture est exquise, avec leurs spécialités typiquement siciliennes. Les gens parlent italien, ils connaissent le sicilien mais ne le pratiquent pas souvent, surtout ceux de ma génération.
Malgré tous les inconvénients cités, je dois admettre que cette expérience a été très enrichissante et m’a beaucoup apporté. Si c’était à refaire je repartirais sans aucune hésitation. Il faut néanmoins être débrouillard pour parvenir à vivre comme il faut dans cette ville.